Après des décennies de paix apportée et célébrée par Auguste au début de l'ère chrétienne, cette fameuse pax romana qui fit le pouvoir et la renommée de l'Empire romain se trouve ébranlée sous le règne de Marc-Aurèle (161-180) avec les premiers signes d'invasions barbares en 166, aux frontières du Danube. Rome doit donc lancer des campagnes militaires avec à leur tête des généraux et l'affaiblissement économique lié à la situation a des répercussions sur la production artistique. La menace qui pèse sur Rome suscite des inquiétudes dans les esprits, transmises dans l'expression plastique nouvelle de l'époque que Robert Turcan a qualifié de « grand tournant du siècle d'or ». L'une des campagnes majeures est celle contre le Marcomans et les Quades entre 169 et 174, certainement celle dont un épisode est représenté sur le sarcophage d'un des généraux de Marc-Aurèle.
Le sarcophage de Portonaccio (voir ill.1) est un témoignage de la sculpture funéraire privée datant de la fin du IIème siècle (180-190). Le sarcophage, désormais conservé au Palazzo Massimo du Musée national des Thermes de Rome sous le numéro d'inventaire 112327, fût retrouvé à Portonaccio sur la via Casilina. Cette pièce de marbre aux dimensions imposantes (2m39 de longueur, 1m14 de hauteur et 1m16 de profondeur) fait partie de la production romaine de sarcophages dits « à scène de bataille ». Au-delà de ses qualités stylistiques, le sarcophage de Portonaccio démontre le lien entre les modifications politiques et sociales et la production artistique. Cette étude peut être effectuée à travers une description suivie d'une analyse stylistique et iconographique montrant les influences intégrées par le sculpteur.
[...] Si ces couples peuvent être rattachés aux Marcomans et Quades, ils montrent que ces peuples étaient composés d'une multitude d'autres peuples germaniques. L'identification de ces peuples permet de situer l'action en 174, année pendant laquelle les deux peuples étaient vaincus. Hormis la recherche de dynamisme des attitudes et de réalisme, le sculpteur fait également preuve d'une maîtrise pour représenter la diversité des expressions. La précision dans le traitement des visages montre une expressivité des personnages allant presque jusqu'à la recherche psychologique. [...]
[...] Si l'iconographie des batailles n'est pas novatrice, le sarcophage de Portonaccio montre un nouveau traitement ainsi qu'un nouveau message idéologique différent de ce qu'il fut à l'époque augustéenne. La victoire romaine met particulièrement en exergue la vertu et la clémence romaine, ainsi que l'importance de la justice qui importait à Marc-Aurèle. Cette iconographie montre également le goût nouveau pour l'expressivité et la réalité brutale dont l'empereur fait part dans ses Pensées. Ces caractéristiques sont déjà présentes sur la colonne de Trajan (voir ill.12) et s'affirment sur la colonne de Marc-Aurèle, ce qui a laissé penser que les artisans de la colonne aurélienne et du sarcophage faisaient partie du même atelier. [...]
[...] Le sarcophage de Portonaccio (voir ill.1) est un témoignage de la sculpture funéraire privée datant de la fin du IIème siècle (180-190). Le sarcophage, désormais conservé au Palazzo Massimo du Musée national des Thermes de Rome sous le numéro d'inventaire 112327, fût retrouvé à Portonaccio sur la via Casilina. Cette pièce de marbre aux dimensions imposantes (2m39 de longueur, 1m14 de hauteur et 1m16 de profondeur) fait partie de la production romaine de sarcophages dits à scène de bataille Au-delà de ses qualités stylistiques, le sarcophage de Portonaccio démontre le lien entre les modifications politiques et sociales et la production artistique. [...]
[...] La scène de bataille peut être décomposée et simplifiée en quatre registres principaux. En partie supérieure, deux rangs de cavaliers romains, casqués, munis de lances et vêtus de cuirasses, dominent les barbares qui tentent de leur échapper. Au centre du second registre, le général à cheval et brandissant une lance se détache du fond pour dominer la scène (voir ill7). De chaque côté, il est protégé par des cavaliers qui écrasent des barbares, tandis que lui-même est sur le point de piétiner un de ses assaillants qui semble implorer sa clémence en levant son bras. [...]
[...] Au-delà du traitement dynamique, le sarcophage montre une recherche de la réalité dans les faits qui est apportée par les détails des captifs soumis. Après les torsions et les obliques des corps des soldats, vient le hiératisme des corps des barbares soumis. Dans ce cas, le sculpteur montre la scène de soumission à l'ennemi qui suit la bataille. Ces couples sont figurés dans des attitudes calmes, paisibles, transmises par la verticalité de leur corps et de leurs drapés. Cette opposition entre agitation et calme transparaît également dans le traitement des drapés. [...]
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