Le thème des satyres et des ménades est l'un des plus représenté dans l'iconographie grecque antique. Aux VIè et Vè siècles avant J.-C., notamment, ce sujet est illustré de manière récurrente dans la céramique attique en lien avec l'essor de l'adoration de Dionysos à Athènes, où le dieu apparaît désormais comme l'une des principales divinités olympiennes. Les rites dionysiaques donnent alors lieu à toute une iconographie spécifique où le dieu est accompagné par un cortège de différentes figures, auxquelles appartiennent les satyres et les ménades. On peut alors se demander comment la représentation des satyres et des ménades célèbre-t-elle le culte de Dionysos ? En nous cantonnant à l'étude de la céramique attique, nous aborderons cette question en nous intéressant tout d'abord aux attributs qui leur sont spécifiques et qui rappellent la divinité. Nous nous pencherons ensuite sur la mise en scène de ces figures mythologiques et nous verrons enfin leur rapport aux rites dionysiaques.
[...] Sur une coupe à figures rouges attribuée au peintre d'Erétrie on peut observer une tentative d'approche du satyre auprès de la ménade. En effet, celui-ci semble l'interpeller en levant le bras. Le fait qu'il ne soit pas ithyphallique retire un caractère obscène à la scène et place ainsi le satyre dans une position de séducteur. La ménade, face à cette approche, semble être à l'écoute car elle dirige sa tête vers lui alors qu'elle lui tourne le dos. Il retient son attention. [...]
[...] C'est le paradoxe de Dionysos lui-même. Les Grecs ont inventé un dieu qui a pour fonction de mettre en cause leurs certitudes et l'ont intégré à leur système religieux. Le culte de Dionysos peut ainsi apparaître comme un exutoire aux pulsions humaines réfrénées par le cadre de la cité, exutoire nécessaire donc, mais contrôlé. Il serait ainsi particulièrement intéressant d'étudier ce culte à travers l'exemple d'Athènes, la plus civique des cités grecques, mais également celle qui conduisit le dionysisme à son plus grand épanouissement. [...]
[...] Dans ces cortèges, les satyres et les ménades entourent le dieu dans une atmosphère festive et joyeuse. C'est ce que nous montre l'amphore à figures noires où Dionysos est représenté de manière calme par rapport à l'agitation qui règne autour de lui. En effet, les ménades, agitant des crotales, sont enlevées par des satyres tandis que le dieu tient un canthare à la main. Il reste placide et majestueux dans le désordre régnant et semble dominer la scène par sa présence et la différence de son comportement par rapport aux autres figures gesticulantes. [...]
[...] Sur la gauche, on voit une jeune ménade épuisée, soutenue par l'une de ses compagnes, tandis que le rituel se poursuit et que, au centre de l'image, une ménade danse en tenant une biche littéralement coupée en deux dans chacune de ses mains. Cette image nous permet d'aborder la pratique du diasparagmos et de l'omophagie qui consiste à déchiqueter des animaux vivants et à dévorer leur chair crue. Cette coutume, qui peut nous paraître extrêmement barbare, montre bien la force surhumaine dont sont investies les ménades, et constituerait peut-être un rappel du démembrement du jeune Dionysos par les Titans. [...]
[...] Autour de son front s'enroule un serpent, reptile qu'on peut également retrouver au poignet des ménades. Cette familiarité avec les animaux sauvages caractérise le monde dionysiaque. Les peaux de panthères (pardalides) ou de faon (nébrides) marquent une certaine forme de sa sauvagerie et animalisent les ménades tandis qu'elles accentuent celle des satyres, déjà inscrite dans leur anatomie. La panthère particulièrement est très souvent rattachée à Dionysos car elle rappelle, par son caractère exotique, que le dieu vient de l'étranger. Les cheveux de la ménade sont défaits pour manifester son agitation et son caractère débridé, mais certaines les portent noués ou sont coiffées d'un bonnet. [...]
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