Oncle Vania, mise en scène d'Éric Lacascade, compte-rendu de lecture, L'Analyse des spectacles, Patrice Pavis, Anton Tchekhov, représentation théâtrale, condition humaine, tsarisme, tromperie des apparences, cellule familiale, bourgeoisie russe, jeu corporel, rhétorique, psychanalytique
Oncle Vania est une pièce d'Anton Tchekhov de 1897. L'auteur écrit sa pièce alors que la Russie est en plein régime tsariste de Nicolas II (qui succède à Alexandre III) le pays est alors en pleine industrialisation. Le personnage principal, Vania, vit à la campagne à la propriété familiale lorsque l'arrivée de son beau-frère et l'épouse de ce dernier créent une série d'événements qui bouleversent son quotidien. La mise en scène dont nous ferons une analyse sera celle d'Éric Lacascade (d'après la traduction d'André Markowicz et Françoise Morvan) présenté lors de la saison 2014-2015 au Théâtre National de Bretagne.
L'analyse des spectacles de Patrice Pavis (professeur à l'université de Paris-VIII) édité en 1996 est un livre théorique sur le théâtre et plus précisément axé sur la représentation. Le contenu est scindé en différents chapitres indépendants les uns des autres. J'ai choisi de présenter le chapitre sur l'acteur (chapitre un de la seconde partie) et celui sur l'approche psychologique et psychanalytique (chapitre un de la troisième partie).
[...] Ainsi la mise en scène se fait le reflet de la condition humaine. Elle utilise en particulier les acteurs qui s'enlacent, qui se tirent dessus, qui se hurlent dessus et enfin qui s'aiment. C'est en somme toute l'histoire de l'humanité condensée en 2h qu'Éric Lacascade nous propose de vivre. Il serait assez cohérent de considérer cette pièce et cette vision de l'Homme comme une description pessimiste de la condition de ce dernier. Néanmoins, le spectacle se termine par le dernier monologue de Sonia qui nous dit « Il faut vivre », il faut faire avec et garder espoir qu'un jour nous serons heureux. [...]
[...] Une façon de dire le texte généralement familier, mais qui peut s'exalter dans de longues tirades ou des monologues de grandes éloquences, qui, avec les silences, les apartés, montrent l'emprisonnement de chacun dans ses frayeurs intimes. Les failles des personnages sont ainsi hautement exploitées par les acteurs qui jouent généralement ces moments de fragilités de manière frontale, directement adressés au public, une manière de nous prendre à témoin. Nous parlions précédemment de l'acte II où les êtres se livrent, ne se cachent plus derrière les faux-semblants et des convenances, la tension est à son comble. On le constate dans ce changement de registre de jeu, ou de la lumière. [...]
[...] Ces transports inavoués engendrent de la frustration et de la souffrance pour les personnages . Mais ils sont aussi inavouables. On se rend compte au fil de la pièce qu'une règle est en vigueur dans cette famille type de la bourgeoisie du XIXe siècle en Russie, le respect du statu quo, cause directe de ces non-dits. Ces passions des différents personnages sont inexprimables, causent d'une séquestration régie par les règles du statu quo. Statu quo vient de la locution latine « in statu quo ante » signifiant littéralement : « en l'état où (cela était) auparavant », exprimant ainsi des règles fixes d'identité au sein d'un groupe, par exemple. [...]
[...] On ressent ce besoin de « cracher » la vérité, d'exploser comme les coups du revolver qu'on entendra juste avant ces différents aveux. En bref, tout nous fait comprendre que la famille implose. Ces rancœurs renvoient à une autre sous thématique de la condition humaine selon Tchekhov : la frustration des passions inavouées. II. Les passions inavouées, séquestrées par les règles du statu quo Oncle Vania est une pièce qui nous dépeint une famille aux chassés-croisés sentimentaux multiples et surtout inavoués. Les passions, qu'elles soient de natures amoureuses, colériques ou fraternelles sont dissimulés par les rancœurs des personnages. [...]
[...] Oncle Vania (mise en scène d'Eric Lacascade, 2014) suivi du compte-rendu de lecture L'Analyse des spectacles (Patrice Pavis, 1996) Atelier du spectateur (Crédit photo : Brigitte Enquerand) Introduction Oncle Vania est une pièce d'Anton Tchekhov de 1897. L'auteur écrit sa pièce alors que la Russie est en plein régime tsariste de Nicolas II (qui succède à Alexandre III) le pays est alors en pleine industrialisation. Le personnage principal, Vania, vit à la campagne à la propriété familiale lorsque l'arrivée de son beau-frère et l'épouse de ce dernier créent une série d'événements qui bouleversent son quotidien. [...]
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