Le XVIIe siècle voit la peinture flamande rayonner en Europe. Ce siècle d'or est marqué
par un trium virat composé de Rubens, Van Dyck et Jordaens. Si les deux premiers ont eu une
grande notoriété auprès du grand public, Jordaens, lui, est quelque peu resté dans leur ombre.
Cependant, son œuvre originale mérite d'être étudiée avec attention.
Jacob Jordaens est né à Anvers en 1593, seize ans après Rubens, six avant Van Dyck. Il
manifeste très tôt le désir de faire de la peinture son métier. C'est ainsi qu'en 1607-1608 il est
inscrit sur les registres de la gilde de Saint-Luc comme l'élève d'Adam van Noort (1562 – 1641),
son unique maître. Les mêmes registres de la gilde anversoise notifient qu'en 1615-1616 Jordaens
est reçu franc-maître et qu'il est inscrit en tant que water-schilder (peintre à la détrempe). La même
année, il épouse Catharina, la fille aînée d'Adam van Noort. Ce mariage lie l'élève et le maître,
ainsi que la famille durablement, ce qui n'est pas sans conséquences sur la carrière de Jordaens,
qui libre de soucis familiaux peut se livrer pleinement à la peinture.
Cinq ans plus tard, en 1621, Jordaens, bien que réticent, est nommé doyen de la gilde de
Saint-Luc sur décision du Magistrat de la ville. En 1634, la ville d'Anvers lui commande, ainsi qu'à
Cornelis de Vos, la décoration de l' « arcke triumphael », conçue par Rubens à l'occasion de la
venue du cardinal-infant Ferdinand. Puis en 1637-1638 il collabore à l'exécution des peintures de
la Torre de Parada du pavillon de Philippe IV d'Espagne, sur les consignes de Rubens. En 1641,
Jordaens achève un Héraclès et une Andromède que son aîné n'a pas pu terminer avant sa mort.
C'est aussi à partir des années 1630, en pleine période de maturité, que Jordaens entame la
réalisations de séries de peintures parallèles à sa carrière officielle : il s'agit du Roi boit et de Comme
les vieux ont chanté, les jeunes piaillent.
En 1647, il reçoit une commande de huit tapisseries par l'archiduc Léopold-Wilhelm, Les
Proverbes. L'année suivante, c'est une commande de trente-cinq pièces par la reine Catherine de
Suède, destinées à la décoration de la salle des Etats du château d'Upsala. Quatre années plus
tard, il achève le monumental Triomphe de Frédéric-Henri de Nassau pour la Huisten Bosch de la La
Haye.
Jordaens meurt en 1678, mettant fin à une carrière prolifique et après avoir marqué le
monde de la peinture, des arts et des intellectuels, bien qu'il ait vécu dans un pays et une époque
marqués par de nombreuses luttes de pouvoir.
[...] Paris : Ernest Flammarion, Editeur - 1 INTRODUCTION Le XVIIe siècle voit la peinture flamande rayonner en Europe. Ce siècle d'or est marqué par un trium virat composé de Rubens, Van Dyck et Jordaens. Si les deux premiers ont eu une grande notoriété auprès du grand public, Jordaens, lui, est quelque peu resté dans leur ombre. Cependant, son œuvre originale mérite d'être étudiée avec attention. Jacob Jordaens est né à Anvers en 1593, seize ans après Rubens, six avant Van Dyck. Il manifeste très tôt le désir de faire de la peinture son métier. [...]
[...] De cette utilisation de la couleur, Jordaens s'en sert afin de modeler le volume. Tout d'abord, il n'isole pas ses figures avec un contour mais utilise des dégradés. En effet, il ne passe pas uniquement des tons clairs aux ombres brunes comme il est possible de le voir dans la 5 manière de beaucoup d'artistes italiens, mais passe subtilement des couleurs intermédiaires, voire froides dans certains cas, pour finir par une ombre brune, transparente, parfois rehaussée de vermillon. Les personnages apparaissent ainsi plus vivants, le spectateur peut ainsi se les représenter mentalement. [...]
[...] Le roi boit [fig. fait partie d'une série de tableaux portant le même nom ou étant aussi désignée La veillée des rois, comptant au moins six tableaux de la main du maître. La version 2 étudiée est datée des environs de 1640. Elle mesure 156 cm de haut et 240 cm de large. C'est une huile sur toile qui, comme la plupart des œuvres de Jordaens, n'est ni signée, ni datée. Il y a cependant une inscription en flamand, écrite dans un cartouche. [...]
[...] Mais pour rompre un trop bon agencement qui ne serait pas naturel Jordaens utilise deux autres lignes rompant ces obliques : la première est une verticale formée par le cartouche et le roi ; la deuxième une ligne serpentine partant des pattes arrières du chien, se poursuivant sur la panse du jeune homme, puis rejoignant ses mains pour enfin se terminer sur la pipe que lève le bouffon. Ces deux lignes en plus de la cornemuse, des bras du jeune homme et du dossier de la chaise de l'homme malade donnent un rythme encore plus intense à la scène. La composition est délibérément resserrée. Les convives ne sont vus qu'à mi-corps, aucun n'est en pied. Ceux se trouvant sur les côtés droit et gauche sont même tronqués. Jordaens donne l'impression que l'air a du mal à circuler au travers les masses compactes des personnages. [...]
[...] Sa palette chromatique est assez développée, laissant la part belle aux tons chauds. Pour cette version du Roi boit, le maître utilise du rouge, du jaune, du rose, de l'orangé, du brun, du noir, du blanc, de l'ocre et du bleu, qu'il décline avec une grande habileté. Les tons plus froids comme le bleu ou le blanc sont utilisés afin de créer une opposition et ainsi aviver les tons chauds, par une juxtaposition des couleurs. C'est pourquoi, Jordaens utilise un bleu froid dans le traitement du vêtement de la mère, ou même de la jeune fille de droite. [...]
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