Le nom d'Hayao Miyazaki émerge alors et, pendant une quarantaine d'années, il va occuper une place particulière au sein de l'univers de l'Anime japonaise, proposant des films d'une rare qualité, séduisant un public adulte en l'attirant dans un univers jusque-là rattaché au monde de l'enfance. Le voyage de Chihiro (2001) obtient l'Ours d'or à Berlin et l'Oscar du meilleur film étranger la même année. Avant cela, Laputa, le château dans le ciel (Tenku no shiro no Ryaputa) en 1986, est le 3è long-métrage de Miyazaki, après le château de Cagliostro (1979) et Nausicaa de la vallée du vent (1984).
[...] Dans les films de Miyazaki, nous retrouvons une constante : l'individu seul ne peut rien pour l'amener vers le succès dans sa quête. Même si cette dernière est personnelle, et c'est bien le cas ici, Sheeta et Pazu ne sont pas animés par des objectifs identiques, il leur faut tout de même s'associer pour les atteindre. Au total, l'auteur aura écrit pas moins de 14 récits différents et, à chaque fois, nous trouvons la même combinaison : une rencontre fortuite qui pousse à une alliance. [...]
[...] Le regard sur l'homme en lui-même est toujours positif. Globalement, à l'état de nature, l'Homme est bon, tourné vers le respect de soi-même et des autres, car cela profite à la préservation de ses intérêts. C'est à ce titre que les communautés réduites, nous pensons à celle des mineurs ou bien à la microsociété des pirates, qui se présente davantage comme une famille élargie qu'une société par ailleurs, ne sont pas animées par les maux qui touchent les groupes humains plus larges, où certains maux viennent remettre en cause l'harmonie et le vivre-ensemble: la jalousie, la haine, la corruption. [...]
[...] Pourtant, le schéma du monomythe n'est pas toujours respecté à la lettre chez Miyazaki. Dans le château dans le ciel, tout comme dans d'autres de ses œuvres comme Le château ambulant, Kiki la petite sorcière, le voyage de Chihiro, et d'autres, le récit s'achève sur l'idée d'une ouverture vers un indéterminé. Ce nouveau départ est l'occasion pour l'auteur de souligner l'importance qu'il accorde à l'idée de liberté et d'équilibre. Plus que cela, c'est aussi la possibilité de faire résonner la spiritualité de Miyazaki, un homme partagé entre ses racines japonaises et le christianisme, très présent au Japon avec la compagnie de Jésus qui a œuvré pour l'évangélisation du pays. [...]
[...] Est-ce un monde fermé ? Non, il est le dernier maillon d'un monde industriel plus vaste dont il ne se préoccupe pas. Seule la question de la surexploitation de la ressource est évoquée, principale menace à l'encontre de la communauté. Miyazaki entretient un rapport complexe avec l'idée de civilisation. Sa culture japonaise le rend sensible à l'idée du « mujo », un terme issu du bouddhisme, qui désigne « l'impermanence de toute chose ». En somme, les civilisations sont mortelles, elles procèdent comme pout toute chose : vivre, croître et mourir, c'est obéir à une loi naturelle. [...]
[...] Tem et Pazu sont tous les deux débrouillards, autonomes, malgré leur jeune âge. Ils vivent en solitaire et ils sont, même s'il y a des exceptions à cette idée (Conan), bien intégrés socialement, reconnus et appréciés au sein de leur communauté. Pazu est conscient de ses responsabilités, celles-ci se focalisent autour de la nécessité de protection, une thématique centrale en ce qui concerne les personnages masculins. C'est de toute évidence un paramètre qui replace l'œuvre de Miyazaki dans la logique de son temps : Pazu, comme tous les autres, se donne toujours pour mission de protéger celle qu'il aime. [...]
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