En 1648 est créée l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture qui forme les artistes de l'Etat et de la Monarchie. Au XVIIIe siècle, se forment de nouveaux publics, plus larges, plus variés et plus critiques et donc de nouveaux clients. Qui sont-ils et qu'attendent-ils ?
Les artistes de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture ont pour obligation d'exposer leurs oeuvres, de les montrer à un public, façon de se faire connaître, d'afficher le prestige de l'Académie, et de vendre. Même si les artistes sont réticents à cette idée, les expositions deviendront régulières, à partir de 1737, au Salon Carré du Louvre, qui ont lieu tous les deux ans et dont l'ouverture se fait le 25 août, jour de la Saint Louis. Ces expositions sont gratuites et ouvertes à tous, et si on ne peut connaître le nombre de visiteurs, on peut l'évaluer grâce à la vente des livrets dont des registres étaient tenus. En effet, étaient publiés des livrets à chaque exposition qui expliquaient les oeuvres. Sachant que tout le monde n'en achetait pas et supposant qu'une personne sur trois en achetait un, on a estimé pour l'année 1787 qu'un dixième de la population parisienne avait visité l'exposition de l'Académie. Nous savons bien sûr qu'en majorité la population la plus aisée, intéressée ou cultivée venait au Salon, le plus souvent elle seule amatrice d'art. Au Salon se donnaient rendez-vous les artistes et académiciens, la noblesse et la bourgeoisie, les amateurs, collectionneurs, potentiels acheteurs et les critiques d'art. Ces derniers se faisaient discrets, n'écrivant pas devant l'oeuvre elle-même. Le premier d'entre eux est Etienne de la Font de Saint-Yenne qui, en 1747, publie une critique virulente sur le Salon de 1746, qui sera censurée, comme la plupart des autres critiques publiées. Il lance un appel au retour et au ressaisissement de la peinture d'histoire, la peinture de « grand genre », accusant les artistes de ne pas être assez cultivés, les amateurs de ne commander que des peintures de petits formats qui ne sont pas historiques et qui ne valorisent pas les grands hommes et les actes héroïques, seule peinture digne d'instruire, de charmer l'oeil et d'élever l'esprit (...)
[...] On attend à ce que le peuple soit éduqué par les œuvres et dans les idées nouvelles du siècle, éduqué à la citoyenneté. Le public se fait alors plus critique et se développe l'idée d'opinion publique. Cette opinion est lisible dans les revues amenant à une nouvelle conception de l'art et donc à de nouvelles attentes, formant des nouveaux clients. [...]
[...] Il écrira aussi de la Raie dépouillée (comme il l'appelle),la même année L'objet est dégoûtant ; mais c'est la chair même du poisson. C'est la peau. C'est son sang Diderot écrivait pour les potentiels acheteurs et collectionneurs, amateurs d'art qui constituaient la clientèle, le public de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture. Ce sont en effet les particuliers qui constituent une importante part du public et de la clientèle des artistes de l'Académie Royale. Amateurs et collectionneurs y consacrent parfois leur vie et leur fortune. Nous en avons des exemples avec Mariette, son ami le comte de Caylus ou Pierre Crozat. [...]
[...] Pour cela, les plus grands artistes du moment sont à l'œuvre : Boucher, Natoire, Van Loo, Restout. L'art rocaille et le rococo sont alors populaires auprès du public et des commanditaires. En effet, la place n'étant pas laissée à de grandes compositions d'histoire, ce sont des œuvres à sujets mythologiques et gracieux qui sont peints, dans de petits compartiments, conjuguées au décor rocaille et aux boiseries or sur fond blanc. Ces œuvres sont adaptées à des espaces plus intimes et des pièces particulières. [...]
[...] Pour cela, il passa régulièrement des commandes, augmenta le prix des peintures d'histoire et le budget de l'Académie et engagea d'autres actions salutaires à L'Académie et à ses artistes, au nom de l'Etat et du Roi. Au XVIIIe siècle, siècle des Lumières, le public de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture est plus large et plus varié. On veut que tous puissent accéder aux œuvres, ce qui lancera l'idée de la création d'un museum, ce qui va de pair avec les idées des Lumières et l'importance de l'éducation, point important attendu dans une œuvre. [...]
[...] Se créent alors de nouveaux métiers comme expert ou conseiller. La plupart des collectionneurs ouvriront leurs collections à quelques privilégiés et publieront des catalogues. La majorité des collections sont constituées de maîtres italiens, flamands ou hollandais, et c'est progressivement que l'on s'intéresse de plus en plus en la peinture française, la peinture nationale. Mais les particuliers ne sont plus seulement collectionneurs, ils sont aussi d'importants commanditaires, à des moments où l'Etat paye moins rapidement et où même parfois il ne le peut pas. [...]
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