Il existe une croyance ancestrale qui souligne que le génie est relié à la folie, mais en creusant un peu la question, on rencontre bien d'autres formes de souffrances, physiques ou morales, qui jalonnent les parcours de nombreux artistes. Au delà du constat de la corrélation, qui paraît évident pour la plupart des chercheurs qui ont étudié le sujet, il convient d'essayer d'analyser la nature de cette corrélation : est-ce la souffrance qui stimule la créativité ou la nature créative d'un artiste qui l'amène à souffrir ?
[...] Ainsi, il essaie de situer son œuvre par rapport à l'idéal qu'il a de lui-même. L'incertitude, le doute le plongent dans une détresse qui ne trouvera son apaisement que lors de l'acquiescement des spectateurs. Malheureusement, de nombreux artistes ne connaissent pas la reconnaissance du public, car elle peut souvent arriver à titre posthume ou pas du tout. Ainsi, Van Gogh, artiste maudit, a vécu dans la pauvreté et l'anonymat le plus total, alors qu'il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands génies de la peinture. [...]
[...] Mais, même s'il semble qu'on retrouve souvent la souffrance à l'origine ( ou autour) de la création artistique, il est évident qu'elle n'est pas le seul facteur stimulant de créativité. Sans connaissances, savoir-faire, expérience motivation, et surtout sans talent, une façon inhabituelle et originale de penser ne servirait à rien et ne produirait rien de créatif. Et s'il se peut que la souffrance soit un facteur important de créativité, aucune étude ne saurait néanmoins percer le secret du génie artistique, qui reste incompréhensible et étrange comme le reconnaît si justement Freud. [...]
[...] C'est aussi une libération de toutes les tensions et les angoisses accumulées pendant la phase d'incubation, un affranchissement vis à vis du problème qui bridait l'artiste. Le devoir d'originalité/ le besoin de reconnaissance L'artiste s'impose un niveau d'exigence très élevé dans son travail, il sait que son travail n'a de valeur que s'il est original et beau à la fois, et l'idée que son œuvre soit imparfaite est une véritable souffrance pour lui, elle peut être une torture permanente qui trouve dans la création à la fois son origine et la possibilité d'être résolue. [...]
[...] De la créativité à la souffrance L'angoisse de la page blanche La première souffrance liée à la créativité artistique apparaît en fait lorsque l'artiste a l'impression de ne plus être créatif, lorsqu'il est en manque d'inspiration devant sa page (ou sa toile) blanche. L'inspiration est un phénomène qu'il ne contrôle pas, et qui pourtant constitue avec le labeur les deux facteurs clés de sa créativité. Mais, à l'inverse du travail harassant qu'il s'impose et qui est un long processus de réflexion, d'analyse, de rumination, l'inspiration est inopinée, elle peut être brutale ou lente, elle peut surgir dans le champ de conscience de l'artiste comme un éclair, en dehors de tout processus de réflexion, quand elle est inattendue. [...]
[...] Au delà du constat de la corrélation, qui paraît évident pour la plupart des chercheurs qui ont étudié le sujet, il convient d'essayer d'analyser la nature de cette corrélation : est-ce la souffrance qui stimule la créativité ou la nature créative d'un artiste qui l'amène à souffrir ? I. De la souffrance à la créativité L'incidence du deuil sur la créativité On a constaté que sur trente-cinq écrivains français des plus célèbres du 19e siècle, dix-sept ont subi la perte (mort ou séparation) de l'un ou des deux parents : La plus grande brièveté de l'espérance de vie au cours des siècles passés ne suffit pas à expliquer que la proportion d'orphelins ait été plus élevée parmi les artistes créatifs que dans la population générale, ni que la créativité surgisse après la perte d'un être cher (comme pour Freud, Joyce, Proust), il semble donc qu'il y ait bien une corrélation entre la perte d'un parent ou d'un proche et la créativité chez certains artistes. [...]
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