Marcel Duchamp visitant en 1912 une exposition de technologie aéronautique aurait déclaré à Fernand Léger et Constantin Brancusi: “La peinture est morte. Qui pourra faire mieux que cette hélice ? Dis-moi, tu en serais capable toi ?”.
Pour l'historien de l'art Janis Mink, cette déclaration illustre bien le dilemme de l'artiste visuel confronté aux réalisations d'une ère industrielle en plein essor.
En effet, pendant ces quelques années qui précèdent la première guerre mondiale, l'univers de la création artistique semble être à bout de souffle. L'élite rêve de régler une fois pour toutes ses comptes avec un monde qu'elle jugeait condamné. La guerre serait alors pour tous la tabula rasa des valeurs qui permettrait de créer un homme neuf. Une rage de détruire ce que la civilisation avait produit de plus raffiné, de plus subtil, de plus intelligent, mais aussi de détruire ce monde où se célébrait, en 1900, le triomphe du progrès scientifique et du socialisme humanitaire, fut partagée par les artistes et les intellectuels autant que par les terroristes de tous bords.
Au cours d'un colloque organisé le 19 octobre 1961 par William C. Seitz au Musée d'Art Moderne de New-York, Marcel Duchamp revient après plus de quarante-cinq ans, sur la création de ses ready-made et de son cheminement créatif dont le texte en est la transcription.
Afin de tirer partie de ce texte, notre analyse se basera sur la question suivante : en quoi les ready-made de Duchamp bouleversèrent la notion d'œuvre d'art et le statut d'artiste au XXe siècle?
[...] La guerre serait alors pour tous la tabula rasa des valeurs qui permettrait de créer un homme neuf. Une rage de détruire ce que la civilisation avait produit de plus raffiné, de plus subtil, de plus intelligent, mais aussi de détruire ce monde où se célébrait, en 1900, le triomphe du progrès scientifique et du socialisme humanitaire, fut partagée par les artistes et les intellectuels autant que par les terroristes de tous bords. Au cours d'un colloque organisé le 19 octobre 1961 par William C. [...]
[...] Le jeu de mots effectué à partir du nom du poète utilise une caractéristique linguistique qu'affectionnait Duchamp : les mots peuvent se prononcer de manière identique tout en ayant des orthographes et des sens différents. Le jeu de mots le plus célèbre formé de la sorte par Duchamp est l'inscription apposée au bas d'une reproduction de la Joconde affublée d'une moustache. Prononcée à haute voix, cette suite de lettres “L.H.O.O.Q”, prend un sens scabreux, puisqu'elle se lit de la même façon que la phrase “elle a chaud au cul”. On pourrait citer de nombreux autres exemples illustrant la fécondité de Duchamp dans le domaine verbal. [...]
[...] Pour lui, une telle activité est dépourvue d'esprit interdisait toute possibilité d'innovation artistique. Il évita donc soigneusement cette pratique, selon une autodiscipline qu'il s'imposait : “Très tôt je me rendis compte du danger qu'il pouvait y avoir à resservir sans discrimination cette forme d'expression et je décidai de limiter la production des ready-mades à un petit nombre chaque année”. Nous pouvons montrer que les tentatives successives de Duchamp pour éviter la répétition l'ont conduit à une pratique artistique constante, établissant une dualité d'opposition qu'il s'efforçait systématiquement de réconcilier. [...]
[...] La portée intellectuelle du ready-made 1. Les mots du ready-made Duchamp affirmait que son but était de remettre l'art au service de l'esprit, de l'affranchir des préoccupations d'ordre purement visuel. Selon lui, il fallait ramener les arts plastiques dans l'orbite de l'imagination littéraire. Il recherche avant tout le non-sens et le principe de l'indifférence occupait la place centrale de sa philosophie. Cette attitude délibérée visait à lui éviter toute forme d'expression personnelle, toute prise de position : Duchamp pouvait alors s'adonner avec détachement à l'art de la spéculation philosophique, une spéculation peu orthodoxe et souvent amusante. [...]
[...] L'auteur dégage quatre conditions: a besoin d'un référant, que se soit l'objet pourvu, qu'il soit invariant d'une occurrence à l'autre de l'énoncé, en résumé, choisir l'objet puis il faut un auteur, un énonciateur qui prononce cette phrase la première fois. Il faut également un récepteur, un destinataire afin de l'entendre et la répéter et enfin un espace permettant à la phrase d'être enregistrée et intitulée, c'est-à-dire une institution hoc”. L'institution joue un rôle essentiel dans l'élaboration du système de pensée chez Marcel Duchamp. L'institution, comme le souligne Thierry de Duve, est une des quatre conditions de l'énoncé : Ceci est de l'art qualifiant les ready-made. [...]
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