Nous avons vu dans notre exposé que Klein était fondateur du mouvement du Nouveau Réalisme, mais qu'en même temps il s'en différenciait très nettement. Son bleu occupe en effet une place bien singulière, qui fait connaître son concepteur internationalement sous le nom d' « Yves le Monochrome ». Autour de la même époque (années 1960), Joseph Beuys, faisant partie tour à tour du mouvement Fluxus puis de l'Arte Povera, acquiert une renommée tout aussi considérable. Confondant l'art et la vie, Joseph Beuys réalise de 1962 à 1974 de nombreuses performances, utilisant des matériaux naturels tels que le miel, la graisse, le feutre ou encore le sang, très liés à sa propre expérience : pilote d'avion allemand pendant la seconde guerre mondiale, Beuys est miraculeusement rescapé d'un crash en Crimée, et passe pour avoir été secouru par une tribu de Tatars, embaumé dans la graisse et bandé de feutre. Quels sont les liens qui réunissent Klein et Beuys, et en quoi sont-ils fondamentalement différents ? Ce qui frappe tout d'abord le spectateur, ce sont les nombreuses connotations à la nature dans les œuvres des deux artistes. En s'intéressant de plus près à leurs conceptions spirituelles de l'art, nous verrons que les deux hommes sont très liés par l'aspect mystique qui gouverne leurs œuvres. Enfin nous tenterons d'élucider le problème du mythe qui contribue à leur renommée mais les entraîne peut-être vers ce qu'ils n'ont pas voulu et qui leur a valu de nombreuses critiques : imposer une vérité sans concession de ce qu'ils pensent respectivement de l'art.
[...] Son œuvre toute entière est influencée par une nécessité spirituelle, notamment dans son adhésion à la philosophie rosicrucienne. On retrouve une fonction révélatrice présente chez Beuys, mais ici, la volonté de l'artiste est de capter les forces cosmiques pour les révéler aux hommes. On peut tout de même noter que même si l'image du magicien siée mieux à Klein, elle peut également convenir à Beuys pour l'aspect rituel de son œuvre et un peu surnaturel de son histoire. Enfin une autre figure nous a semblé commune aux deux artistes, il s'agit de celle du pasteur. [...]
[...] ) comme accompagnateur aux enfers ou guide des âmes, ou bien il survient en cas de dangers éminents. Ainsi, en 1965, dans sa performance Comment expliquer les tableaux à un lièvre mort, Beuys, durant trois heures, dans une galerie de Düsseldorf, expliqua son art à un lièvre mort, commentaire ironique sur les difficultés de la communication par l'art. De même, il cohabitera quelques jours avec un coyote dans une galerie, armé d'une canne, enroulé dans une vieille couverture, tandis que le public est maintenu à distance derrière le vitre de la galerie, dans sa célèbre manifestation new-yorkaise intitulée I like America and America likes me, en 1974. [...]
[...] Cette aura leur à permis de passer à la postérité et de devenir rapidement de véritables mythes. Le mythe C'est sans doute d'artistes comme Klein ou Manzoni que les représentants de l'Arte Povera, dont Beuys fait partie, héritent la conviction qu'«une mythologie individuelle sert de fondement à la connaissance universelle (Alain Borer, Légende de Joseph Beuys). La légende, par sa définition prend parfois pour thème des évènements plus ou moins historiques mais dont la réalité a été déformée et amplifiée par l'imagination populaire ou littéraire. [...]
[...] Klein conserve également un lien étroit avec la nature, mais il n'y a dans son œuvre aucune volonté politique ou écologique : il est très influencé par la théorie des quatre éléments de Gaston Bachelard. Ainsi, il utilise le feu pour réaliser ses Peintures de feu, il expose ses images appelées "Cosmogonies" au vent et à la pluie. Les pigments bleus utilisés symbolisent évidemment la terre. Son IKB peut évoquer le bleu du ciel ou de la mer. De même, il utilise des éponges végétales, qu'il considère comme matière sauvage vivante. [...]
[...] Tandis que Klein prône un retour à l'essence de la peinture, Beuys veut un retour à l'essence humaine. L'homme moderne de Klein, distant de la matière et de la toile, fait opposition totale à l'homme primitif de Beuys, ramené à l'état animal. L'aspect mystique Une des notions qui nous permet un rapprochement évident entre les œuvres des deux artistes est la forte part de mysticisme. Beuys et Klein incarnent des personnages particuliers comme le pasteur, le shaman ou le magicien. [...]
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