Comme toute révolution artistique, le néo-impressionnisme n'est pas le fruit du hasard, mais est le résultat d'un enchaînement de faits, de bouleversements de pensées qui tendent peu à peu à dépasser et faire disparaître l'impressionnisme.
Ce nouveau courant artistique possède cependant une particularité non anodine, il est principalement l'œuvre de l'activité créatrice d'un seul homme : Georges Seurat.
Georges Seurat naît à Paris en 1859 et y meurt prématurément en 1891 à l'âge de 32 ans, laissant pourtant derrière lui une œuvre fondamentale pour l'évolution de l'Histoire de l'Art. Seurat commence par approcher l'art d'une manière très académique. Il suit ainsi de 1875 à 1877 les cours d'une école municipale de dessin, dirigée par le sculpteur Justin Lequien, où une fois par semaine le docteur Gachet y dispense des cours d'anatomie artistique. Seurat y rencontre Edmond Aman Jean avec qui il liera une amitié très forte jusqu'à sa mort.
En 1878, il entre à l'Ecole des beaux-arts de Paris. Pendant deux ans, il suivra les cours de Henri Lehmann, élève d'Ingres : un enseignement classique, dans les règles de l'art tant établies. Seurat est un étudiant consciencieux et méthodique, mais qui ne se fait pas particulièrement remarqué pour son talent artistique. Cependant, il résistera à l'emprise des conceptions académiques grâce à son goût pour la difficulté et sa curiosité naturelle qui le poussent à dévorer de nombreux ouvrages.
Ainsi, dès 1876, sa première lecture révélatrice La Grammaire des arts du dessin (1867) de Charles Blanc lui fait découvrir que « la couleur, soumise à des règles sûres se peut enseigner comme la musique », que les couleurs posées en petites touches juxtaposées sur la toile instituent un mélange optique beaucoup plus intéressant et vibrant que le mélange sur la palette.
Tout de suite il s'intéresse alors aux traités scientifiques de Chevreul et aux préceptes de Delacroix. Lors de ses fréquentes visites au Louvre, Seurat s'ingénia à trouver la confirmation de ces théories dans les œuvres de peintres tel Delacroix, mais il comprend que tous les grands maîtres de la couleur qui avaient quelquefois observé ces lois, ne l'ont fait qu'empiriquement et non par une codification préalable. C'est la volonté de changer cette approche hasardeuse de l'art qui préoccupera Seurat toute sa vie.
Pendant ses années passées aux beaux-arts, il poursuit ses lectures et s'attarde sur les écrits de Chevreul, notamment La loi du contraste simultané des couleurs dont l'une des idées principales est que toute couleur diffuse sa complémentaire sur l'environnement : ainsi, deux couleurs contiguës s'influencent, chacune imposant à sa voisine sa complémentaire. Toutes ces lectures scientifiques approfondissent au fur et à mesure la pensée de Seurat et l'amènent vers une compréhension différente de la peinture que tous ses camarades. Il se sent alors instantanément investi d'une mission qui serait d'appliquer méthodiquement ses connaissances et de réconcilier les principes rigides de dessin, transmis par Ingres, avec les effets optiques prévus par les grands coloristes du passé.
[...] Le mot néo-impressionnisme est créé par le critique. Seurat aurait préféré chromoluminarisme mais l'article paru, il est trop tard. En soi, le néo-impressionnisme n'a d'impressionnisme que le fait que le procédé se fasse par mélange optique, donc que le spectateur soit sollicité pour travailler avec ses yeux et son esprit ; mais sa nouveauté est que ce mouvement a réussi à trouver des solutions aux impasses impressionnistes en le soumettant à une démarche scientifique afin de faire de l'art une science exacte, avec ce désir de rendre la peinture plus pure. [...]
[...] Seurat va donc apporter à la peinture un retour à la composition, une remise à l'honneur du culte de la forme, tout en y ajoutant une volonté de langage émotionnel. La citation de David Sutter, mathématicien et théoricien d'art, avec qui Seurat avait été mis en rapport grâce à Fénéon confirme ses pensées : Dans les arts, tout doit être voulu Il aborde, dés 1887, avec cette nouvelle problématique le tableau La parade du Cirque qu'il termine en 1888 après de maintes études. [...]
[...] Seurat, malgré les nombreuses règles auxquelles il soumet ses œuvres, ne verra jamais ces principes comme un frein à sa liberté d'expression. Il revendique au contraire ces règles comme simplement un guide vers la perfection, vers la possibilité d'atteindre la vérité. Pendant la conception de Un dimanche après-midi à L'île de la Grande Jatte, le grand peintre impressionniste Pissarro découvre le talent de Seurat. Il adhère tout de suite au pointillisme où il voit une méthode assurant à l'impressionnisme tous les bénéfices de la science moderne. [...]
[...] Cette œuvre annonce de nouvelles orientations que va prendre le divisionnisme. En effet, Seurat dès cet instant, ne traitera comme sujets principaux que le monde du spectacle et du divertissement, ce qui l'amènera de plus en plus à nous faire sentir ce décalage qu'il prend par rapport à cette société en traitant les personnages de façon caricaturale. On sent un détachement moins glacial de la réalité. Nous ne sommes plus dans ce lyrisme sobre que Seurat attachait à toutes ses œuvres. [...]
[...] Seurat est un étudiant consciencieux et méthodique, mais qui ne se fait pas particulièrement remarqué pour son talent artistique. Cependant, il résistera à l'emprise des conceptions académiques grâce à son goût pour la difficulté et sa curiosité naturelle qui le poussent à dévorer de nombreux ouvrages. Ainsi, dès 1876, sa première lecture révélatrice La Grammaire des arts du dessin (1867) de Charles Blanc lui fait découvrir que la couleur, soumise à des règles sûres se peut enseigner comme la musique que les couleurs posées en petites touches juxtaposées sur la toile instituent un mélange optique beaucoup plus intéressant et vibrant que le mélange sur la palette. [...]
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