Bande dessinée et iconotexte - publié le 17/09/2023

Thèmes abordés

Bande dessinée, iconotexte, formes d'imprimés, texte, image, réalités croisées, capacités expressives, dessin, narration, réalité sociale, dessinateur, topologie textuelle

Résumé du document

« On appelle « iconotextes » toutes les formes d'imprimés qui mêlent le texte et l'image (sans s'interdire de prendre en compte d'une part leurs rencontres manuscrites, et d'autres parts leurs hybridations numériques) », écrit Cécile Boulaire. Le texte, d'une part, génère des images traduites mentalement ; d'autre part, les images suscitent des mots. Une unité indissoluble se forme alors. Comme l'explique Alain Montandon, « c'est une oeuvre dans laquelle l'écriture et l'élément plastique se donnent une totalité insécable [provocant] des glissements plus ou moins conscients, plus ou moins voulus, plus ou moins aléatoires dans l'effort d'accommodation de l'oeil et de l'esprit a deux réalités à la fois semblables et hétérogènes. »

Extraits

[...] On peut dès lors parler d'une matérialité qui lui est spécifique ; le papier devient un pôle de résistance, de rupture et de ralliement à l'intérieur même de son support. La lecture est active, comme le démontre Chris Ware : il explique qu'à la différence du cinéma où le spectateur est passif, la bande dessinée permet au lecteur de s'investir dans la construction même de son sens. Il précise que lire une BD est similaire à la lecture d'une partition, et que c'est le rôle du lecteur de faire jaillir la musique de cette partition. [...]

[...] » Un canal créatif et réceptif La bande dessinée représente le monde et est une ouverture sur le monde, une fenêtre sur une autre réalité, sur un autre imaginaire. Canal de création et de réception, elle fait office de médiateur au niveau sociétal de par ses capacités expressives dynamiques : en effet, la bande dessinée offre le dessin et la narration à travers ses propres codes que le lecteur doit déchiffrer pour pénétrer sa surface. En outre, la bd nourrit et enrichit le lien social : elle relie les individus les uns aux autres, notamment dans le cadre de l'apprentissage où l'espace de construction du vivre ensemble s'accroit au contact d'un nouvel outil hybride. [...]

[...] Le fils de Peyo, le dessinateur des Schtroumpfs, a lui même dit : « pour moi, les Schtroumpfs, c'est un petit peuple magique qui nous ressemble étrangement. Cela m'amuse de prendre un fait de société et de le transposer dans le monde des Schtroumpfs sous la forme d'une caricature. C'est un thème de base sur lequel il faut écrire une aventure, des rebondissements, etc. » Il est notable que ces conditions d'exploration reposent sur l'idée primordiale que la bande dessinée en tant qu'iconotexte propose des frontières poreuses où la transformation et l'évolution sont reines. [...]

[...] La Ligne claire est à la fois un style graphique (« case »), une mise en page (« planche ») et une forme narrative (« récit »). » Son impact vient de cette cohésion à travers laquelle l'auteur est parvenu à rendre lisible son histoire, condensée entre bulles (aussi appelées phylactères), vivacité du trait, onomatopées et angles de vue. Le passage d'une image à l'autre se fait rapidement et s'accepte dans différents sens (retour en arrière d'une case, saut d'une autre, et ainsi de suite) ce qui offre une continuité et une lecture toujours plus vivante, toujours plus vécue par le lecteur. [...]

[...] Par ailleurs, l'emploi de la page compartimentée avec une variation des cases permet de surprendre la lecture du lecteur là où il se sent en sécurité dans une grille de base et répétitive, il se laissera prendre au jeu lorsque l'ordre des cases changera, offrant par conséquent un décalage, une révolution ; il en est de même avec les bulles et leurs contours qui traduisent des émotions très différentes. De plus, la dimension ajoutée du récit aide à cette logique et enclenche le processus de progression et le rythme narratif, mais également le processus interactionnel, là où le spectateur / lecteur réagit. Le contenu de l'œuvre est ainsi toujours investi et transformé, « singularisé par l'activité fictionnalisante du lecteur. [...]