En 1347, pendant la Guerre de Cent ans, la ville de Calais, dans le Nord de la France, est victime d'un siège au terme duquel la population entière se trouve menacée. Pour sauver celle-ci, six Calaisiens – les par la suite célèbres « Bourgeois de Calais » - acceptent de se sacrifier et se livrent au roi anglais Edouard III, qui épargne ainsi le reste des habitants. Plus de cinq cents ans plus tard, à la demande de la municipalité, le sculpteur français Auguste Rodin (1840–1917) leur rend hommage avec un bronze aux dimensions imposantes (H : 2,31m ; L : 2,45m ; P : 2m). La sculpture représente le groupe des six héros calaisiens au moment où ceux-ci s'apprêtent à quitter la ville pour se rendre au roi. Malgré la diversité de leurs attitudes, leur solidarité dans cette épreuve transparaît clairement.
Le monument se trouve aujourd'hui devant l'hôtel de ville de Calais, bien qu'il fût inauguré en 1895 à proximité de l'hôtel des postes et d'un parc municipal. A l'époque, de nombreux contemporains de Rodin saluèrent déjà la force d'expression des Bourgeois et l'intense « émotionnalité » dégagée par ceux-ci. Cependant, l'accueil ne fut pas unanime : pour beaucoup, l'ouvrage demeurait incompris, notamment du fait de sa rupture radicale avec l'académisme alors encore de rigueur, ce qui valut de nombreuses attaques critiques au sculpteur.
En quoi ce monument des Bourgeois de Calais est-il caractéristique de la sculpture novatrice de Rodin ?
Afin d'étudier la spécificité de cette œuvre, nous considérerons tout d'abord le contexte de sa réalisation, puis nous analyserons plus précisément sa composition et son caractère vivant, avant de montrer en quoi l'accueil critique réservé au monument témoigne de son caractère novateur.
[...] En 1851 échoue le projet de statue d'Eustache de St Pierre par David d'Angers par faute de subventions. Un autre projet, freiné par la guerre de 1870 ne peut lui non plus aboutir. Cf. JUDRIN Claudie, LAURENT Monique, VIEVILLE Dominique, Auguste Rodin, Le monument des Bourgeois de Calais (1884-1895), Musée Rodin, Paris / Musée des Beaux-Arts, Calais p.27. Cf. I.JIANOU, C.GOLDSCHEIDER (1967), p.32. Propos de Rodin, cité dans I.JIANOU, C.GOLDSCHEIDER (1967), p.32. Cf. I.JIANOU, C.GOLDSCHEIDER (1967), p.33. Ma libération de l'académisme a été par Michel-Ange Propos de Rodin cités dans : Ibid., p.37. Cf. [...]
[...] Le paragraphe semble s'appliquer à Pierre de Wissant : il clôt les yeux et fait de la main droite, l'index levé, les doigts détendus en éventail, un geste extraordinaire d'une grandeur bizarre et son visage se penche vers la terre Néanmoins, Rilke a interprété cette description comme celle du personnage habituellement désigné comme Jean de Fiennes (cf. R.-M. RILKE (1924), p.62). R.-M. RILKE (1924), p.62. L'Homme qui marche, Rodin Bronze 225 ×160 Musée Rodin, Paris. Cf. I.JIANOU, C.GOLDSCHEIDER (1967), p.87. Cf. Auguste Rodin: Die Bürger von Calais Werk und Wirkung (1997), p.38-39. D'après : ibid., p.44-45 (après rectification). [...]
[...] Sa chemise tombe sur ses épaules et découvre ainsi le haut de son buste. Les profondes rides striant son front lui confèrent une expression d'intense douleur, ce qui est accentué par son léger haussement de sourcils et ses yeux mi-clos. Cet homme dont le corps ploie, dont les jambes s'arrêtent, mais vont se remettre en mouvement, dont la main ébauche un geste machinal, c'est l'homme qui verse la vie, fixé en une statue prodigieuse qu'il faudrait peut-être simplement appeler le passant.»[29] Le dernier et plus jeune des bourgeois, Jean de Fiennes, va de l'avant mais se retourne légèrement sur sa gauche, écartant les bras dans un geste d'incompréhension, ouvrant sa main etwa so, wie man einem Vogel die Freiheit gibt souligne Rilke[30]. [...]
[...] Voir I. F. WALTHER (2002), p.409. Cf. R. BUTLER (1993), p.203. C. JUDRIN, M. LAURENT, D. VIEVILLE (1997), p.16. Cf. [...]
[...] I.JIANOU, C.GOLDSCHEIDER (1967), p 51. Cf. I.JIANOU, C.GOLDSCHEIDER (1967), p.21. Le patriote de Calais août 1885). Article reproduit dans C. JUDRIN, M. LAURENT, D. VIEVILLE (1997), p. 114-115. Cité dans C. JUDRIN, M. [...]
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