Lorsque Marcel Duchamp réalise son premier ready-made en 1913, il ne devait pas mesurer entièrement l'impact qu'aurait son geste sur les générations d'artistes qui allaient lui succéder. Cette remise en cause de la notion même d'auteur du statut d'artiste et par conséquent celui de créateur est certainement à l'origine de la volonté des artistes de réaffirmer leur identité. Mais cette réaffirmation s'opère à différents niveaux : religieux, politiques ou encore sexuels, et s'exprime à travers l'usage de multiples medias au sein de la génération d'artistes actuels dont fait partie Matthew Barney. L'identité et la réaffirmation du soi artistique se construisent par le biais d'un travail aux nombreuses références autobiographiques et d'un vocabulaire artistique singulier et parfois même à ce point imaginaire qu'il peut devenir quasiment étranger et incompréhensible du public, pourtant fascinant. Ce développement d'une mythologie personnelle ou individuelle est identifié dès la fin des années 1960, au cours d'expositions telles que celle d'Harald Szeemann Quand les attitudes deviennent forme en 1969 puis la Documenta V de Cassel en 1972. Parallèlement émerge la pratique désignée body work, évoquée par l'artiste et critique Willoughby Chaps dans la revue Avalanche en 1970 , dans laquelle les artistes tels que Vito Acconci ou Carolee Schneemann vont jusqu'à un engagement corporel de leur démarche artistique. Ce renouveau du questionnement de l'identité d'artiste est également concomitant de l'avènement des gender studies développées dans les domaines de la sociologie et de la psychologie puis de l'histoire de l'art avec des chercheures comme Judith Butler et Griselda Pollock. Leurs études permettent une meilleure compréhension des interrogations sur le sexe et le genre qui réapparaissent chez les artistes des années 1990. Au-delà de cet héritage, ces artistes se forgent également une identité dans le contexte de ce que Carolyn Jones a qualifié de Biennale Culture depuis les années 1980, qui s'intéresse à la mobilité des artistes contemporains mêlant l'influence de leurs racines, de leur identité nationale et de leur expérience à l'étranger et qui deviennent des artistes « cosmopolites », à la fois humanistes et universels, d'après le terme du XVIIIème siècle.
[...] Cameron, Périls et Colères, Bordeaux, Musée d'art contemporain M. Gioni, Matthew Barney, Milan, Electa A. Jones, Presence in Abstentia: Experiencing Performance as Documentation in Art Journal, vol Hiver 1997, p.11-18. A. Mahon, Eroticism and Art, New York, Oxford University Press p. 279-281. T. Picard, L'art total: grandeur et misère d'une utopie, Rennes, Presses Universitaires de Rennes K. Seward, “Matthew Barney and Beyond”, in Parkett p.58-60. [...]
[...] [7]M. Gioni, Matthew Barney, Milan, Electa [8]N. Bryson, “Matthew Barney's Gonadotropic Cavalcade”, in Parkett p. 28-35. [9]K. Seward, “Matthew Barney and Beyond”, in Parkett p.58-60. FIELD DRESSING (orifill) Cremaster 1 (1995): Marti Domination as Good Year. Cremaster 3 (2002): Richard Serra Splashing, Hiram Habiff, Norman Mailer/ Harry Houdini. Drawing Restraint Shimenawa (2005). [...]
[...] Comme le souligne Norman Bryson[8] les sujets tels que la mutation génétique, l'eugénisme, le contrôle total, le culte du corps ne sont pas sans rappeler dans une tension de malaise les thématiques l'art nazi et les films de Leni Riefenstahl. Mais l'oeuvre de Barney comporte également une autre facette, celle de la déliquescence à la fois dans les personnages surréalistes dans l'utilisation de matières collantes, visqueuses apparentées à l'iconographie des fluides[9] qui malgré un certain dégoût participent à la fascination et à l'humour émanant de l'oeuvre de Matthew Barney. Bibliographie H. Brod, “Masculinity as Masquerade”, in the Masculine Masquerade, Cambridge, MIT Press N. Bryson, “Matthew Barney's Gonadotropic Cavalcade”, in Parkett p. 28-35. D. [...]
[...] Le questionnement identitaire dans l'œuvre de Matthew Barney Lorsque Marcel Duchamp réalise son premier ready-made en 1913, il ne devait pas mesurer entièrement l'impact qu'aurait son geste sur les générations d'artistes qui allaient lui succéder. Cette remise en cause de la notion même d'auteur du statut d'artiste et par conséquent celui de créateur est certainement à l'origine de la volonté des artistes de réaffirmer leur identité. Mais cette réaffirmation s'opère à différents niveaux : religieux, politiques ou encore sexuels, et s'exprime à travers l'usage de multiples médias au sein de la génération d'artistes actuels dont fait partie Matthew Barney. [...]
[...] Spector, Performing the body in the 1970's in Rose is a rose is a rose: Gender performance in Photography, New York, Guggenheim Museum Publications N. Spector, “Only the Perverse Fantasy can still save in Matthew Barney: the Cremaster Cycle, New York, Guggenheim Museum Publications p. 3-91. G. Zapperi, Matthew Barney : système de production in Pratiques : réflexions sur l'art Hiver 2006, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, p. 53-68. N. Spector, Performing the body in the 1970's in Rose is a rose is a rose: Gender performance in Photography, New York, Guggenheim Museum Publications [2]G. [...]
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