Nous connaissons peu de choses de la vie de Jan Vermeer de Delft (Delft, 1632- Delft, 1675), peintre hollandais, redécouvert à partir XIX siècle grâce aux travaux de recherches de Théophile Thoré-Burger et de sa série d'articles parue dans La Gazette des Beaux-arts.
Depuis, l'art de Vermeer, empreint de mystère n'a eu de cesse d'intriguer et d'émerveiller.
Sa mort précoce, à l'âge de 43 ans, mit fin à une carrière relativement modeste en terme de production picturale : une trentaine d'oeuvres connues dont seulement trois signées, aucun élève derrière lui.
Des tableaux qui marquent cependant l'évolution du peintre, et que l'on peut classer en trois catégories distinctes :
- ses premières toiles aux influences italiennes (1654-1657).
- son analyse des phénomènes lumineux (1658-1661).
- ses dernières oeuvres, mises en scène plus simplement (1662-1675) (...)
[...] Ce motif de la correspondance se retrouve ainsi dans six toiles de Vermeer. Dans ses deux œuvres, les jeunes femmes font face à une fenêtre ouverte dans la jeune femme lisant une lettre ce qui crée une atmosphère lumineuse autour de la lectrice dont le visage est baignée par les rayons du soleil ; dans le cas de la femme en bleu, la fenêtre est fermée : l'impression de huis clos oppressant peut être évoqué, la scène évoquant une atmosphère plus anxiogène que la précédente. [...]
[...] Une précipitation qui pourrait concorder avec l'idée de la correspondance amoureuse, la femme recevant ici des nouvelles de l'être aimé. L'inquiétude transparait à nouveau dans la toile la lettre d'amour (1667- 1668) où la jeune bourgeoise en jaune, trompant son ennui en jouant du luth, est interrompue par l'arrivée de la servante. Cette dernière est là pour lui remettre un billet et contemple sa maîtresse tourmentée d'un regard rassurant, sans doute annonciateur de nouvelles de son aimé. Le thème de la lettre, récurrent chez Vermeer l'est aussi chez ses contemporains, Gerard Terborch ou Frans Van Mieris en tête. [...]
[...] Un constat loin d'être réciproque dans la France du XVII siècle. Il nous faut encore ajouter qu'à l'époque de Vermeer, le service domestique apparaît comme l'une des premières formes de travail féminin. D'ailleurs la présence féminine dans la domesticité est un phénomène européen ; c'est entre 15 et 29 ans que les effectifs sont les plus nombreux. Une tendance illustrée par Vermeer qui, pour ces portraits de femmes au travail, s'emploi à représenter des jeunes filles sans doute semblables à celles employées à son propre service. [...]
[...] En effet, dans la société protestante qui entourait Vermeer (bien qu'il soit converti au catholicisme), les écrits religieux insistaient sur les aspects concrets et humains de la vie familiale. Ils avaient notamment une attitude plus bienveillante que les catholiques à l'égard de la sexualité, considérant que celle-ci apportait aux époux un plaisir légitime. Par ailleurs, un manuel du XVII siècle avait ce commentaire concernant les relations entre les époux : l'auteur écrit en substance que si la femme traite son mari comme un roi, la réciprocité doit être de mise Ainsi, tous les auteurs ne donnent pas dans la misogynie et bon nombres d'écrits valorisent l'épouse respectueuse de ses devoirs conjugaux. [...]
[...] Le virginal, mentionné à plusieurs reprises dans l'œuvre de Vermeer semble quant à lui être une allusion à peine voilée à la virginité de la jeune fille mise en scène ; impression renforcée par le cupidon accroché au mur à l'arrière plan de la scène dans femme debout au virginal (1672-1673). Il n'est pas utile de s'attarder ici sur l'importance de la virginité féminine avant le mariage qui était, bien entendu, conçu comme capitale et essentielle à une union. La virginité de la jeune fille devait être préservé à tout prix, d'où une possible allusion du peintre au danger que représenterait un amour de jeunesse hors des liens du mariage. [...]
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