« La dimension fondamentale de l'art, affirme Adorno, est une vocation polémique ». En effet, c'est parce que la simple contemplation paraît ne pas suffire à l'appréciation esthétique que nous l'agrémentons presque systématiquement d'un jugement. Or, notre relation à l'art évolue et ne cesse de s'intellectualiser, et aujourd'hui la révolte obstinée de certains critiques contre la tyrannie du beau et du plaisir finit par déplacer la définition de l'art. Il semble que c'est la multiplicité des arts et des œuvres qui porte à s'interroger sur une possible valeur commune de tous ces objets artistiques, que l'on pourrait alors subsumer sous un même concept d'œuvre d'art.
Or, si l'art est un concept universellement reconnu, les critères permettant de l'appliquer ou non à une œuvre quelconque, restent, eux, de l'ordre de l'arbitraire. Il apparaît ainsi qu'une création qui se voudrait du domaine artistique pourra ne pas remporter l'adhésion de son public.
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[...] A quoi reconnaît-on une œuvre d'art ? La dimension fondamentale de l'art, affirme Adorno, est une vocation polémique En effet, c'est parce que la simple contemplation paraît ne pas suffire à l'appréciation esthétique que nous l'agrémentons presque systématiquement d'un jugement. Or, notre relation à l'art évolue et ne cesse de s'intellectualiser, et aujourd'hui la révolte obstinée de certains critiques contre la tyrannie du beau et du plaisir finit par déplacer la définition de l'art. Il semble que c'est la multiplicité des arts et des œuvres qui porte à s'interroger sur une possible valeur commune de tous ces objets artistiques, que l'on pourrait alors subsumer sous un même concept d'œuvre d'art. [...]
[...] Un objet doit-il vraiment re-présenter pour être une œuvre d'art ? Y a-t-il des caractéristiques prédéfinies qui puissent justifier que ceci est une œuvre d'art ? La critique est-elle réellement nécessaire à la survie de l'oeuvre ? Un jugement qui consisterait à dire que ceci n'est pas de l'art est-il légitime ? Il semble que toute la difficulté à saisir ce qu'est l'œuvre d'art réside dans justement son caractère mystérieux et la difficulté que nous pouvons avoir à l'appréhender. Pour Deleuze en quelques sortes, le créateur refonde le monde : il crée à la fois ses propres impossibilités, et du possible, car la création se fait dans des goulots d'étranglement L'art crée à travers des affects ; la création naissant par un affect involontaire, le signe, l'art fait violence à la pensée ; et c'est ce qui lui confère un pouvoir libérateur. [...]
[...] Au nom de quelle règle tacite nous arrogeons-nous le droit de juger de ce qui est ou n'est pas une œuvre d'art ? (III) Si l'on voulait donner une définition spontanée de l'œuvre d'art, on pourrait lui assigner trois caractéristiques : c'est un bel objet qui représente ou exprime quelque chose, produit par un artiste, en vue de créer une impression sur un public. Mais si l'un de ces trois paramètres suscite les deux autres, n'en est-il pas un qui soit déterminant ? [...]
[...] C'est la spécificité du créateur qui rend une œuvre artistique, talent qu'il ne faut pas confondre avec celui de l'artisan. Pour Aristote, dans l'Ethique à Nicomaque, tout art se définit par une disposition, accompagnée de raison, tournée vers la création Ainsi, l'horloger, l'architecte ou le cuisinier pourraient bien produire de l'art, de même que l'on pourrait discerner un art de penser ; il faut par conséquent savoir discerner l'art de l'artisanat, l'œuvre réalisée pour elle-même, de l'œuvre comprise dans un processus de production qui lui-même s'inscrit dans un but industriel et commercial. [...]
[...] C'est en cela qu'elle est reconnaissable. Nous sommes donc en mesure d'affirmer que l'œuvre d'art n'est pas faite pour perdurer, mais pour évoluer intérieurement. L'œuvre d'art transcende toute donnée historique, toute évaluation et tout contexte . La valeur véritable de l'œuvre est bien plutôt synonyme d'une constante progression, une quête de l'esprit vers un absolu : les moines tibétains construisent pendant plusieurs semaines un mandala de sable, puis le détruisent d'un souffle lorsque celui-ci est achevé. Ainsi, la vocation de l'oeuvre n'est pas d'être reconnue ou jugée, mais bien plutôt contemplée et éprouvée : l'éphémère en est peut-être la meilleure condition. [...]
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