Né en 1757 et mort en 1827 à Londres, William Blake fut un visionnaire, graveur, poète, révolutionnaire, qui marqua cette période charnière du XVIII ème siècle, à l'aube de l'ère industrielle.
L'Angleterre est alors perturbée par des émeutes provoquées par George Gordon, la guerre d'indépendance des colonies américaines, et est plongée dans le climat de terreur inspiré par la peur de la Révolution française et par la répression exercée sur tous les sympathisants officiels ou soupçonnés. Blake est d'ailleurs un fervent partisan de la Révolution française: il lui arrive même d'arborer le bonnet phrygien dans les rues de Londres.
Enfant imaginatif et distrait, William Blake considère la ville de Londres comme « la plus belle oeuvre de la Création ». Sa maison, son quartier, sa ville, s'inscrivent dans une topographie sacrée aussi élaborée que celle des anciens.
Déjà visionnaire, au sens propre du terme, il raconte à ses parents sa rencontre avec l'Eternel: « Dieu appuyait son front de givre à la vitre de la croisée » (1). Il voit un arbre chargé d'anges et le prophète Ezéchiel assis sous un autre arbre du jardin. Son père et sa mère le répriment, cependant il continue de rapporter ses visions, les considérant comme naturelles.
Puis il rentre dans la meilleure école londonienne de dessin; il est envoyé par le graveur Basire à l'abbaye de Westminster et dans les vieilles églises de la capitale anglaise pour copier des sculptures. Il décide ensuite d'exercer en tant que graveur.
[...] Ainsi lorsqu'il grave ou peint ses scènes mythiques, sa technique, ses outils et ses couleurs sont chargés d'une signification précise Le Mariage du Ciel et de l'Enfer: En 1790, en pleine période révolutionnaire, il écrit le Mariage du Ciel et de l'Enfer, réponse satyrique à l'oeuvre de Swedenborg, le Ciel et l'Enfer. Blake récuse l'idéal swedenborgien selon lequel la terre sera débarrassée du mal: il préfère une description réaliste et lucide du monde tout en montrant l'interdépendance des contraires, du bien et du mal, comme source de progrès. Sans contraintes il n'est pas de progrès. Attraction et Répulsion, Raison et Energie, Amour et Haine, sont nécessaires à l'existence de l'Homme. De ces contraintes découle ce que les religions appellent le Bien et le Mal. [...]
[...] William Blake ne peut pas vraiment être classé parmi les romantiques car contrairement à eux il ne sacralise ni l'homme, ni le Dieu qui s'est approprié le pouvoir en Urizen. L'architecture de ses visions reste un monde en conflit, un système créé pour ne pas être l'esclave d'un autre (13). Cependant il fut le seul avec Samuel Taylor Coleridge parmi les poètes romantiques à se réclamer ouvertement du christianisme, bien que récusant les institutions religieuses qui ont étouffé le sens de la Bible pour en sortir une morale oppressive. [...]
[...] Thel peut être rapprochée de Vénus qui représente, chez Spenser, la déesse immortelle des créatures mortelles et se lamente sur l'impermanence des êtres et des choses. De plus elle est la fille de Mne Seraphim inspiré de Bne Seraphim qu'Agrippa désigne comme l'intelligence de Vénus et pleure à côté du fleuve d'Adona comme Vénus pleure le défunt Adonis, symbole de la mort et du renouveau de la nature. Blake explore également la pensée alchimique (la Motte d'Argile représente la matière première de l'Homme) selon laquelle l'esprit et la matière sont complémentaires et Dieu caché en toutes choses Dieu aimerait un Ver D'autre part il met en évidence la loi de conservation de la matière. [...]
[...] Il décide ensuite d'exercer en tant que graveur. Adulte, William Blake se marie avec une femme illettrée prénommée Catherine, et deux ans plus tard son père meurt et les deux jeunes gens s'installent à côté de la demeure familiale. Son frère Robert, qui mourra en 1788, les rejoint et devient élève graveur. William Blake est régulièrement en contact avec le monde des esprits: il rencontre ses amis de l'au-delà dans les rues de Londres ou dans son atelier, des anges déchus viennent le visiter pour l'éclairer sur des passages de la Bible. [...]
[...] Apparaissant comme un drame de la psyché, la prophétie fait appel au symbolisme dense de la mythologie blakienne. Les douze fils correspondent aux douze tribus d'Israël. Chaque personnifiant un principe de vie, a une Émanation, un principe féminin, par laquelle l'humain peut reconquérir son caractère divin. 15/18 Ainsi Tharmas, l'homme primordial, qui représente l'instinct, la nature et l'unité a pour contrepartie féminine Enion; Urthona l'esprit d'Inspiration assimilé à Los qui a forgé une Cité de l'Art a pour émanation Enitharmon, la beauté spirituelle; Luvah, l'esprit d'Amour, est le spectre d'Albion tandis que la complémentaire Vala est l'ombre de Jérusalem; Urizen symbole de la Raison a pour pendant féminin Ahania. [...]
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