C'est durant sa période d'exil, puis plus tard à son retour à Berlin, que Bertold Brecht théorise son idée du théâtre, qu'il appellera : "le théâtre épique". Influencé par le théâtre politique de Piscator, il s'en détache cependant, risquant de ce fait de revenir à une soumission du spectateur. Ce qu'il veut c'est élever le spectateur, le sortir de son ignorance en le poussant à la réflexion.
Cette nouvelle conception du théâtre implique un remaniement, une critique, et l'avènement de nouvelles formes scéniques. Bernard Dort et Roland Barthes saluent le théâtre épique comme une "révolution". On peut se demander dans quelle mesure Bertolt Brecht a créé un mouvement, a repensé le théâtre.
[...] Le théâtre épique est ainsi tout aussi bien destiné aux spectateurs, qu'aux acteurs, voire même à l'auteur. Et sa conception est indissociable de sa vision du monde. Une vision politique du monde et du théâtre L'examen de la place de l'homme dans la société s'accompagne nécessairement du questionnement de sa place dans le drame. C'est ce qui ce passe dans la société allemande et dans le monde en général qui le pousse à remettre en cause les représentations dramatiques traditionnelles, car à travers le théâtre Brecht s'interroge sur l'Homme. [...]
[...] Dans son essai, Walter Benjamin explique qu'une des caractéristiques typiques du théâtre épique est l'interruption : un personnage étranger interrompt une scène en plein déroulement crucial, permettant ainsi la distance nécessaire au spectateur. Ce personnage devient observateur de l'état des choses. De même, la citation devient un autre procédé fondamental du théâtre épique. Citer, c'est interrompre le texte (W. Benjamin). Le théâtre épique est gestuel. L'acteur doit citer son geste. Gestes empruntés à la réalité, c'est-à-dire que l'acteur soit à même de réaliser. [...]
[...] Il écrit des de modèles'' dont il explique le tenant par la nécessité de repartir à zéro dans les ruines de la Seconde Guerre mondiale avec un public (dé)formé par les pratiques nazies de l'esthétisation de la politique et de la manipulation émotionnelle des masses, ils étaient destinés à la formation au théâtre épique des acteurs et des metteurs en scène et non à une imitation servile De là, on comprend pourquoi il remet en question la dramaturgie traditionnelle, car celle-ci représente pour lui les valeurs bourgeoises qui ont entraîné tous les évènements historiques marquants. Il veut se servir du théâtre pour ouvrir les yeux au monde. [...]
[...] Il se rend compte de l'importance de ses nouveaux sujets en faisant des recherches sur la situation de la Bourse aux céréales de Chicago dans le cadre de l'écriture d'une pièce. Personne n'arrive à lui expliquer les affaires qui s'y passent. Brecht prend conscience alors que ce n'est pas seulement lui qui est ignorant. Il réalise que la société capitaliste est fondée sur l'ignorance : c'est un choc aussi bien politique qu'esthétique. Ainsi naît chez lui un besoin presque viscéral de comprendre le monde, de l'interpréter pour conduire à sa transformation. [...]
[...] Cela se traduit dans la pratique par une distance physique de l'acteur sur scène qui utilise souvent le recul de son jeu. Brecht se pose donc en totale opposition à la méthode et au mode de jeu enseigné et préconisé par Stanislavski. Mise en place de nouvelles formes scénographiques Il utilise de nouveaux moyens techniques : littérarisation du théâtre (titre), projection, tapis roulant. Toutes des innovations apprises lors de sa participation au collectif Piscator ; ainsi que de nouvelles technologies. [...]
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