Notion héritée de l'Antiquité grecque, le théâtre a pour origine étymologique le verbe « theômai », dont un premier sens est « voir, contempler ». Le théâtre est donc tout d'abord « spectacle », ne peut être restreint au seul « texte écrit », et se distingue en cela d'autres genres littéraires. Pourtant, il est nécessaire de le différencier également d'autres formes de spectacle, par la place qu'il accorde à la parole ; le théâtre serait-il alors un « art de la parole », mais quelle parole ?
La parole théâtrale apparaît à la fois comme présence – puisqu'elle fait, dans une certaine mesure, « exister » les personnages –, comme action sur scène – outre une fonction parfois narrative, la parole ordonne, conduit souvent l'intrigue –, et comme action envers le spectateur, par le procédé de la double énonciation notamment, qui permet une ironie dramatique.
L'art du metteur en scène succédant à l'art du dramaturge, la parole théâtrale se place à la frontière entre le « texte écrit » et le spectacle, permettant l'accomplissement de la visée propre à chaque registre. L'on peut pourtant s'interroger sur la portée de cette parole théâtrale, qui semble constituer un « art de la communication » véritable, relevant d'un « langage universel » apte à faire découvrir au spectateur l'univers symbolique de la pièce au-delà du seul cadre de la fiction.
[...] La parole se substitue à l'action également dans Le Cid de Corneille, où le duel entre Don Rodrigue et le Comte est figuré par un échange en stichomythie. Dans le même temps, la parole théâtrale ordonne, conduit souvent l'action ; la parole se fait support des péripéties, non seulement parce qu'elle peut les annoncer Thésée est arrivé, Thésée est en ces lieux proclame Œnone au vers central de Phèdre mais parce qu'elle les engendre souvent véritablement : si, dans la farce, le mot du valet déclenche le soufflet du maître, la parole est, dans la tragédie ou dans le drame, à l'origine de passions, de souffrance, d'un dessein de vengeance. [...]
[...] Il s'agira tout d'abord du choix d'un registre, d'une tonalité, de la recherche du mot qui permettra la juste nuance du rire, ou bien qui empêchera l'épique de se faire grotesque, le lyrisme de frôler le pathos. Il s'agira également d'adapter le langage de chaque personnage à son statut, à sa condition, au contexte qui le fera s'exprimer, mais également au public attendu. Dans le même temps, si chaque réplique nécessite d'être adaptée selon sa place au sein de la pièce, il relève de cet art du dramaturge d'assurer l'unité de l'œuvre, qui aura alors une esthétique qui lui sera particulière. [...]
[...] Les recherches de ce théâtre contemporain tendent à mettre en place une participation active du spectateur, dont le rôle observateur passif est ainsi rejeté, et qui est invité à construire le sens de la pièce tout au long de la représentation. Or un dernier sens de theômai origine étymologique du terme théâtre est bien contempler par l'intelligence : la représentation théâtrale se distingue de toute autre forme de spectacle par sa portée essentiellement didactique, elle est destinée à faire voir le sens de l'œuvre en refusant la simple contemplation de l'univers fictif mis en scène ; et si la mise en abyme ou l'interpellation de spectateur mettent en évidence cet objectif, c'est plus généralement le rôle majeur accordé à la parole au sein de la représentation théâtrale qui en permettra l'accomplissement. [...]
[...] La parole théâtrale apparaît à la fois comme présence puisqu'elle fait, dans une certaine mesure, exister les personnages comme action sur scène outre une fonction parfois narrative, la parole ordonne, conduit souvent l'intrigue et comme action envers le spectateur, par le procédé de la double énonciation notamment, qui permet une ironie dramatique. L'art du metteur en scène succédant à l'art du dramaturge, la parole théâtrale se place à la frontière entre le texte écrit et le spectacle, permettant l'accomplissement de la visée propre à chaque registre. L'on peut pourtant s'interroger sur la portée de cette parole théâtrale, qui semble constituer un art de la communication véritable, relevant d'un langage universel apte à faire découvrir au spectateur l'univers symbolique de la pièce au-delà du seul cadre de la fiction. [...]
[...] Chaque représentation d'une même pièce de théâtre présente ainsi ses particularités. Le choix du décor, l'utilisation de l'espace scénique relèvent en effet d'une recherche, d'une volonté significative du metteur en scène : les pièces de l'époque classique notamment, comédies autant que tragédies, dans lesquelles les didascalies décrivant le décor, le cadre sont souvent très peu nombreuses et laconiques, ont pu être représentées avec des décors très réalistes reconstitution avec de nombreux ornements et détails d'époque des riches appartements de Célimène pour Le Misanthrope de Molière, ou bien du palais royal de Thésée dans Phèdre de Racine ou au contraire dans un décor extrêmement simple, épuré constitué seulement de quelques objets symboliques, comme un fauteuil ou un sceptre dans l'une des mises en scène contemporaines de L'École des Femmes de Molière. [...]
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