La transmission d'un message peut revêtir différentes natures. Cela peut se passer par la parole, l'écriture ou l'image. Exprimer une idée par l'intermédiaire de ce dernier medium, voilà le problème abordé par les graphistes. Du point de vue du graphisme, le XXème siècle, avec l'apparition du principe de médiatisation de masse, représente un tournant majeur. C'est cette nouveauté qui explique l'avènement de grands affichistes et graphistes à cette époque, particulièrement en Pologne avec Roman Cieslewicz. Celui-ci est né le 13 janvier 1930 à Lvov, dans une région de Galicie, à l'Est de la Pologne de l'époque. Dès ses douze ans, il va s'orienter vers une carrière artistique en intégrant l'Ecole des Beaux-arts de sa ville natale. C'est en 1948 qu'il va définitivement se tourner vers le graphisme en s'inscrivant à l'académie des Beaux- Arts de Cracovie qui enseignait alors l'art graphique appliqué. Ses études terminées, Cieslewicz part s'installer à Varsovie où il commence une carrière de graphiste en intégrant la WAG, une agence d'Etat qui éditait des affiches de propagandes touchant au domaine culturel. Cependant Cieslewicz multiplie les travaux de commandes pour des magazines féminins, des revues artistiques ou encore des expositions. Le message qu'il va transmettre à travers ses oeuvres fut donc dès ses débuts conditionné par ses commanditaires. Vivant en dans un pays où l'art est contrôlé et censuré depuis la Seconde Guerre mondiale il décide en 1963 de s'installer en France, où le contexte politique et culturel est considérablement différent. Il arrive dans une société où s'est déjà bien enracinée la culture de masse qui arrive des Etats-Unis. Une culture où l'abondance des médias pour qui il travaillait déjà en Pologne le fascinera jusqu'à sa mort, en 1996. Dès lors, on peut supposer que cette médiatisation de masse eut une influence important sur son œuvre.
On peut donc s'interroger sur les rapports que Cieslewicz entretint avec ces "mass médias" dans sa production artistique.
Nous verrons dans un premier temps pourquoi il peut être considéré comme un graphiste « membre de plein droit » du Pop Art. Nous nous interrogerons ensuite, dans un second temps, sur la manière avec il développa une critique de plus en plus vive de la communication au cours de sa carrière.
[...] Ici, la valeur graphique du mot va bien au-delà du choix de sa typographie : le message devient lui-même image et la réflexion qui s'établit chez le spectateur pour dissocier l'effet pictural du message de l'oeuvre atteint son paroxysme. C'est donc en associant différents éléments, parfois en les faisant fusionner, que Cieslewicz faisait naître la réflexion. Dans la série Pas de Nouvelles Bonnes Nouvelles, qu'il produisit entre 1986 et 1987, dans la lignée de la revue Kamikaze, il s'interroge sur le traitement de l'information dans les sociétés occidentales et conduit son spectateur à faire de même. La surabondance le choque : celle des informations, des couleurs, des artifices médiatiques : tout concourt selon lui à l'éphémère. [...]
[...] La production de l'artiste se teinta néanmoins au début des années soixante-dix d'un regard critique vis-à-vis de cet aspect de la société de consommation. Ce regard critique, à l'origine de créations de plus en plus engagées, se caractérisa dans la dénonciation du principe de communication, dénonciation qui se fit de plus en plus précise à mesure que les sociétés occidentales entraient dans l'ère de cette communication. Cette critique, Cieslewicz la mit progressivement en œuvre en appliquant plusieurs principes. Celui que nous décrirons en premier fut sa volonté d'intriguer le spectateur. [...]
[...] Cependant Cieslewicz multiplie les travaux de commandes pour des magazines féminins, des revues artistiques ou encore des expositions. Le message qu'il va transmettre à travers ses oeuvres fut donc dès ses débuts conditionné par ses commanditaires. Vivant en dans un pays où l'art est contrôlé et censuré depuis la Seconde Guerre mondiale il décide en 1963 de s'installer en France, où le contexte politique et culturel est considérablement différent. Il arrive dans une société où s'est déjà bien enracinée la culture de masse qui arrive des Etats-Unis. [...]
[...] L'aspect éphémère et segmenté de l'information était ainsi ici souligné par Cieslewicz à travers les barres rouges verticale qui séparaient les différentes photos, illustrant l'impossibilité de trouver du sens et de la continuité dans le flot de la communication de masse, quand bien même ce sens et ces liens pouvaient sauter aux yeux. Cette perte de sens, Cieslewicz la rendit ici visible également en coupant visuellement le meurtrier nazi de sa victime par une photographie en tout point inversée (au niveau des contrastes), de Kurt Waldheim. Quelle utilité accorder à une telle médiatisation si elle dissimule l'évidence et autorise les sociétés à reproduire les mêmes erreurs? [...]
[...] C'est la question que se pose Cieslewicz, qu'il conduit à se poser au travers ces œuvres. Roman Cieslewicz fut peut-être l'artiste Pop le plus fasciné par la société de consommation et par l'un de ses pendants, la médiatisation de masse. Son origine polonaise, étrangère à ces concepts, explique peut-être cela. Il en résulta que son œuvre fut marquée et influencée par ces phénomènes, qu'il fut amené de plus en plus à décrier. Mais la richesse de l'art de Cieslewicz ne réside pas dans une simple dénonciation des dérives médiatiques de nos sociétés de consommation. [...]
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