Analyse de l'oeuvre Médée furieuse de Delacroix (XIXème siècle)
Description, interprétation et analyse du contexte historique
Analyse de thèmes orientaliste et romantique
[...] L'épisode mythologique de Médée est à la mode au XIXème siècle (par exemple : représentations théâtrales par Le Gouvé, 1854). Delacroix s'est inspiré du mythe lui-même, mais également de nombreuses sources littéraires reprenant ce mythe : Euripide, Sénèque, Corneille ; et de deux opéras : Simone Maryr, et Norma de Vincenzo Bellini, en 1831. Médée est l'épouse du Jason. En guise de revanche lorsqu'elle fut répudiée, elle égorgea ses deux enfants. Delacroix choisit de représenter ce dernier épisode qui constitue l'apogée tragique de l'œuvre. [...]
[...] L'œuvre se situe donc entre tradition et modernité, qui se retrouve dans le style. Les références de Delacroix à la tradition contribuent à donner cette ambigüité au personnage : Rubens, La Vierge entourée des Saints innocents : Delacroix reprend la figure de l'enfant blond La composition est héritée des Madones à l'Enfant des maîtres de la Renaissance, ex : Raphaël, Madone du Belvédère, 1506-1506 La référence à la Vierge, symbole de tendresse, associée à un personnage traditionnellement cruel, contribue à son renouvellement La tension entre modernité et tradition fait écho à la tension intérieure du personnage L'évocation du dilemme inhérent au personnage constitue un thème typiquement romantique Par l'introduction d'un mouvement dans l'œuvre, Médée est représentée en pleine action, avançant dans son destin sans pouvoir l'arrêter. [...]
[...] On peut y voir une influence de Rembrandt (Samson et Delilah, 1628). Entre couleurs : les peaux laiteuses et les cheveux blonds du premier enfant s'opposent à la chevelure noire de Médée et du deuxième enfant, de même la robe rouge s'oppose au vert de la nature, selon un contraste entre couleurs complémentaires. Ces différents contrastes participent de l'effet théâtral de l'œuvre La gamme chromatique est typique de l'œuvre de Delacroix, surtout avec le contraste entre blanc et rouge qui réduit presque le tableau à une bichromie, qu'on trouvait déjà dans La Mort de Sardanapale. [...]
[...] Une dimension tragique révélée par les procédés stylistiques de l'œuvre Le voyage au Maroc de Delacroix en 1832 renouvelle son art de la couleur et de la lumière. Cette œuvre est structurée par des contrastes : Entre ombre et lumière, car le torse de Médée ainsi que celui de ses deux enfants est violemment éclairé par lumière provenant de l'entrée de la grotte, tandis que seule la partie supérieure de sa tête est laissé dans l'ombre, ce qui évoque presque un masque renforçant l'ambiguïté du personnage. [...]
[...] Mais, dans les œuvres de Delacroix, le blanc est également symbole de pureté, et le rouge symbole de passion. De même, le bras peut évoquer à la fois l'affection et l'étranglement Représentation d'un déchirement entre amour et haine, qui évoque Sénèque : « Où va-t-elle, la Ménade ensanglantée, tête baissée, emportée par ses amours ? » Médée est à la fois symbole de maternité, et la figure d'une reine outragée, emportée par la colère. La symbolique de l'œuvre peut tendre à l'universel : Delacroix, « « Les passions [que l'homme] trouve chez lui sont les tyrans les plus cruels qu'il ait à combattre, et on peut ajouter que leur résister, c'est résister à sa nature même. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture