La création est une opération par laquelle l'artiste donne naissance à son œuvre.
Elle est " ex nihilo", c'est-à-dire née à partir de rien. Par conséquent dire que l'œuvre d'art a été créée reviendrait à affirmer que son existence est singulière et hors du commun; donc, ce qui reviendrait également à dire qu'elle ne serait pas copiée. Cela voudrait dire que l'artiste, loin de reproduire ce qui existe déjà, donne naissance à un autre univers ? Que son activité est en partie incompréhensible et non déchiffrable? Que, dans l'œuvre la matière, subordonnée a des fins essentiellement spirituelles, n'est qu'un moyen de manifestation de l'esprit, au-delà des limites rencontrées par le langage et le raisonnement?
Donc, quelque chose d'irrationnel qui ferait appel à la subjectivité de l'artiste. En clair, cela nous amène à dire que la création née du néant s'inspire essentiellement de l'inconscient de l'artiste; qui transmute la part de rêve qui y réside.
Le rêve est la principale source de l'imagination créative.
D'après son sens étymologique, l'imagination serait donc l'imitation par des images. Or, l'image n'est pas la chose, même si elle lui ressemble. Je dirais que l'imagination s'inspire principalement de la réalité pour construire son contexte utopique. Elle peut donc paraître fondamentalement trompeuse, en faisant passer pour la chose elle-même.
Elle a cette possibilité de combiner les idées ou d'anticiper les évènements, voire même de faire paraître ce qui n'existe pas ou pas encore. Dans le cas de l'art, il s'agirait d'un imaginaire productif, car, elle ne s'arrête pas à une simple projection visuelle dans le mental, mais, par le biais de l'art, peut s'extérioriser et devenir réel.
L'art est souvent la métaphore de la réalité, qui par le biais du rêve éveillé de l'artiste, arrive à transmuter hors de son esprit ses fantaisies inconscientes qui le hantent. Il arrive malgré tout à les façonner de manière à dissimuler complètement leur origine suspecte.
L'art est une activité spécifiquement humaine. Les œuvres d'art ont pour fonction non pas de nous faire oublier le réel, mais de nous le rappeler. De nombreuses œuvres, en effet, témoignent d'évènements historiques, religieux, sociaux, culturels. Les portraits, par exemple, sont une mémoire qui survit au modèle. Les œuvres d'art sont des traces du passé, et appellent à la réminiscence plus qu'à l'oubli. En ce sens, elles ont aussi pour fonction de nous faire comprendre le présent, le réel, ce qui est, en nous amenant à nous interroger sur lui et sur son rapport avec le passé. Elles témoignent donc du passé et expriment la vision que l'on peut avoir du réel à une certaine époque.
Cependant, remarquons qu'une œuvre d'art ne nous montre, justement, jamais la réalité même, mais une vision particulière de celle-ci. Elle peut occulter certains aspects du réel. Platon dénonce le caractère illusoire de l'œuvre d'art : celle-ci n'est pas un simulacre, qu'une copie de copie. Par exemple, le lit peint par l'artiste n'est qu'imitation imparfaite du lit fait par l'artisan, lequel n'est à son tour que la copie de l'idée du lit qui, seule, est réellement. L'œuvre d'art n'est donc qu'apparence. Elle nous plonge dans un monde doublement sensible, illusoire et mensonger, qui tend à nous faire oublier la réalité. Elle prétend imiter le réel, mais ne nous donne à voir qu'un aspect particulier, contingent et subjectif de celui-ci.
Dès lors, elle serait plutôt un moyen de s'évader, dans la mesure où elle donne à voir autre chose. Les œuvres d'art, dès lors, nous font-elles oublier le réel?
[...] Les œuvres d'art ont pour fonction non pas de nous faire oublier le réel, mais de nous le rappeler. De nombreuses œuvres, en effet, témoignent d'évènements historiques, religieux, sociaux, culturels. Les portraits, par exemple, sont une mémoire qui survit au modèle. Les œuvres d'art sont des traces du passé, et appellent à la réminiscence plus qu'à l'oubli. En ce sens, elles ont aussi pour fonction de nous faire comprendre le présent, le réel, ce qui est , en nous amenant à nous interroger sur lui et sur son rapport avec le passé. [...]
[...] En exprimant ainsi la stupeur d'un enfant qui a laissé échapper son ballon et le regarde lentement disparaître, Klee traduit sans doute son désir d'évasion dans un monde de rêve. Cela se voit également dans un autre de ses tableaux" Le paysage aux oiseaux jaunes": sur un fond étrange d'arbustes et de feuilles multicolores se détachent les touches jaunes de ces petits oiseaux. La silhouette gracieuse de l'un d'eux, qui a la tête en bas, se découpe sur un ciel indigo. Cette scène irréelle évoque les images mystérieuses et indécises que l'on a parfois en songe. [...]
[...] En revanche, certaines œuvres expressionnistes renvoient une autre image de la réalité tout en faisant échos à nos rêves. On pourrait citer le baiser de Gustav Klimt qui illustre autant dans l'idée que dans la forme, la thématique du baiser. Et puis, il n'y a pas que l'art figuratif qui représente le réel, il y a aussi l'art abstrait. Paul Klee par exemple, a su imposer une certaine réalité à travers ses créations abstraites. Déjà petit, Klee est incapable d'oublier le bonheur qu'il éprouvait, à prendre une feuille de papier blanche et à laisser sa main docile tracer sans relâche des lignes, au gré de son imagination. [...]
[...] Cette volonté de dédoublement à travers l'image idéalisée de l'artiste ne traduirait-elle pas alors une angoisse profonde de la part de l'artiste lui- même , celle du vieillissement et la mort? Chez Cottingham, la relation entre le modèle et son double est d'emblée basée sur une négation du modèle auquel le double ne fait qu'emprunter les caractéristiques humaines pour mieux simuler sa propre existence. Le rêve d'éternelle jeunesse se manifeste alors à travers l'idée d'un prototype délivré de toute imperfection et capable d'engendrer des doubles à l'infini. [...]
[...] Il se trouve que le comble de l'Art coïncide également avec le monde de l'illusion. Platon entend bannir les poètes et autres artistes de sa cité idéale en tant qu'ils nous détournent de la quête qui est la vocation dernière de l'homme." Nietzsche partage avec Platon l'idée que l'Art et la vérité sont exclusifs l'un de l'autre, mais à ses yeux c'est précisément là ce qui fait la valeur de l'art. Alors que la quête de la vérité nous détourne toujours de l'apparence et du sensible pour nous enseigner à aller chercher derrière les apparences, et que c'est des apparences qu'il faut jouir, de leur beauté. [...]
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