Analyse de l'oeuvre Scènes des massacres de Scio de Delacroix (XIXème siècle)
Description, interprétation et analyse du contexte historique
Analyse de thèmes orientaliste et romantique
[...] A partir de 1824 des comités de philhellènes se constituent en France, où Charles X se heurte à l'opposition des libéraux, mais aussi des défenseurs de la chrétienté menés par Chateaubriand. L'art y est politisé à l'extrême. Les romantiques attaquent les néoclassiques. Hommes politiques et hommes d'affaires, artistes, intellectuels, bourgeois, aristocrates libéraux - dont Louis-Philippe - passionnés par l'action de Byron à Missolonghi, de Chateaubriand et de Victor Hugo, soutiennent les héritiers de la Grèce antique contre les barbares, les chrétiens contre les musulmans. [...]
[...] Le désordre est comme rendu vivant avec la touche presque floue du peintre. Les corps mis à nu, violentés, et la terre spoliée, desséchée sont peints de la même couleur. De nombreuses zones d'ombres telles que celles au-dessus de la mère allaitant contribuent à mettre en valeur le désarroi présent sur tous les visages. Deux grandes masses se répondent : le groupe des Grecs hagards et meurtris à gauche, le fougueux cavalier Turc à droite, seul rappel immédiat de l'action militaire - des combats se déroulent encore au second plan, dans le vaste paysage coloré. [...]
[...] Il manifeste l'état d'âme de toute l'intelligentsia européenne contemporaine, qui y voit le bien et le mal, la raison et la barbarie confrontés. L'œuvre de Delacroix est une performance technique, une composition pleine d'audace, à rebours des formules traditionnelles. C'est l'exaltation romantique, inspirée par la lecture de Byron, en rupture avec le classicisme : « Ces horribles scènes, rapporte Théophile Gautier, cette couleur violente, cette furie de brosse, soulevaient l'indignation des classiques dont la perruque frémissait [ . ] et enthousiasmaient les jeunes peintres. [...]
[...] C'est en cela que dans un climat encore enclavé dans les idéaux néo-classique que Delacroix devient le représentant du romantisme en peinture. Le ciel emprunté de prime à bord aux paysagistes anglais fait également penser aux tableaux du peintre allemand Friedrich notamment au Moine devant la mer. En effet, ce ciel dénote par sa couleur incertaine un état d'esprit mélancolique. Cet horizon voilé apparaît comme étant un miroir de la tristesse des grecs signifiée par les épais nuages gris qui l'assombrissent. [...]
[...] En effet, la pauvre victime attend une aide qu'elle sait ne jamais venir et c'est de là que vient cette mélancolie. Toutes ces victimes font en quelque sorte le deuil de ce qu'elles n'ont pas. Delacroix se démarque de la peinture d'histoire telle que David ou Gros la concevaient encore: la scène s'articule autour de deux groupes qui s'opposent, l'un à gauche, ramassé sur lui-même, l'autre à droite, subissant la violence du rapt. Il ne montre ni le moment de la bataille ni celui de la victoire, mais les conséquences d'une politique de domination : toute une population réduite en esclavage. [...]
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