Nous allons étudier ici une tombe de la nécropole d'Andriuolo, à Paestum, fouillée dans les années 1960 par des équipes italiennes. La nécropole d'Andriuolo se situe à l'extérieur de l'enceinte de la ville, près de la porta aurea, au nord (voir annexe). Cette tombe abritait le corps d'une femme de l'élite paestane. Nous nous intéresserons donc particulièrement aux plaques est et ouest de la tombe 47. L'artiste nous demeure inconnu. Elles sont datées du milieu du IVe siècle avant J.-C. Elles sont actuellement conservées au Museo Archeologico Nazionale de Paestum. Ces plaques, imitant la forme d'un fronton, mesurent 1,43m de hauteur par 0,95m de largeur. Elles sont relativement bien conservées même si par endroit la polychromie est altérée. On le remarque par exemple en haut de la plaque ouest, où il est difficile d'analyser la scène. Dans un premier temps nous décrirons le décor de cette tombe. Ensuite nous évoquerons la technique mise en œuvre ici. Nous montrerons en quoi cette tombe présente un décor complexe, que nous expliquerons, nourri de multiples influences, qui évoquent la situation de Paestum à cette époque, et nous la replacerons dans le contexte des peintures lucaniennes du IVe siècle avant J.-C.
[...] On applique ensuite la peinture. La chaux, en séchant, permet de fixer les couleurs sur le long terme. En général le dessin préparatoire est totalement recouvert mais on peut encore le voir sur la plaque au niveau du bras gauche du personnage ailé : la barque ne le recouvre pas totalement, on aperçoit encore le dessin préparatoire du bras du personnage par transparence (voir détail en annexe). Cette tombe présente quatre scènes figuratives qui se succèdent selon un ordre chronologique. [...]
[...] Ceci s'explique par la situation de Paestum au IVe siècle. Paestum est une des cités grecques les plus importantes d'Italie. Elle a été fondée au VIIe siècle par les Sybarites. La vague coloniale grecque provoque une acculturation plus ou moins forte des différents peuples italiques et permet de diffuser l'art grec. A la fin du Ve siècle elle est conquise par les Lucaniens et les deux cultures (grecque et lucanienne) cohabitent parfaitement, jusqu'à son annexion par Rome en 273 avant notre ère. [...]
[...] Ces valeurs, liées au bon fonctionnement de l'oikos, reposent sur la femme. Ce phénomène serait lié à la nouvelle politique fondée sur un idéal de bonne société élaborée par le pythagorisme. Cette politique cherche à définir une pratique politique et sociale basée sur une reprise des valeurs traditionnelles de la cité comme l'austérité des mœurs, l'organisation sociale fondée sur les classes d'âges (ici la différenciation marquée entre les enfants et les adultes), statut de la femme définie par sa descendance mâle comme ici, la mise en avant des fruits de l'oikos (les grenades, le sacrifice, qui souligne l'abondance des produits de la terre qui naît de leur bonne exploitation). [...]
[...] Elle symbolise le rôle de la domina qui dirigeait l'atelier domestique. De même, le fait qu'elle soit assistée d'une servante confirme son statut social élevé. On peut rappeler que l'image de la fileuse est courante dans l'art et la littérature grecque : dans la société homérique, Andromaque travaille au fuseau, comme le font aussi Pénélope, en attendant Ulysse, Circé, Hélène, ou, chez les Etrusques, Tanaquil. Les grandes figures féminines de l'épopée, du mythe, ou de l'histoire archaïque se qualifient donc comme des fileuses, alors que leurs époux se qualifient au combat. [...]
[...] Histoire de l'Art, Flammarion, Paris - PAPAIOANNOU Kostas, L'Art Grec, Citadelles, Paris - Collectif, Ricerche Di Pittura Ellenistica, Edizioni Quasar, Rome - HOLTZMANN Bernard, L'Art de L'antiquité Les Origines de l'Europe, Réunion des musées nationaux, Paris - CHEVALIER Jean, GHEERBRANT Alain, Dictionnaire des symboles, Coll. Bouquins, Paris - HOLTZMANN Bernard, L'Art Grec, Manuel de l'Ecole du Louvre, Réunion des Musées Nationaux, Paris Documents annexes - Exemple d'une tombe à ciste - Plan de paestum et de ses nécropoles - Détail du Cratère du Dipylon, scène de prothésis av. J.- C. - Tombe du plongeur, scène du couvercle av. [...]
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