Commentaire d'œuvres sur Maisons à l'Estaque de Georges Braque, peinte en 1908.
Développement de la problématique suivante : Dans quelle mesure l'œuvre Maisons à l'Estaque de Georges Braque marque-t-elle un tournant dans le traitement des volumes, des espaces et des rythmes, déroutant le regardeur du début du XXème siècle ?
[...] Chaque maison semble appartenir à sa propre temporalité et à son propre espace malgré sa proximité avec les autres. Cependant, le choix des couleurs suggère une homogénéité et une unité. Les maisons sont toutes dans les mêmes tons orangés et bruns. Des feuillages viennent parfois les séparer et les différencier. Néanmoins, certaines maisons se confondent entre elles par leurs contours peu marqués. La répartition des couleurs et le traitement de la lumière fonctionnent donc ensemble pour perturber le regardeur et le pousser à une observation active de l'œuvre. [...]
[...] Malgré tout, une certaine stabilité est apportée par les lignes dans Maisons à l'Estaque. En effet, l'impression de mouvement et d'agitation est appuyée par la déroute du regardeur que nous avons précédemment expliquée. Ainsi l'agitation de la rétine, stimulée par un traitement inhabituel des volumes et des espaces, exacerbe le dynamisme de la composition. Le mouvement dynamique exacerbe lui aussi l'agitation de la rétine. Les deux éléments sont donc interdépendants. Après une plus longue observation, le regardeur habitue et calme son regard : il n'est plus en déroute. [...]
[...] De surcroit, la sensation de mouvement au sein de l'œuvre est augmentée par les lignes strictes qui se croisent et s'enchevêtrent. Les arrêtes brutes des maisons prennent des directions différentes et ne mènent à rien de particulier. Cela crée une sorte d'agitation générale. Les lignes et les contours strictes des maisons sont contrarié par les contours courbes des feuillages. Cette opposition installe une sorte de conflit interne à l'œuvre. Les lignes suggèrent un dynamisme agité. Celui-ci est exacerbé par le cadrage choisi par Braque. Le cadrage est resserré sur les maisons, n'offrant aucune possibilité à l'œil de s'échapper. [...]
[...] Maisons à l'Estaque est une œuvre particulièrement déroutante par sa frontalisation et par la présence de nombreux points de vue différents. Le regardeur est d'abord frappé par l'agitation qui émane de cette scène jusqu'à ce que son regard comprenne mieux l'œuvre et s'y habitue. L'œuvre s'offre donc entièrement après une longue observation, à partir du moment ou le regardeur n'est plus en déroute. Braque utilise le sujet des maisons comme prétexte pour effectuer un travail novateur sur les volumes et les espaces. Le véritable sujet est finalement l'étude des volumes et de leur effet sur le regardeur. [...]
[...] Dans un deuxième temps, nous verrons que Maisons à l'Estaque propose une scène dynamique et mouvementée. Pour commencer, Braque met en place un traitement des volumes et des espaces novateur et déroutant pour le regardeur. Tout d'abord, le regardeur est frappé dès la première vue de l'œuvre par sa frontalisation. Cette frontalisation est dérangeante puisqu'elle bouscule les repères et les habitudes visuelles du regardeur. C'est au regardeur de déduire et de comprendre l'agencement des éléments : il est entrainé dans une observation active de l'œuvre. [...]
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