L'image et la mort : lien important dans la mesure où l'image nous permet de comprendre la place que tenait la mort dans la société du temps mais, aussi et surtout, de comprendre comment les hommes prenaient en main leur destinée après leur mort.
En effet, tombeaux et iconographie sont ici riches de sens. Nous disposons de deux tombeaux :
1. Le premier est celui de Marcus Vergilius Eurysacès, sans doute un affranchi qui s'était enrichi durant les périodes de guerres civiles.
Lieu de provenance et date de découverte : le monument fut découvert en 1838, lors de travaux de démolition, près de la porta Maggiore (au niveau de l'enceinte d'Aurélien), à la bifurcation de la via Labicana et de la via Praenestina, dans le quartier de l'Esquilin.
Lieu de conservation : son état de conservation n'est pas parfait, car le sommet et un de ses côtés, celui donnant sur la rue, ont disparu. Mais quelques morceaux du tombeau sont conservés, notamment le relief en marbre du flanc Est, conservé au Nouveau Musée du Capitole à Rome.
Rapide description de la structure du tombeau : il s'agit d'un tombeau à édicule sur podium dont la structure est très simple. On a trois éléments massifs superposés :
-un soubassement
-un haut podium
-un édicule en forme de naïskos
Date de construction du tombeau : grâce aux matériaux utilisés et aux éléments archéologiques et stylistiques, on peut dater le tombeau de l'époque augustéenne, vers 30 avt JC, c'est-à-dire à une époque de transition entre la fin de la République et le début de l'époque impériale ; époque dans laquelle les problèmes de l'individu et de la masse, du patriarcat et de la plèbe étaient particulièrement brûlants.
Contexte : les élites romaines professaient un dédain pour toute activité salariée et estimaient que l'artisan accomplit un travail vil et indigne d'un homme libre. (...)
[...] L'inscription nous renseigne donc sur : - le propriétaire : sans doute un affranchi, comme le laisse penser son cognomen (surnom) à tendance grecque, qui était donné aux esclaves par leur maître. - son statut social : on apprend qu'Eurysacès est : boulanger : ceci se confirmant par le décor de la frise. redempteur : ce terme désigne un adjudicataire de marchés publics, qui avait un rôle dans le ravitaillement des armées et dans la distribution au peuple. Eurysacès devait être le fournisseur officiel de pain. [...]
[...] L'étude de ces deux tombeaux nous montre donc que la mise en place de tels édifices impliquait une fortune considérable. Ce sont donc de riches tombeaux. Ce dernier point se retrouvant également à travers la représentation du statut social sur les tombeaux. II.Statut social : élément important de l'iconographie des tombeaux. En effet, on peut remarquer que la représentation du statut social est l'objet des deux tombeaux. 1.Représentation de la profession et affirmation de son statut social dans la postérité : Le tombeau d'Eurysacès en est ici témoin. [...]
[...] L'idée est de suggérer par ces empilements l'importance de l'entreprise d'Eurysacès. Le décor de la frise : illustre les différentes phases de la fabrication du pain. la frise du flanc sud illustre la meunerie : avec la pesée du grain, la mouture du grain et le tamisage de la farine. Les scènes se déroulent de droite à gauche. Le travail est fait par des esclaves, reconnus à leur tunique, surveillés par un homme en toge qui est sûrement Eurysacès en personne. à l'extrême droite nous avons des hommes en toge. [...]
[...] Ils sont également la preuve d'une évolution dans la représentation de la mort. Cependant, même si ces tombeaux témoignent d'une conception divergente sur la destinée post-mortem, il n'en reste pas moins qu'ils expriment la volonté d'une survie après la mort : que ce soit à travers le monde des vivants (comme en témoigne le tombeau d'Eurysacès) ou à travers l'accès d'une vie dans l'au-delà ( comme le montre l'iconographie du relief des Haterii). Mais l'originalité de ces deux tombeaux les préserve ainsi à jamais de l'oubli. [...]
[...] Le nombre d'esclaves et de paniers à pains doit chercher à montrer l'importance de l'entreprise d'Eurysacès. Urne de sa femme Atistia, retrouvée dans le tombeau fait également référence au statut social d'Eurysacès. Les cendres de sa femme reposent dans une urne en forme de panarium, terme qui désigne une corbeille à pain ! En plus de cette représentation du statut social, on voit ici qu'Eurysacès veut apparaître comme un notable. Il veut ainsi montrer son ascension sociale. Ceci se voit par le relief de marbre sur le flanc Est. [...]
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