« Nous nous sommes arrêtés deux heures dans la galerie ou Annibal Carrache a peint la plupart des tableaux de la mythologie d'Ovide. Le centre de la voute est occupé par le triomphe de Bacchus et d'Ariane. Les figures ont un peu le défaut de celles de Titien : admirablement bien peintes, on y sent un peu l'absence de l'âme céleste et de l'esprit de Raphaël. »
Stendhal, extrait de Promenades dans Rome, daté du 1er juillet 1828.
L'œuvre que nous présentons ici, est la fresque du plafond de la galerie Farnèse commandée par le cardinal Odoardo Farnèse.
Celle-ci est réalisée par Annibal Carrache avec le concours d'Agostino Carrache et du Dominiquin. Elle met en scène le cortège triomphal de Bacchus et d'Ariane. L'ensemble du décor est exécuté entre 1597 et 1600-1601.
L'originalité de ce projet réside dans le fait que le cycle décoratif est composé de grands « quadri riportati », c'est-à-dire que l'artiste a fait comme si des tableaux de chevalet étaient accrochés à la voute.
Après un bref rappel biographique et une situation de la galerie nous nous tournerons vers une description générale suivie d'une analyse de l'œuvre.
Nous nous sommes surtout tourné vers certains ouvrages généraux sur l'art baroque mais c'est surtout le colloque : les Carrache et les décors profanes qui nous a permis de rentrer dans le sujet.
Il est important de préciser que l'examen technique des peintures n'a été fait que récemment. Et que dès sa création le décor fut considéré comme un moment capital de l'histoire de l'art, en rupture avec toute la peinture de son époque, et introduisit un ton nouveau appelé « art Baroque ».
[...] Pour les formes ; on peut ici retenir la qualité sculpturale des corps influencés par Michel Ange (dessin des corps féminins avec des lignes onduleuses et les hommes, avec leur musculature détaillée et le respect des proportions et de l'anatomie. On peut noter également des jeux de contrapposto. Le triomphe est parsemé de symboles. Annoncé entre autres par les attributs de Bacchus et de son culte : la patère, le canthare, le thyrse, la vigne, la grappe de raisin, le lierre, la panthère. [...]
[...] De nombreux procédés illusionnistes, comme la quadratura (système proprement Bolonais, prolongeant l'espace réel par un espace fictif dans les angles), ou le quadri riportati tableaux rapportés avec un cadre, donnant l'impression de toiles de chevalet accrochées) sont utilisées. Le cortège représente Bacchus et Ariane sur un char, entouré de nymphes et de satyres dansants. Le panneau central se compose en trois plans très rapprochés et difficiles à discerner. La composition peut être assimilée à une frise. Deux personnages délimitent les angles inférieurs de l'œuvre. [...]
[...] C'est Silène, père nourricier et précepteur de Bacchus. (Annexe 9.) Dans un troisième plan, à gauche un personnage sur un éléphant, un Eros qui vient déposer une couronne d'or sur la tête d'une femme assise sur un char tiré par des boucs guidés par un enfant qui nous regarde. Des danseurs lient cette femme avec le reste du cortège de droite. (Annexe 4.) Afin de situer la scène dans l'espace, l'artiste évoque un décor végétal (symbolisé par un arbre) et un horizon (semblant de perspective). [...]
[...] Les fêtes de Bacchus s'appellent les bacchanales. De véritables fêtes orgiaques, qui ont eu souvent mauvaise réputation, du fait de l'ivresse publique et des licences sexuelles qu'elles provoquaient. Devenu grand, il fit la conquête des Indes avec une troupe d'hommes et de femmes portant, au lieu d'armes, des thyrses et des tambours. Son retour fut une marche triomphale de jour et de nuit (thème rappelant l'expédition d'Alexandre le Grand). Venu dans l'île de Naxos, il consola et épousa Ariane abandonnée par Thésée, et lui donna la fameuse couronne d'or, chef-d'œuvre de Vulcain. [...]
[...] Le choix du thème du Triomphe de Bacchus et Ariane comme scène centrale doit être compris comme un hommage à Titien. En effet, les trois tableaux déjà célèbres des Bacchanales de la collection des Ferrare venaient d'arriver à Rome dans les bagages de Margherita Aldobrandini, et n'ont certainement pas manqué de se faire remarquer par les artistes de l'époque. L'organisation de la scène de façon tout à fait symétrique permet de faire jouer un certain écho avec le reste de la voûte. [...]
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