Nouveau réalisme, Niki de Saint-Phalle, sculpture, femme, corps féminin, male gaze, art engagé, féminisme, female gaze
« Je compris très tôt que les hommes avaient le pouvoir et ce pouvoir, je le voulais. Je n'accepterais pas les limites que ma mère tentait d'imposer à ma vie parce que j'étais une femme. Ma mère, je la voyais comme prisonnière d'un rôle imposé. Un rôle qui se transmettait de génération en génération selon une longue tradition jamais remise en question ». Dans cette citation tirée d'une lettre de Niki de Saint Phalle à son ami Pontus Hulten (1991), elle affirme vouloir rompre avec la tradition qui impose un rôle prédéfini aux femmes. Effectivement, elles sont considérées comme inférieures aux hommes ou du moins, dotées de droits réduits par rapport à eux.
[...] Nous rappelons que Niki est originaire des Etats-Unis et donc ce combat, elle y prend part de façon très engagée et c'est ce qu'il lui vaudra le succès de ses Black Venus. Toutefois l'objectif est toujours le même que pour les Nanas, offrir une alternative à la représentation de la féminité mais en y ajoutant le caractère critique des stéréotypes raciaux. C'est ainsi que à la place de simplement dénoncer les représentations patriarcales, Niki de Saint-Phalle réinvente les codes esthétiques de représentations des corps féminins de son point de vue de femme artiste. [...]
[...] On peut peut-être interpréter la multitude de services présents au sein même de la sculpture comme étant représentatifs du fait que le corps féminin a beaucoup plus à offrir que ce que la société patriarcale lui permet d'offrir10. Le corps féminin peut être perçu comme un lieu rempli de vie, par la présence des spectateurs qui le pénètrent et le traversent11. Ce dernier est aussi créatif par toutes les animations qu'il propose mais aussi par son image, colorée et à motifs Parmi le travail monumental de Niki pour la cause des femmes, il paraît judicieux de s'intéresser aussi à l'idée de sculptures habitables dans le Jardin des Tarots, en Toscane (Italie). [...]
[...] On dit d'elle qu'elle est la "femme dont tous les hommes rêvent, et sur laquelle ils fantasment"3. Ce passage démontre bien comment le regard masculin pèse sur les représentations féminines mais aussi sur leur façon d'être. Pour gravir les échelons dans sa carrière d'actrice Rita, s'est forgé cette image de pin-up en correspondant à ses codes visuels et cela a grandement fonctionné. Ce que Mulvey veut faire comprendre par son écrit c'est que le regard masculin véhiculé à travers les films, les publicités ou les représentations, impacte considérablement l'imaginaire de la société. [...]
[...] Elle dit, "en 1961, j'ai tiré sur : papa, tous les hommes, les importants, les gros, mon frère, la société"6. Cette phrase expose toute sa pensée et son engagement pour les femmes ainsi que son propre combat. Les Nanas : célébration du corps féminin libre Niki se révolte donc contre le mâle gaze grâce à son art qui lui sert d'arme. Nous avons déjà abordé les Tirs, qui critiquent de façon agressive un système oppressif. Nous allons maintenant nous concentrer sur ses Nanas, oeuvres cruciales de sa carrière. [...]
[...] Cette dernière-née en 1930, en France, après que sa famille ait fui les Etats Unis en raison du krach économique de 1929. Elle vit une enfance compliquée dans une famille bourgeoise, due aux violences sexuelles subies par son propre père. Après une forte dépression, elle trouve dans l'art un exutoire, une thérapie. C'est dans les années 1960, qu'elle se fait connaître avec sa performance artistique les Tirs2. Niki se met en scène, en tirant à la carabine sur des poches remplis de peinture coloré, pour dénoncer les violences patriarcales. Elle veut une "société matriarcale", une supériorité de la femme à l'homme. [...]
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