Dans les années 90, un certain nombre d'expositions et de séminaires sont consacrés au thème de l'intime dont Le Printemps de Cahors de 1998 et le séminaire « L'intime et ses représentations » à l'École Supérieure Nationale des Beaux Arts de Paris entre 1996 et 1997. Le thème de l'intime étant lié avec ce qu'il se passait sur la scène artistique de l'époque (films, débats, photographie, architecture).
L'intime, ainsi défini par un dictionnaire, serait ce qui existe au plus profond de nous, qui est tout à fait privé, personnel. Et si, pour reprendre la fameuse phrase de Maurice Blanchot « l'intimité, c'est nous-même à l'ordinaire », alors la société de la fin du XXème siècle à nos jours, mais aussi l'art contemporain, ne cessent d'aborder l'ordinaire. L'intime est désormais au cœur du champ social.
[...] (Daniel Sibony) Les artistes photographes qui abordent la sphère de l'intime dans les années 90 ont un désir d'apporter une lumière, une vérité. Ils recherchent également à mettre en valeur le travail d'auteur qui se veut personnel. Les photographes s'appuient donc sur leur propre territoire personnel et leur vécu afin de parvenir à cette fin. Ainsi, des artistes comme Sophie Riestelhueber, creuse dans les détails du paysage, dans des non-‐lieux lorsqu'elle réalise des photographies dans le désert Koweitien : Fait. [...]
[...] Le photographe de l'intime offre sa vision qu'il a à travers l'œilleton de son appareil photographique. Les photographies qui représentent la sphère de l'intime se passent de la notion chronologique. En effet, les événements, les épisodes de vie sont dans le désordre. Les artistes ne se soucient pas du temps et les fragments qu'ils donnent à voir ne sont pas ou très peu commentés, analysés. Ainsi, l'intime est souvent chez les artistes un moyen, une affirmation de vivre au présent. [...]
[...] Qu'est ce qu'alors photographier l'intime dans les années 90 ? Quels sont les éléments qui englobent ce thème et quelles sont les caractéristiques de la photographie de l'intime ? Nous nous intéresseront dans un premier temps à l'intime comme moyen d'aborder le monde, puis nous verrons le territoire personnel des photographes comme support artistique. La sphère de l'intime regroupe des termes qui peuvent s'avérer très vastes, voire flous. Pourtant, l'intime est un sujet central. C'est ce qui est au centre de l'art, c'est un terme qui illustre le désir de s'exprimer. [...]
[...] Les appareils photographiques (appareils jetables) deviennent également faciles d'accès tout comme les caméscopes. Par ailleurs les œuvres qui ont pour sujet l'intimité présentent un paradoxe. En effet, l'image de l'intime passe d'une sphère accessible par quelques personnes à une représentation qui est accessible par tout le monde et donc publique. L'intime présente un paradoxe car c'est un mode d'être toujours au regard de l'autre (Daniel Sibony, psychanalyste). L'intime représenté est en quelque sorte déjà mis à distance de l'auteur de l'œuvre lorsque celle-‐ci est portée sur la place publique. [...]
[...] Par ailleurs, d'autres artistes abordent la sphère de l'intime en s'appuyant et en observant cette fois leur entourage familial. C'est le cas de Richard Billingham, qui est mis sur le devant de la 5 scène en 1997 lorsqu'il expose une série qu'il réalise en photographiant sa famille dans son quotidien : Ces images montrent mon père, Raymond (né en 1931), ma mère, Elisabeth (née en 1950), et mon frère Jason (né en 1977). Ray est un alcoolique invétéré, que j'ai toujours vu boire, d'aussi loin que je m'en souvienne. [...]
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