En apparence, tout est clair. Elève de David et adorateur de Raphaël, Ingres fut, en pleine tempête romantique, le gardien des traditions menacées, l'homme de la ligne et de l'idéal quand Géricault et Delacroix incarnaient la laideur et la couleur corruptrice des modernes. On peut aujourd'hui déconstruire ce pieux récit et rendre l'artiste aux paradoxes de son classicisme. A son époque, Ingres se lança à la conquête de Paris au moment où la Révolution transformait en profondeur la société française et le destin des arts
[...] Un peintre de cour 1. Le renouveau chrétien Avant son retour à Paris, en 1841, Ingres connaît le succès de son œuvre Antiochus et Stratonice, présentée privément aux Tuileries dans les appartements du prince héritier. Antiochus et Stratonice, Ingres, Musée de Philadelphie. Après ce succès, la famille royale le charge de concevoir, en hommage à la mort accidentelle du Duc d'Orléans (dont Ingres venait de finir le portrait), les vitraux de la chapelle érigée sur le lieu de l'accident et ceux de la chapelle funéraire construite à Dreux, représentant les saints patrons de la famille royale. [...]
[...] (en haut) L'Odalisque à l'Esclave, Ingres 105,4x76 cm. (à gauche) Double étude pour Odalisque à l'esclave, Ingres 17,5x34,5 cm, Musée du Petit Palais à Paris. Ingres dessine également ses nombreux élèves de la Villa Médicis, leur famille respective, mais aussi ses amis et intimes. Pour le peintre, cette seconde période italienne, équilibrée et sereine, lui laisse le temps de se pencher sur sa propre image. Son Autoportrait laisse transparaître la gloire, les honneurs mais aussi les désillusions et les échecs, privilégiant l'énergie et la volonté. [...]
[...] Désireux d'envoyer son portrait à sa mère, Charles Marcotte rencontra Ingres et de là naquit une longue amitié. Ingres fera de nombreux portraits de Charles Marcotte et des différents membres de sa famille. Charles Marcotte d'Argenteuil, Ingres 25x19,2 cm, Louvre. Madame de Senonnes : avec ce somptueux portrait peint en 1814, Ingres développe les possibilités plastiques infinies du traitement pictural de la figure assise sur un fauteuil. La jeune femme, voluptueuse et élégante dans sa robe de velours rouge, vue en légère plongée, se reflète dans une grande glace disposée juste derrière elle. [...]
[...] En effet, à partir des œuvres admirées de l'Antiquité, Ingres, par le jeu même de la réflexion et de la technique, crée un art toujours personnel. À l'époque, son art surprend ; les satiriques le définissent comme étant la ligne de Raphaël revue, corrigée et augmentée L'influence qu'exerce Ingres à son époque est décisive et s'explique par le grand nombre d'élèves qui travaillèrent dans son atelier : deux cents au moins ; le premier est Amaury Duval et le plus connut reste Théodore Chassériau. A travers une longue vie d'incessant labeur, il est devenu l'une des plus grandes figures de la peinture. [...]
[...] La Vicomtesse d'Haussonville et la Princesse de Broglie sont peintes dans l'intimité de leur intérieur et posent dans des attitudes conventionnelles. Ingres retrouve son goût pour l'accessoire, le bijou, les bibelots exécutés avec un réalisme excessif et s'attache à la sensualité des vêtements et des chairs. Faire et se faire plaisir en travaillant des formes épurées et raffinées aux couleurs pures et acides, telles sont ses intentions réelles. La Vicomtesse d'Haussonville, La Princesse de Broglie, Ingres, Ingres The Metropolitan Museum The Frick Collection à New York. A New York (coll. Lehman). VII. Ses dernières années 1. [...]
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