Charles V (1338-1380) surnommé le Sage, fils de Bonne de Luxembourg et de Jean II le Bon, grand bâtisseur amplifia le Louvre, construisit Vincennes et attira et protégea les sculpteurs et peintres. Il se maria à Jeanne de Bourbon (1337-1378) en 1350 avant de devenir roi de France en 1364. Son surnom de Sage lui fut donné en raison de sa grande culture et ses connaissances variées. En effet, après l'entrée de Charles V à Paris et la signature du traité de paix avec l'Angleterre, le roi déploie une intense activité artistique qui lui vaut une réputation durable de mécène des arts dans la lignée de son père.
Les statues de Charles V et de Jeanne de Bourbon conservées au Louvre ont été exécutées durant le règne du souverain.
Il s'agira de montrer en quoi les statues de Charles V et de Jeanne de Bourbon marquent un changement dans le mode de représentation des effigies royales dans le domaine public.
Nous verrons donc comment la multiplication des œuvres sculptées intervient dans le domaine public et nous nous intéresserons à la visée politique des portraits véristes royaux.
[...] La vérité physique et psychologique Les statues de Charles V et de Jeanne de Bourbon conservées au Louvre étaient donc destinées à être placées dans un lieu public, visible de tous. Charles V est vêtu d'une longue cotte et un ample surcot. Une couronne est posée sur les cheveux ondés encadrant le visage au long nez, aux yeux vifs sous les paupières un peu lourdes, à la bouche tendue par un sourire évoquant la bonté. Le poids de la couronne semble lui faire avancer la tête. [...]
[...] Ces statues ont pris une tournure politique. Charles V se référait explicitement aux grands Capétiens, comme Saint Louis et Philippe IV le Bel dont les effigies ornaient également la ville. Aux Quinze-Vingt, fondé par Saint Louis, la présence possible du roi visait sans doute à créer sciemment une confusion avec Saint Louis, ce qui explique pourquoi pendant longtemps, les statues du Louvre passèrent pour être celles de Saint Louis et de Marguerite de Provence. Charles V avait un intérêt particulier pour l'ordre de saint Pierre Célestin, dont l'introduction en France avait été favorisée par Philippe IV le Bel comme symbole du contre-pouvoir de la papauté, c'est pourquoi il s'y est fait représenté avec sa femme. [...]
[...] Il a conféré une âme à ses personnages dont il émane un sentiment de vie. Ce sourire de bonté accentue cet effet ainsi que les têtes des deux personnages qui s'avancent pour se détacher de l'architecture d'origine et évoluer par elles-mêmes Le Beau Pilier d'Amiens Le futur cardinal Jean de La Grange, alors encore évêque d'Amiens, fonda avant 1375, les deux premières chapelles Nord de la nef ainsi que le statuaire extérieur. C'était un personnage important d'un point de vue politique et grand mécène des arts. Il faisait parti de l'entourage de Charles V. [...]
[...] Elle tient le sceptre de la main droite et de la gauche, un livre. Le bras gauche, la main droite, le sceptre et le livre sont modernes. Il semble que l'artiste ou même le roi n'aient pas souhaité de hiérarchie idéaliste pour ces deux statues. En effet, elles ont sensiblement de la même hauteur. Il n'y a aucune mise en valeur dans ces deux portraits : le roi comme la reine présentent des plis au cou, le nez du roi lui est caractéristique et il a les pommettes saillantes. [...]
[...] Et étant donné le grand nombre de sculpteurs impliqués nous ne pouvons pas non plus attribuer ces statues à un maître en particulier La mise en scène du pouvoir Charles V s'attacha à sortir son effigie hors des nécropoles et à la rendre publique. La reprise en main de Paris passa par une reconquête de son image. Aux points stratégiques de la ville, sur les axes principaux, figuraient les statues du roi régnant, inaugurant ainsi une longue tradition de la statuaire parisienne. Il donna à l'imagerie profane une dimension nouvelle, comme un élément de mise en scène du pouvoir. Il a su pleinement exploiter sa propre image, consacrant l'essor d'une sculpture civique, comme partie intégrante d'une politique de la ville. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture