écriture, écriture d'invention, Centre Pompidou, exposition, sculpture, art, Marcel Duchamp
Ce document est une écriture d'invention sous la forme d'un mail à un double, dans lequel l'auteur raconte sa visite à une exposition sur la sculpture molle au Centre Pompidou.
[...] Les matières perdant leur forme sont rarement considérées comme belles, peur être en ce que, comme un corps, elles se dégradent et sont destinées à pourrir et à se décomposer ? Quoi qu'il en soit, ces statues, au lieu d'en appeler au beau du monde, semblent au contraire réaliser un travail sur la difformité. Mon opinion est sans doute conditionnée par une certaine vision classique du beau et de l'art. Comment, en effet, considérer comme révélant le meilleur de l'homme une sculpture incapable de se tenir elle-même ? La mollesse de l'œuvre lui donne cependant une véritable originalité. [...]
[...] Et toi ? As-tu une opinion sur le sujet ? Je me souviens que tu avais passé un certain temps à regarder la statue au château de Versailles mais je ne crois pas que nous en ayons discuté à l'époque. Sur ce, très chère double, je te souhaite une bonne nuit, n'hésite pas à me donner de tes nouvelles de temps en temps de là où tu es, voilà longtemps que nous ne nous sommes pas retrouvé ensemble au même endroit ! [...]
[...] Votre double aime-t-il la sculpture molle ? From to 14.02.2018 à 22.08 Très cher double, Tout d'abord, comment vas-tu ? Quelles sont les nouvelles ? Ici, à Paris, la vie continue sans dévier. L'hiver me pèse quelque peu et mon appartement, bien que confortable, manque cruellement de lumière en cette période. J'ai passé la Saint-Valentin seule et j'admets que voir tous ces couples en promenade m'a donné le bourdon. Je crois bien que je ne trouverai jamais quelqu'un qui me ressemble (et non, toi tu ne comptes pas et j'angoisse un peu de voir tous ces gens et j'ai encore passé des heures à regarder mon visage dans le miroir pour tenter de trouver ce qui ne va pas chez moi. [...]
[...] Te souviens-tu de ce jour ? Nous avions fait tourner en bourrique le gardien en passant et repassant sans cesse devant lui. Il avait cru que nous étions des sextuplés ! Je ris encore, rien qu'en repensant à l'étonnement qu'avait affiché son regard et à sa mine déconfite quand il nous a laissé passer. Pour en revenir à Versailles et à Vasconcelos, je crois maintenant que c'était la raison d'être de ses sculptures bariolées. Le contraste avec les dorures mais surtout les statues de marbres ou de pierre, fermes et blanches, n'en était que plus saisissant. [...]
[...] Après tout, je me demande si elles ne s'inscrivent pas dans une logique de réappropriation de la sculpture. Il faut reconnaître que la sculpture a perdu de son grandiose. Trop emphatique, trop monarchique, elle est réservée aux grand hommes et aux grandes figures mythologiques traditionnellement. Faire des sculptures molles me semble aller dans le sens d'une banalisation de la sculpture mais aussi d'une réappropriation de la sculpture par le public par le toucher notamment. Comme tu le sais, j'ai toujours aimé toucher les statues. Cela m'a valu plus d'une remontrance par les gardiens de musées. [...]
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