Dans cette analyse complète et entièrement rédigée autour des thèmes du portrait et de l'autoportrait, nous avons choisis d'étudier deux œuvres qui nous ont servi d'exemples de comparaison, non pour parcourir l'étendu du sujet dans sa complexité, mais plutôt pour en apprécier certains aspects particuliers. Il s'agit d'une œuvre de Van Gogh, "Les mangeurs de pomme de terre" (1885), et de Pat Steir, "Self-Portrait" (1987-2018).
[...] Notre étude a permis de mettre en évidence la complexité de l'art autour du thème du portrait. Elle a su défaire les puzzles esthétiques créés par deux artistes, dont la préoccupation artistique tend à joindre constructions formelle et méditative. Par cette recherche d'équilibre dans l'instabilité, l'art paraît vivant, d'abord parce qu'il fait vivre l'identité de son auteur à travers des représentations masquées, puis car il évolue de façon autonome et individuelle en fonction des identités sensibles de chaque être de la réception. Des œuvres qui sont bien au-delà de leur apparence. [...]
[...] Ce sont des paysans, mangeurs de pommes de terre, fruit de leur travail. Ils sont simples comme leurs tons gris et ressemblent à la terre qu'ils produisent. A l'époque de l'industrialisation et des exodes rurales, le visage de l'autre est celui qui travaille différemment de la tendance, celle des citadins. Pourtant, le gris rappelle l'ambiance grisâtre du ciel de plomb du Nord d'origine de Van Gogh. La paysannerie évoque également la campagne profonde hollandaise. Van Gogh était pourtant habitué à peindre d'une palette vive et riche, dans le sud de la France. [...]
[...] Pourtant, plusieurs caractéristiques formelles en parallèles suscitent une analogie d'abord stylistique, puis conceptuelle, et dont l'objectif est moins de démontrer une quelconque influence de l'une sur l'autre que de comprendre les effets de mêmes procédés. La première analogie entre les deux œuvres concerne leur composition à la fois unitaire et plurielle. En effet, Van Gogh et Steir ont imaginé pour un unique thème plusieurs tableaux singuliers, partie intégrante d'un ensemble. Van Gogh a ainsi créé de nombreuses œuvres d'une série -renforcer par l'usage de la lithographie, pour parfaire son art dans la durée. Steir a construit progressivement son installation de l'autoportrait sur un long terme. [...]
[...] Les palettes démontrent de nouveau des similitudes. Elles sont faîtes essentiellement de couleurs cassées, de blancs francs, de gris et de noir. Si les figures de Van Gogh témoignent d'une recherche de perfection dans leurs traits de paysans et dans leurs carnations - en écho avec celles de leurs pommes de terre, l'art de Steir met parfois en évidence l'emploi de grandes minuties (exemple : études des oreilles et des yeux, en grand format) - quand il évoque l'influence des artistes des siècles passés - et l'usage d'un langage minimal abstrait. [...]
[...] Il s'agit de véritables études. Cependant, la touche vive et rapide suggère la spontanéité du geste de Van Gogh. La facture grasse et ses détails travaillés rappellent, au contraire, les multiples passages du pinceau cherchant à dominer la matière. Van Gogh contrôle bien son art, tout en lui offrant un aspect vivant. Pluralité, temporalité, hétérogénéité, constance et inconstance, uni-tonalité, tels sont ainsi les traits communs aux portraits de Van Gogh et à l'autoportrait de Steir Analyse conceptuelle. Après notre étude analogique, il convient d'en justifier le sens profond. [...]
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