L'intrigue théâtrale, par définition, repose sur un conflit, une tension qui, pour être résolue, nécessite une progression nette, puisque toute pièce est un itinéraire qui mène les personnages et le public de l'exposition d'une querelle à la résolution – heureuse ou tragique – de celle-ci. Un dramaturge peut-il faire appel à un objet, à des gestes, aux éléments du décor, par exemple ?
[...] Ainsi, le genre dramatique se nourrit de tout ce qui peut s'intégrer dans son esthétique. Pour libérer le spectateur de ses passions, l'auteur de tragédies retrouve les procédés utilisés par l'auteur de comédies, dont l'ambition est de corriger les mœurs par le rire, ou ceux des auteurs de drames, qui veulent représenter le réel. Cet art particulier qu'est le théâtre réunit texte et représentation. Il peut donc s'appuyer, pour organiser la progression des intrigues, sur tous les éléments qui le constituent : discours, gestes, objets, décors, lumières, musiques peuvent servir le cheminement de l'action. [...]
[...] Transition Les intrigues dramatiques reposent sur des éléments matériels. Cependant, avant le XIXe siècle, en France, les classiques refusaient souvent ces éléments ; d'autres étaient utilisés, et peuvent l'être encore. II- Mais elle peut également être fondée sur des éléments scénographiques 1. Le décor peut être essentiel Le décor peut constituer un moyen intéressant pour donner une dynamique à une pièce. La première scène du Mariage de Figaro nous place dans la future chambre nuptiale, au carrefour des deux appartements nobles ; la fin s'achève dans le jardin et entre des pavillons qui ouvrent d'innombrables possibilités de malentendus et de quiproquos. [...]
[...] Puisque toute pièce est un itinéraire qui mène personnages et public de l'exposition d'une querelle à la résolution heureuse ou tragique de celle-ci, un dramaturge peut-il faire appel à un objet, à des gestes, aux éléments du décor, par exemple ? Après avoir montré que le cheminement dramatique se fonde souvent sur des ingrédients matériels, nous verrons qu'il s'appuie également sur la scénographie. En fait, nous nous demanderons si le théâtre ne repose pas, en réalité, sur une utilisation habile de tous les procédés susceptibles de faciliter la résolution du conflit, la catharsis tragique ou la correction comique. La progression dramatique repose sur un objet 1. Un objet peut être à l'origine de l'intrigue Il arrive qu'un objet lance l'intrigue. [...]
[...] Ainsi, les jeux de lumière et les disparitions successives des objets dépouillent peu à peu le protagoniste de la pièce de Ionesco Le Roi se meurt. Dans Dom Juan, les jeux succèdent la statue animée du Commandeur, puis les flammes de l'enfer qui consument finalement le libertin. La progression est ici très nette : de l'annonce d'un destin qui pourrait être modifié, on passe à la condamnation Transition Les éléments scénographiques sont donc essentiels dans l'intrigue, mais, en fait, tous les constituants dramatiques sont utilisables. III- La progression dramatique se nourrit de tous les éléments dramatiques 1. [...]
[...] Sans lui, la jalousie d'Othello n'aurait aucun point d'appui, et la tragédie ne pourrait débuter. L'objet peut également contribuer à donner un point d'ancrage à une action dont les étapes peuvent apparaître obscures : l'arbre de En attendant Godot permet à Beckett de donner un cadre temporel à son action Ou en orienter la progression Les éléments concrets permettent souvent aux dramaturges d'orienter leur action. La lettre dictée par Araminte à Dorante dans Les Fausses confidences permet à Marivaux de donner une nouvelle impulsion à son œuvre. [...]
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