Fils de la néréide Thétis et du mortel Pélée, Achille, héros grec, est surtout connu pour ses colères dans la guerre engagée contre Troie qui gelèrent les combats au début de l'Iliade racontée par Homère. Si son amour de la bataille, son orgueil, sa force et son invulnérabilité sont très bien décrits par le texte, il est néanmoins un tableau qui manque : sa mort et ses circonstances. Homère s'en décharge en terminant son chant sur les funérailles d'Hector que son père a réussi à récupérer à notre héros. Lorsque s'entame par la suite l'Odyssée du rusé Ulysse, rien ne nous prédit la fin tragique d'Achille. En effet, les premiers vers nous annoncent simplement que Troie est tombée. Il faudra aller chercher du côté d'Arctinos de Milet et de son Ethiopide dont la datation (VII ou VIIIème siècle avant Jésus Christ) et l'attribution sont incertaines et l'épopée plus que fragmentaire. Cependant, elle nous informe sur la mort du héros en question. Achille a été tué par Pâris Alexandre devant les portes Scées au moyen d'une flèche guidée par Apollon. Malgré son invulnérabilité, il décède, sans autre indication anatomique. Il faudra attendre l'époque romaine et l'auteur latin Stace qui s'attarde sur le héros en lui dédiant entièrement son oeuvre, L'Achilléide, mettant en scène la jeunesse du héros. On y rencontre une légende de plus, centrée sur un possible talon vulnérable. Thétis raconte à Chiron qu'elle a trempé son fils dans les eaux noires du Tartare, l'armant d'un vêtement qui le protège tout entier. La Bibliothèque d'Apollodore, Livre III 13, 6 ne mentionne même pas le rituel du Styx. Achille a été emmené par son père à Chiron, arrêtant Thétis dans son oeuvre de faire de son fils un être immortel.
Ainsi, bien que l'invulnérabilité d'Achille soit attestée par tous les écrits le concernant, aucun de ces textes ne nous éclaire sur un quelconque talon oublié lors de la trempette du Styx. Quel en sera l'impact sur le domaine artistique de la représentation ? (...)
[...] La représentation de la mort d'Achille De l'Antiquité au XIXème siècle Fils de la néréide Thétis et du mortel Pélée, Achille, héros grec, est surtout connu pour ses colères dans la guerre engagée contre Troie qui gelèrent les combats au début de l'Iliade racontée par Homère. Si son amour de la bataille, son orgueil, sa force et son invulnérabilité sont très bien décrits par le texte, il est néanmoins un tableau qui manque : sa mort et ses circonstances. Homère s'en décharge en terminant son chant sur les funérailles d'Hector que son père a réussi à récupérer à notre héros. [...]
[...] Serait-ce Priam, richement habillé et plus éclairé que les autres, les yeux tournés vers son futur gendre ? A gauche de la scène, Pâris tend son arc et vient de décocher sa flèche. Apollon, au-dessus de lui, montre du doigt la direction à prendre. En effet, la flèche est venue se planter sous le pied d'Achille. Notons que c'est ce pied qui est centre absolu de la scène. Tout comme la coupe précédente, il a été touché de dos puis s'est retourné vers le spectateur. Rubens semble avoir retenu la version d'Euripide pour illustrer la mort d'Achille. [...]
[...] D'un côté, toutes deux présentent un Achille nu, loin du combat, des armes, uniquement paré de son casque et d'un drap. Le héros est la figure centrale, encore plus chez Herter que chez Guméry qui introduit un autel derrière Achille et une narration précise dans le titre. Pâris et Apollon demeurent visuellement absents. Cependant, les deux sculpteurs ne voient pas du tout les choses de la même façon et interprètent différemment la fin du héros. Chez Guméry, nous avons un Achille fier et interrogatif, au regard perçant. [...]
[...] La scène se passe donc bien après la chute de Troie. Le plus intéressant est le visage d'Achille, notamment son expression. On devine que la scène vient juste de se passer. Le héros a été surpris par la flèche et s'interroge sur sa présence. Guméry nous livre ici un Achille fort de corps et de caractère. Loin de s'effondrer comme chez Rubens comme une fille il regarde avec étonnement, mépris et concentration la flèche qui vient de se planter dans son pied. [...]
[...] Pâris, à gauche, est facilement reconnaissable grâce à son arc. Un homme se tient à ses côtés, montrant du doigt le talon touché d'Achille. Je n'affirmerai pas qu'il s'agisse d'Apollon lui-même, divinité soulignée par le fait qu'il soit pieds nus mais cette attribution est bien probable car il serait l'auteur de la trajectoire de la flèche. Remarquons que la dite-flèche mortelle est fichée dans la plante du pied plutôt que dans le talon. Le temple vacillant peut faire référence à la mort prochaine d'Achille, sa vision qui se dérobe ou encore au désastre et à la tragédie de la scène, soulignés par le cri muet du supposé Priam. [...]
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