A la fin du XIXème siècle, l'artiste belge Jean Delville a pris part au symbolisme tant par ses écrits que par ses œuvres picturales. Ce mouvement fut d'abord littéraire puis s'étendit à toute forme d'art. De même, si ses premières manifestations furent belges, ce courant gagna rapidement toute l'Europe ainsi que l'Amérique. Les symbolistes rejetaient l'importance que la société accordait au monde matériel et à la satisfaction que lui procurait celui-ci. Ainsi, ils se refusèrent à une simple représentation de la réalité pour peupler leurs œuvres d'une multitude de symboles évoquant l'imagination, le rêve, le mysticisme et l'ésotérisme. Ce portrait de Madame Stuart Merrill fut exposé à Paris au premier Salon de la Rose + Croix en 1892. Le Sâr Péladan un membre important de la secte de la Rose + Croix dont Delville était le disciple en fut l'organisateur.
Comment le symbolisme, l'occultisme et les croyances ésotériques de Delville émanent-ils, tant formellement qu'iconographiquement, dans le portrait de Madame Stuart Merrill, afin d'en faire une sorte d' « œuvre totale » ?
Dans un premier temps, nous analyserons la composition particulière de l'œuvre ainsi que les moyens utilisés par Delville pour la réaliser. Ensuite, nous étudierons les différents niveaux d'interprétations possibles.
[...] Cette représentation s'inspire plutôt des croyances moyenâgeuses comme c'est courant dans le mouvement symboliste. Un second degré de lecture est visible dans ce dessin. Le triangle pointé vers le bas symbolise la femme et l'eau tandis que celui pointé vers le haut représente l'homme et le feu. Quand on s'intéresse à la composition, on remarque qu'ils sont placés sur le même axe de symétrie ce qui renforce l'impression de dualité. Pourtant, il semble que la femme domine. En effet, le triangle qui la représente est incarné dans le visage même de Madame Merrill, tandis qu'au contraire, l'homme est juste évoqué par le triangle du livre. [...]
[...] Ceci est très visible quand on étudie le fond de l'œuvre : il varie du orangée au bleu gris. Le dessin comporte deux plans. Le premier est composé du personnage avec son livre. Le second est constitué du fond : un dégradé de couleurs brumeuses, comme nous l'avons évoqué ci-dessus. Cela attire le regard du spectateur sur le premier plan et met ainsi en valeur Madame Merrill. De plus, aucune indication de lieu ne nous aide à deviner où l'action se déroule. [...]
[...] Ce portrait de Madame Stuart Merrill fut exposé à Paris au premier Salon de la Rose + Croix en 1892. Le Sâr Péladan un membre important de la secte de la Rose + Croix dont Delville était le disciple en fut l'organisateur. Comment le symbolisme, l'occultisme et les croyances ésotériques de Delville émanent-ils, tant formellement qu'iconographiquement, dans le portrait de Madame Stuart Merrill, afin d'en faire une sorte d' œuvre totale ? Dans un premier temps, nous analyserons la composition particulière de l'œuvre ainsi que les moyens utilisés par Delville pour la réaliser. [...]
[...] Cette interprétation est à rapprocher de la place plus qu'importante de la femme dans les oeuvres symbolistes. Enfin, nous avons décelé un dernier niveau de lecture dans cette œuvre. Celui-ci n'est accessible que pour un public quelque peu initié à l'ésotérisme. Cette discipline accorde tout d'abord un grand intérêt aux mathématiques ce qui pourrait expliquer que l'artiste est choisi une composition aussi géométrique. De plus, le triangle équilatéral, gravé sur la couverture du livre, est le symbole par excellence du chiffre trois. [...]
[...] Benoist, L'ésotérisme, Que sais-je ? n°1031, Paris, Presse universitaire de France J. Chevalier, H. Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Paris, Robert Lafont/Jupiter S. [...]
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