Analyse de l'oeuvre La toilette d'Esther de Chassériau (XIXème siècle)Description, interprétation et analyse du contexte historique
[...] Chassériau, La Toilette d'Esther Musée du Louvre Huile sur toile, 45x35 cm Contexte historique Rentré d'Italie l'année précédente, Chassériau qui venait de rompre définitivement avec son maître, Ingres, présenta plusieurs œuvres au Salon de 1842 dont ce petit tableau. Il suscita l'incompréhension de la critique qui souligna les qualités de coloriste de l'artiste (à dire vrai surprenantes chez un disciple d'Ingres, parangon de la défense de la primauté du dessin sur la couleur) mais s'émut du climat d'étrangeté qui caractérisait la composition. [...]
[...] Il est remarquable que la représentation sécularisée de la puissance de séduction de la femme tende nettement, chez Chassériau, à prendre le pas sur l'exaltation d'une Esther pieuse et vertueuse (anticipation de la Vierge dans la tradition chrétienne). Cet érotisme provocant, qui brouille la frontière entre peinture de genre et d'histoire, fait d'Esther une sœur des odalisques qui peupleront les compositions tardives du peintre. Le thème biblique n'ouvre pas sur une peinture religieuse mais donne le prétexte à une variation sur l'Orient des odalisques. [...]
[...] Ce climat de préciosité alanguie est amplifié par l'élongation volontaire des proportions (le cou, les bras) et les libertés prises avec l'anatomie qui ne sont pas sans rappeler l'esthétique maniériste durant la Renaissance et, plus près de Chassériau, les fascinantes extravagances et les torsions impossibles d'Ingres. Interprétation Bien avant que Chassériau ne se rende en Algérie en 1846, l'Orient, cet horizon hétéroclite qui alimente alors une part toujours plus substantielle de la création littéraire et figurative occidentale, stimula l'imagination de l'artiste. L'appétit d'exotisme qui sous-tend cet orientalisme rêvé mais non vécu, puisant à toutes les sources (de manière significative, l'Esther du Louvre s'inspire peut-être une Toilette de Vénus de Rubens - coll. [...]
[...] Esther est une femme orientale, une de ces femmes qu'a imaginées Ingres, dont Chassériau fut l'élève, toute en courbes et en arabesques. En effet, La Toilette d'Esther, par sa sensualité et son amour des lignes courbes du corps féminin, rappelle Ingres et ses odalisques. Si Esther est une Orientale, ni les deux personnages qui entourent l'héroïne, ni le ciel à l'arrière-plan, ne le sont. Les étoffes, les objets d'orfèvrerie, l'harmonie colorée qui rehausse l'éclat du corps d'Esther, témoignent de l'admiration de Chassériau pour Delacroix. [...]
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