Les récits mythologiques, forme primordiale et intuitive de la connaissance, remontent à l'aube de l'histoire des peuples. Les phénomènes de la nature et de la vie y sont décrits, animés et personnifiés au gré de l'imagination des Anciens, qui ont ainsi exprimé leur conception du monde et fixé les origines de leurs traditions et de leur histoire. Transmises de façon orale, ces légendes se sont modifiées et enrichies au cours des siècles, jusqu'à devenir ce précieux patrimoine intellectuel propre à chaque civilisation. La culture occidentale a hérité du corpus mythologique de la civilisation grecque, qui interprétait de tels phénomènes dans un sens animiste et anthropomorphique. Un récit fait de dieux, de créatures divines, de héros et de descentes dans l'au-delà : ainsi Platon définit-il le « mythos ». Cet ensemble de légendes fantastiques a tout naturellement trouvé sa place dans la poésie, la littérature et les beaux-arts. Au cours du Moyen-Age, ni les invasions barbares, ni la religion chrétienne n'ont suffi à faire table rase de l'Antiquité païenne, qui a survécu au prix d'une adaptation de ses représentations et de sa symbolique. La Renaissance a marqué un tournant dans le regard porté sur la civilisation classique : elle a été réhabilitée, et même proposée comme modèle des valeurs humaines les plus élevées. Les tableaux et les grandes fresques de cette époque, puis de la période baroque, firent une large place à la mythologie, sur les murs et plafonds des palais. Des traités de mythologie virent le jour, utilisés par les peintres pour élaborer des cycles de fresques ou de toiles dont l'objectif était souvent moral ou didactique, quand elles ne servaient pas à faire l'éloge de leur commanditaire. Dans ce contexte de Haute-Renaissance et du XVIIème siècle italien, comment faut-il comprendre le renouveau de ces thèmes mythologiques ? Devons-nous y voir une influence humaniste, une simple volonté de diversifier les thèmes ou bien encore une conséquence de facteurs politiques ou religieux ?
[...] La plus célèbre contribution du Bernin à ce genre fut son Apollon et Daphné dont il commença l'exécution pour le cardinal Borghèse en 1622. Ici encore, le génie du Bernin consista à mettre en œuvre son extraordinaire technique au bénéfice d'un épisode rarement tenté par les artistes précédents : l'instant où la nymphe Daphné est sauvée des assiduités d'Apollon, qu'elle refuse, par sa métamorphose en laurier. Le traitement de ce thème phare de la mythologie qu'est le rapt trouve ici une expression extraordinairement achevée. [...]
[...] De la même façon, la voûte de la Galerie Farnèse des années 1595 à 1600 d'Hannibal Carrache retrace l'histoire des amours des dieux selon le poète latin Ovide. Ce choix mythologique, associé au parti de peindre clair, contraste fortement avec les thèmes et la manière de peindre qu'adopte à la même époque Caravage. Il révèle un parti-pris esthétique dont s'inspireront les peintres classiques, mais il s'accorde aussi aux circonstances de la commande, faite à l'occasion du mariage de Ranuccio Farnèse avec Margherita Aldobrandino. L'art éphémère lui-même s'attacha à la mythologie. [...]
[...] Au XVIIème siècle, la fable devient fréquente dans des décors à fresques de palais ou de villas. On la rencontre à la Farnésine, à Rome, vers 1517, dans la loggia de Psyché, réalisée d'après les dessins de Raphaël et de Julio Romano par ce dernier et quelques autres, avec une insistance sur la puissance de l'amour, la beauté des corps, l'idéal d'abondance et de fertilité. On a pu y voir une allusion à la vie amoureuse et conjugale du commanditaire, le célèbre banquier Agostino Chigi qui aimait une femme d'origine modeste, placée sous le patronage de Psyché et de Cupidon. [...]
[...] Leurs thèmes variaient selon la saison mais figuraient fréquemment des groupes mythologiques puisque ici comme ailleurs, la mythologie est alors un sujet d'inspiration majeure dans lequel les artistes voient l'occasion de renouveler les grands thèmes artistiques. Ainsi l'art évolue-t-il grâce au travail des artistes qui développent les techniques et qui, par leurs prouesses, parviennent à donner un caractère nouveau à des thèmes pourtant anciens. Mais, cette caractéristique n'est pas exclusivement due aux peintres ou sculpteurs. Sans doute devons-nous y voir une conséquence logique d'événements politiques ou religieux importants du XVIème siècle. Le triomphe d'Hercule sur le fils de Vulcain faisait partie de la symbolique politique de la commune de Florence. [...]
[...] Ce thème a fortement influencé l'art de l'époque par le biais des commanditaires. L'Hercule et Cacus de Baccio Bandinelli des années 1524 à 1534 qui se trouve à Florence, place de la Seigneurie, témoigne de cette influence de la politique sur le choix artistique du thème mythologique. Cosme Ier de Médicis lui-même s'est fait représenter par Bronzino sous les traits d'Orphée. Au même moment, le pouvoir religieux réuni à Trente en concile œcuménique édicte un décret sur le rôle de l'art dans la piété personnelle des Chrétiens. [...]
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