Analyse de l'oeuvre Ali Ben Ahmed et son escorte du peintre Chassériau (XIXème siècle)
[...] Cette soumission de l'Algérie, personnifiée par le calife de Constantine, est symbolisée par la présence à son cou d'une croix de la Légion d'Honneur et dont ce personnage a été gratifié pendant le règne de Louis-Philippe. Cette distinction fait par conséquent entrer Ali Ben Ahmed parmi les serviteurs de la France mais également parmi ceux étant dignes d'être honorés. Une fois pris en compte ces éléments, il est évident que le tableau met en jeu un décorum orientalisant, insistant sur la grandeur des peuples et des territoires nouvellement conquis mais également sur leur soumission à la France. [...]
[...] Fidèle aux valeurs du romantisme auquel il est très lié, l'orientalisme met en jeu les divers sens. La vue bien sûr, mais également l'ouïe avec le hennissement du cheval à l'arrière-plan ainsi que le bruit des sabots martelant le sol. L'odorat n'est pas en reste en raison de la poussière se dégageant des pas des purs sangs. Le toucher est rendu grâce à la variété des tissus, au pelage des chevaux et au vent emportant la crinière de la monture du calife. [...]
[...] En effet, sur la moitié basse les chevaux sont des pur-sang aux réactions brusques. Ils sont par contre parfaitement dressés comme le montre la posture au pas de celui du calife. La synchronisation des mouvements des pattes antérieures des deux chevaux de droite renforce cette impression de vigueur mais aussi de maîtrise. Par opposition, la partie haute de l'œuvre met en évidence le calme des personnages. Face à la furia de leurs destriers, le calife et sa suite gardent une allure princière. [...]
[...] Malgré le Traité de Tafna en 1837 qui instaurait un état de paix et un partage de souveraineté entre les Français et Abd El-Kader, les hostilités reprennent après la violation de cet accord par Louis-Philippe qui ordonne la prise de Constantine. Originaire de Constantine, le calife Ali Ben Ahmed joua dans ces circonstances un rôle clé. Son ralliement à la France fut un appui précieux pour assurer le contrôle de la région. Théodore Chassériau réalisa ce tableau à l'occasion de la venue à Paris de ce personnage. Le calife, conquis par la qualité de l'œuvre invita le peintre en Algérie où il séjourna durant l'année 1846. Originaire de Saint-Domingue, Théodore Chassériau fut marqué très jeune par les paysages exotiques. [...]
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