Ce sarcophage a été trouvé en 1805 à Saint-Médard d’Eyrans en Gironde, en même temps que le sarcophage Ma 1346. Il est en marbre blanc, à gros cristaux et il y a des traces de patine dorée. Il mesure dans son entier 0,95m x 2,09m.
Le marbre utilisé pour la confection des sarcophages sculptés venait principalement de Carrare ou de Grèce (Proconnèse, île de Marmara ; Aliki de Thasos, Paros), ou encore d'Asie Mineure.
Sur la même cuve, la légende du berger Endymion reflète l’évolution des sujets funéraires au début du IIIème siècle ap. J.-C. Le jeune homme, plongé dans un sommeil éternel, est visité par Séléné, la déesse Lune. Dans le monde romain ce mythe évoque la survie de l’âme dans l’au-delà et le salut espéré du défunt.
Il forme une paire avec le sarcophage Ma 1346 qui représente le mythe d’Ariane abandonnée par Thésée à Naxos et sauvée par la venue de dionysos. Issu du même atelier vers 235 ap. J.-C., les deux sarcophages étaient destinés à un couple dont les squelettes ont été retrouvés à l’intérieur des cuves. Au centre du couvercle, l’espace réservé à l’inscription des noms des défunts est resté vierge. Ces sarcophages ont été produits dans les ateliers à Rome, puis exportés. Le décor, laissé inachevé, était sans doute adapté à la demande de l’acheteur, une fois le sarcophage parvenu à destination.
La production des sarcophages romains à décor sculpté se répand largement dès le début du IIème siècle, à la suite de l'abandon progressif de l'incinération en faveur de l'inhumation (qui dans le courant du IIIème siècle s'impose dans tout l'Empire), tout en restant un moyen de l'ensevelissement réservé aux familles fortunées à cause de son coût.
Ces nouveaux commanditaires sont souvent des provinciaux installés à Rome, qui sont en partie à l'origine de l'évolution du style artistique. Leur goût pour l'art plébéien (plus expressif et individuel à cause du lien étroit avec les réalités de la vie quotidienne), qui se mêle à la tradition hellénistique, fait naître dans les ateliers de sculpture romains une nouvelle expression artistique. Les premières manifestations de sculpture d'inspiration chrétienne s'inscrivent dans ce mouvement.
On peut déceler les caractéristiques suivantes : schématisation du dessin, simplification des formes tendant souvent à s'approcher d'une figure géométrique simple ; concentration sur un petit nombre de traits expressifs qu'on maintient et souligne, tandis que l'on réduit ou supprime d'autres traits, sacrifiés pour la clarté de l'ensemble; insensibilité à l'espace et à la corrélation, qui définit les dimensions des objets instables dans le même espace; insensibilité à la forme plastique, au poids.
Nous allons donc voir à travers ce sarcophage comment ce manifeste cet art en commençant par l’explication du thème mythologique, puis par la sensibilité baroque.
[...] Son chien est assis à ses pieds et son troupeau l'entoure. A droite, deux nymphes sont enlacées. Sur le côté droit de la cuve, Séléné est dans un char tiré par des taureaux. Et sur le côté gauche, un berger debout se retourne vers son troupeau au pied d'un arbre. II. La référence baroque : fourmillement des figures, composition dynamique et style du relief A la fin du IIème siècle, la production artistique romaine a été dominée tour à tour par trois courants rivaux : le courant classique, héritier de l'art attique par l'intermédiaire des écoles augustéennes ; le courant baroque, inspiré lointainement par Scopas, et plus directement par les écoles pergaménienne et rhodienne ; et le courant plébéien dérivé de l'art médio italique et enrichi par le contact avec des ateliers provinciaux. [...]
[...] Ce sarcophage semble en effet, un représentant de ce dernier courant. Les œuvres issues de ce courant plébéien montrent les personnages et les éléments du décor distribués en fonction du rôle qu'ils jouent et de l'effet à produire sur le spectateur. On observe une tendance à majorer les figures du premier plan, moyennant quelques remplissages accessoires, comme sur ce sarcophage. Mais c'est l'Endymion du Palais Doria-Pamphili surtout qui nous offre un exemple éloquent de la nouvelle vision du sujet. La composition est centrée sur une immense Luna, démesurément grandie par rapport aux chevaux de son char. [...]
[...] Les deux sarcophages étaient vraisemblablement destinés à un couple, représentés deux fois, sous les traits de la déesse Séléné et du berger Endymion dans le premier cas, sous ceux d'Ariane et Dionysos dans le second, avec un parallélisme des situations et une interversion des rôles d'une cuve à l'autre. L'analyse stylistique suggère de placer les deux sarcophages de Saint- Médard dans la quatrième décennie du IIIème siècle. Bibliographie - BARATTE F., METZGER C., Catalogue des sarcophages en pierre d'époques romaine et paléochrétienne, Paris, Editions de la Réunion des musées nationaux - TURCAN R., Etudes d'archéologie sépulcrale : Sarcophages romains et gallo-romains, Paris, De Boccard - TURCAN R., L'Art Romain, Paris, Flammarion - ETIENNE R., Les sarcophages romains de Saint-Médard-d'Eyrans Revue des Etudes Anciennes II, p.361-376. [...]
[...] Le thème mythologique : illustration du désir de survie d'en l'au- delà La sculpture funéraire occupe une place privilégiée parce qu'elle illustre non seulement les transformations du goût et des techniques mais aussi celles des mentalités et des croyances. Le couvercle est orné du jugement de Pâris et d'une scène champêtre de confection de guirlandes par les paysans. Le décor de la cuve révèle davantage les préoccupations personnelles du défunt. Séléné, la déesse Lune, qui était éprise d'Endymion, découvre le jeune berger endormi. Hypnos, le Sommeil, vient de lui donner l'immortalité en le plongeant dans un sommeil éternel. [...]
[...] Sarcophage de Séléné et Endymion, Paris, musée du Louvre, AGER, inv. Ma 1335 Ce sarcophage a été trouvé en 1805 à Saint-Médard d'Eyrans en Gironde, en même temps que le sarcophage Ma 1346. Il est en marbre blanc, à gros cristaux et il y a des traces de patine dorée. Il mesure dans son entier 0,95m x 2,09m. Le marbre utilisé pour la confection des sarcophages sculptés venait principalement de Carrare ou de Grèce (Proconnèse, île de Marmara ; Aliki de Thasos, Paros), ou encore d'Asie Mineure. [...]
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