Les Têtes à claques (animation québécoise) : un comique inoffensif et désinvolte ?

Thèmes abordés

Publicitaire blasé, têtes à claques, recettes comiques, spécificité québecoise, auto-dérision, hilarité, Pogner

Résumé du document

Ces poupées aux yeux et bouches sur-dimensionnés, à l'air constamment hébété, sont en fait le fruit de la paresse de leur créateur. Celui-ci, las du domaine publicitaire et attiré par le stop-motion, se rend vite compte du travail que nécessite l'animation des yeux et bouches des personnages. Il décide alors d'utiliser ses propres yeux ainsi que sa bouche pour donner vie à ses personnages. Les corps de ce qu'il nomme « poupées » sont de simples photographies découpées.

Extraits

[...] Tony (au chef policier) : Pas question mon gros, je garde la femme enceinte. Chef policier : Come on Tony, tu vois bein qu'elle est sur le point d'accoucher là. Femme (au policier) : Va donc chier la grosse police là, j'ai pas l'air d'accoucher partoute là je ne suis même pas enceinte! Tony (à l'otage) : Madame, Madame restez calme ! Moi j'ai aucune intention de vous faire mal à vous ou vôt' bébé, je cherche juste un moyen de me sortir d'icitte. [...]

[...] Otage (au policier) : - Là là, c'est fini le niaisage ! Assomme le bandit avec son sac à main Viens icitte ma grosse police, va t'en faire des contractions moi, viens icitte! Chef policier : - Madame, restez calme ! Elle les frappe Aïe! aïe! aïe! 27 Mikhaïl Bahktine, op. Cit. 28Véronique Sternberg-Greiner, op. Cit. Cette fin, aussi inattendue que drôle, tire son comique de la différence de potentiel entre deux représentations. Mauron explique cette différence de la manière suivante : La première [représentation] est cette prévision probable de l'instant à venir. [...]

[...] : On voit tout M. Gagnan, on voit tout On ne prend plus de risques. [...]

[...] L'estimation du spectateur se voit donc modifiée très rapidement, et de cette rapidité naît le rire. On voit bien là que les Têtes à claques gagnent à surprendre les spectateurs, que le comique proposé par ces poupées animées gagne en profondeur lorsqu'il travaille ce décalage, qui va d'ailleurs permettre d'y distiller un propos critique savamment dosé. Une critique sous-jacente Les sketchs des têtes à claques seraient-ils alors semblables aux Silènes rabelaisiennes, et pourraiton placer dans la bouche du créateur des Têtes à claques ce propos de Sorel : J'imite les apothicaires qui sucrent par le dessus les breuvages amers afin de les faire avaler. [...]

[...] Chien 2 : Hey Burny ! Qu'est-ce que tu fais d'beau ? Burny : Arf , pas . pas grand chose là, là, le facteur arrive pas avant 2 heures, donc, j'ai décidé de faire une p'tite marche relax, là. Chien 2 : Ah . Burny : Hey hum . Pendant que t'es là, le chat de la vieille madame là, il est-ti mort ? Dis-donc on le voit plus là, moi j'm'ennuie là, moi, moi me sens chutu d'plus l'voir là. [...]