Le lien entre la littérature et la réalité est unique ; c'est l'imagination. La littérature n'a pas pour ambition de trompe l'œil du lecteur ; se forme alors avec lui un pacte fictionnel le lecteur se prend au jeu et doit imaginer qu'il a affaire à des personnages des situations et des lieux. Le réalisme pur semble impossible en littérature. L'art est différent ; pour Horace par exemple la création doit être réglée sur ce que l'on voit. Créer c'est donc, pour Horace, imiter le réel. Mais tenter d'imiter, c'est tenter d'atteindre une réalité concrète et connue, c'est recopier, c'est faire de l'art un trompe l'œil. Le trompe l'œil, comme son nom l'indique, est destiné a tromper, a leurrer celui qui le regarde. Nous pouvons prendre pour exemple le Cheval de Protogène devant lequel Bucéphale, cheval d'Alexandre hennissait, ou les raisins de Zeuxis que les oiseaux essayaient vainement de picoré. Mais le trompe l'œil réalise une rencontre, celle de l'art et de la réalité, ainsi il peut aussi leurrer celui qui réalise l'œuvre en question, l'art peut prendre la place de la vie dans les yeux d'un peintre (Frenhofer), le peintre se leurre alors lui-même, c'est sa peinture qui le trompe parce qu'elle ressemble à la vie, à la nature.
Le trompe l'œil est une imitation, cependant, pour certains, il n'y a pas d'imitation possible du réel en art, il est impossible de reproduire ce que donne la nature. Si l'imitation est impossible, à quoi sert le trompe l'œil? Existe-t-il?
[...] Il emporte dans sa mort ce regard vis-à-vis de son œuvre ; page 396. Le trompe l'œil, en revenir ou mourir : Le plaisir de la lecture passe par l'imagination, mais il faut en revenir (pas comme Don Quichotte qui reste dans un monde fantasmé). Le fictif qu'on ne distingue plus de la réalité devient un trompe l'œil dans lequel on se perd (Frenhofer s‘y perd durant dix ans, le temps qu‘il a passé sur sa toile, Claude est « incurable »). [...]
[...] L'art, ce n'est donc rien d'autre que du mensonge et du faux. Et quand l'illusion prend, quand on croit ce que l'on voit, quand l'art nous prend au piège, l'art parait surpasser la nature. Hélas, lorsqu'on se rend compte de la supercherie, l'art perd de sa superbe et c'est donc un échec de l'art qui ne peut imiter la nature, la vie. Les maîtres de l'illusion en arrivent à une forme d'abstraction ; Frenhofer, tout comme Apelle et Protogène, aboutit sur un vide, un rien. [...]
[...] Frenhofer tente de détruire ce voile ; détruire le voile entre quotidien, vie et Art. Page 73 : « Vous êtes devant une femme, vous cherchez un tableau » il est convaincu d'avoir créé la vie. Créer la vie (comme le veut Frenhofer) est impossible, l'art est une création, il ne peut pas être la vie. Jory par exemple, qui est un critique et non un artiste connaît, sans même se poser la question, la différence très claire entre l'art et la réalité : dans son style un peu bourru il déclare devant la Vendangeuse de Mahoudeau : « Ah ces cuisses Si l'on pouvait se payer des cuisses comme ça » La folie ; un trompe l'œil subjectif : CF Catherine Lescaut que Frenhofer considère comme une femme et non comme un tableau, d'où l'échec cuisant. [...]
[...] Même la sculpture, qui est pourtant la reproduction la plus fiable de la réalité ; puisqu'elle est tridimensionnelle, ne suffit pas pour Frenhofer ; il faut insuffler, poursuivre, le mouvement dans la sculpture (pages 42 et 43 du chef d'œuvre inconnu) Pour Claude également, dans l'atelier de Mahoudeau et Chaîne page 89 il s'exclame (lire) Mahoudeau également perd son chez d'œuvre sculpté ; Et dans ce passage, ou Claude le jour de son mariage va chercher le sculpteur, l'impression nous est faite que cette sculpture est une personne ; elle semble se mouvoir, Claude est même sur de la voir bouger. Page 238 Cette thématique de la mort, et non de la destruction d'une œuvre est fréquente dans l'œuvre, ce qui accentue l'idée que les œuvres vivent ; par exemple page 79. Champs sémantique de la mort bien présent. L'abolition du cadre Le langage peut figurer par des figures de styles donc il y a une logique commune à la poésie et à l'image: la logique de l'imagination. Cette logique se retrouve dans le trompe-l'œil, du côté du peintre. [...]
[...] Le trompe l'œil ne fonctionne pas sur les autres personnages et permet à Frenhofer de voir la toile comme elle est et non comme il la pensait. Dans l'œuvre c'est Christine qui désillusionne Claude, elle qui n'est pas atteinte par ce trompe l'œil. Le livre de Balzac est une réflexion sur la figuration, l'abstraction et la perception. C'est une réflexion sur l'esthétique science de la perception (aïsthesis). Il y a une perception hallucinée du personnage (trompe l'œil) qui pousse les peintres à prendre pour réel ce qui n'est qu'art, qu'image. [...]
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