Comme beaucoup de sculptures antiques, l'artiste est ici anonyme. La Victoire de Samothrace est une ronde-bosse datant environ de 200-170 avant Jésus-Christ, elle représente la notion de Victoire, que les Grecs associaient à la déesse Nikè.
Le socle et la base sont en marbre gris de Rhodes, la Victoire est en marbre blanc de Paros, le bloc en ciment est moderne. Cette ronde-bosse de 3,28 mètres de haut s'élevait dans l'île de Samothrace dans une niche surplombant le Sanctuaire des Grands dieux. Elle fut trouvée incomplète en 1863 par Charles Champoiseau, vice-consul de France à Andrinople en Turquie. La statue sera confiée au musée du Louvre à la fin du XIXème siècle, elle se trouve au premier étage à l'Aile Denon, en haut de l'escalier Daru, sous la direction du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Placée à la convergence de plusieurs escaliers, la célèbre Victoire de Samothrace s'impose de toute sa hauteur aux visiteurs. La main droite –mesurant 27 centimètres- ne fut découverte qu'en 1950, elle est exposée dans une vitrine sur le palier situé à gauche de la ronde-bosse.
L'opinion communément admise veut qu'il s'agisse là d'un monument rhodien, érigé après la victoire navale de 190 avant Jésus-Christ, remportée par les Rhodiens et les Romains contre les Séleucides. En effet, en 223 avant Jésus-Christ Antiochos III, roi de Syrie, monte sur le trône alors qu'il n'a que 18 ans. Il mène ses armées sur les traces du conquérant Alexandre de 212 à 204, enlève définitivement la Syrie du sud, puis la Palestine en 200. Rome s'inquiète et voit dans la politique du souverain l'amorce d'une vaste entreprise qu dresserait contre elle l'ensemble du monde hellénistique. Rhodes et Pergame aidèrent à la victoire romaine contre Antiochos III, le roi qui parut capable de restaurer l'empire d'Alexandre. Le combat décisif eu lieu en décembre 190 au royaume de Pergame, les armées romaines écrasèrent l'armée du roi de Syrie tant sur mer, avec l'action de la flotte rhodienne, que sur terre, avec celle d'Eumène II, roi de Pergame. Les Rhodiens à Samothrace et Eumène II à Pergame célèbrent leur triomphe. Le monument rhodien proclame une nouvelle conception de la statuaire de plein air implanté dans une grande composition d'architecture. La Victoire de Samothrace se dressait sur la proue d'une galère, au sommet d'un paysage de pierre formé par les bâtiments du sanctuaire des Grands dieux. Elle émergeait en biais, de l'eau d'un bassin rectangulaire creusé dans le flanc de la colline, dominant le centre du sanctuaire. La statue s'offrait alors non pas de face mais de trois-quarts.
[...] Sur l'Acropole, près des Propylées, se dresse le temple d'Athéna Nikè ou Victoire, édifié à la fin du Vème siècle avant Jésus-Christ, à laquelle on a ôté les ailes afin qu'elle ne quitte jamais Athènes. Le type de la Nikè grecque a été reprise par les Étrusques, qui l'ont appelé victoire sur les inscriptions. Elle est représentée dans une large mesure selon le modèle grec et en partie confondue avec une figure indigène féminine du nom de Lasa (c'est probablement en raison de cette influence qu'elle apparaît entièrement nue). Les Romains, quant à eux, ont emprunté à la période hellénistique le type de la Nikè sans en élaborer les caractéristiques fondamentales. [...]
[...] La Victoire de Samothrace est une statue cultuelle : la fonction visuelle de la statue consistait donc dans la définition de cette personnalité divine. Généralement grandes, elles pouvaient être en bronze, en marbre, on a également connaissance de cas où la statue était en or et en ivoire, combinaison souvent utilisée pour les prestigieuses statues de cultes de l'époque classique, c'est la cas par exemple de l'Athéna Parthénos de Phidias. L'époque hellénistique de 323 à 31 avant Jésus-Christ voit le partage de l'empire d'Alexandre le Grand entre ses diadoques et, vers 290 la fondation de la bibliothèque et du musée d'Alexandrie : cette ville est désormais le centre culturel du bassin méditerranéen. [...]
[...] La Victoire au XIXe Sous Napoléon, on redécouvre le souffle épique des victoires dans toute leur magnificence (le sens de la Victoire est exprimé comme dans la Rome impériale). Nous trouvons des représentations de Napoléon en Mars, tenant une Victoire à la main (une œuvre due à l'artiste italien Canova), des arcs de triomphe avec des Victoires portant des étendards ou couronnés par un quadrige guidé par la Victoire. Au XIXe certaines œuvres commencent à remettre en question cette image de la Victoire. [...]
[...] Cette sculpture prit place au sanctuaire des grands dieux à Samothrace : celui-ci était dédié aux dieux Cabires, invoqués pour protéger les marins du naufrage et assurer le succès des combattants, la Victoire illustre ce culte. Pour les Grecs la notion de victoire était assimilée à une femme ailée : Nikè, fille selon Hésiode- du Titan Pallas et de Styx, et sœur de Zélos( la Jalousie), de Kratos (la Force) et de Bia (la Violence). C'est aussi l'un des surnoms que les Grecs donnaient à Athéna, déesse guerrière qui protège sans relâche les grands héros de l'Attique et la plupart des chefs grecs au cours de la guerre de Troie. [...]
[...] Le style baroque trouve alors peut- être son origine à Rhodes ? Nul doute en effet que le dynamisme de cette figure souveraine ne trouve échoue chez certains personnages de la frise du Grand autel de Pergame, de même que certains détails, comme le plumage des ailes. Quoi qu'il en soit, on est ici devant l'une des dernières œuvres majeures de la sculpture grecque. Ainsi, même dans une œuvre aussi inspirée –l'une des dernières où une figure divine est renouvelée par une vision personnelle-la tradition tient une place importante, tant il est vrai que dans l'art hellénistique la culture le dispute à la création. [...]
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