théâtre, opinion publique, théâtre bourgeois, comédie, catégorie sociale
Jean Vilar, acteur et metteur en scène reconnu du XXe siècle, a déclaré : « Ce miroir de l'homme, le théâtre, avec quelle merveilleuse adresse il nous trompe. Et il faut qu'il nous trompe, et il faut qu'il nous flatte. » Le lien entre le miroir et le latin se fait même linguistiquement.
Il est dit que le théâtre est le miroir de son siècle. Il se pense à la fois performance artistique et satire d'une société. Il interroge et donne à avoir les personnages de notre comédie humaine.
[...] Le théâtre s'adresse à la bourgeoisie et la présente à elle- même. Seules deux catégories sociales sont plus favorisées dans leur représentation au théâtre, les poissards et les paysans. Le style de langage très bas des poissards amuse la Cour et la noblesse mais n'intéresse pas la bourgeoisie. Les paysans quant à eux apparaissent souvent sur la scène mais comme des personnages parlant une langue de théâtre artificielle. Les représentations montrent un contraste facile entre la rusticité stupide ou roublarde des paysans de théâtre et la rouerie aristocratique des nobles et le bon sens des bourgeois. [...]
[...] Ce théâtre s'avère plus riche que cela. Il est riche également dans le contenu des pièces, dans les problèmes d'un siècle connu comme celui préparant à la Révolution française. Ce théâtre évoque donc les questions économiques, sociologiques, culturelles, esthétiques, pour l'essentiel, de ce siècle en mouvement. On assiste à un déplacement des centres d'intérêt avec une morale bourgeoise qui s'impose progressivement sur les vertus aristocratiques. Nous nous demanderons donc si le théâtre du XVIIIe siècle apparaît comme apte à reproduire et exprimer les volontés de l'opinion publique de l'époque. [...]
[...] Or ce théâtre ignore de nombreuses couches de la société dans les textes que dans le public touché. Les prix varient bien sûr selon les théâtres, les places et les représentations. L'Opéra et la Comédie-Française restent les plus chers mais les tarifs élevés pratiqués de manière générale empêchent les plus pauvres d'aller au théâtre sauf les jours des gratis, représentations gratuites, c'est à dire certains jours de fête ou lors d'événements heureux dans famille royale. Tout le monde est admis au théâtre sauf les domestiques en livrée jusqu'en 1743 qui peuvent cependant fréquenter les théâtres de foire. [...]
[...] Conclusion : Le théâtre, plus que de traduire l'opinion publique, agit sur elle. Le théâtre de la même manière qu'il pose des questions sans forcément y répondre, pour ainsi éveiller une conscience citoyenne, traite de thèmes qui vont entraîner une évolution des esprits sans être volontairement ni directement à l'origine de la Révolution. Il est faux de dire que le théâtre de l'époque prépare une rébellion ou révolution mais la contestation sociale et la mise en œuvre de problématiques philosophiques y sont bien présents. [...]
[...] Au vu de la diversité des salles et du public il est difficile de généraliser sur le théâtre au XVIIIe siècle. Cependant, en majorité, le public est essentiellement bourgeois. La noblesse est minoritaire en nombre et le prix des places, même à la foire, exclu les classes les plus basses de la population. La bourgeoisie s'impose donc dans les salles comme elle s'impose, en tant que classe montante, dans la société. Le théâtre devient au long du XVIIIe siècle un théâtre de classe. En effet, l'évolution se fait d'un théâtre des moeurs et de caractère à un théâtre de condition. [...]
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