La Prédication de saint Paul à Ephèse ou Saint Paul à Ephèse est une huile sur toile peinte par Eustache Le Sueur en 1649, comme l'attestent à la fois la signature de l'artiste en bas à droite du tableau mais aussi la date qui figure à côté. C'est un tableau d'autel de 394 centimètres de hauteur pour 328 de largeur, des dimensions plutôt larges pour un artiste qui était habitué à des œuvres plus modestes, notamment dans le cadre d'un important travail de décorateur. Cette œuvre fut commandée par la corporation des orfèvres de Paris qui offrait traditionnellement tous les premiers mai un tableau à Notre-Dame de Paris. Comme tous les Mays (les tableaux offerts dans ce contexte), il était destiné à une certaine ostentation, ce qui explique qu'il fut exposé dès les premiers jours du moi de mai 1649 dans les lieux les plus centraux et les plus symboliques de la cathédrale (devant le portail puis devant l'autel de la Vierge) avant de remplir sa fonction d'ornementation des piliers de la nef du bâtiment comme le stipulait l'accord entre la cathédrale et la corporation. Le tableau resta propriété de Notre-Dame de Paris jusqu'en 1793, date à laquelle il fut l'objet d'une saisie révolutionnaire. Il fut ensuite entreposé au couvent des Petits Augustins, à Paris, avant d'être acquis une première fois par le Louvre en 1855 puis par le musée Napoléon. Rendu à Notre-Dame en 1947 (où se trouvent toujours exposés quelques Mays), il vînt définitivement enrichir les collections du Louvre au début des années 1980 sous le numéro d'inventaire 8020.
[...] C'est en fait ce que représente la Prédication de saint Paul à Ephèse dans la peinture française à l'époque moderne : le classicisme. En arrivant au sommet de sa période raphaélique dans cette œuvre tout en y ajoutant les leçons de maîtres nationaux tels Vouet ou Poussin, Eustache Le Sueur devenait pour la postérité le fondateur d'un art classique typiquement français. Un titre que confirme en partie sa participation, l'année précédant ce May, à la création de l'Académie royale de peinture, treize années après celle de l'Académie française, mais que remettra en question sa dernière période artistique, beaucoup plus éloignée des principes du maître italien du début du XVIème siècle. [...]
[...] L'observation de la composition du tableau révèle donc une grande élaboration de par la diversité des scènes et des attitudes représentées, la multiplicité des personnages, l'abondance des indications thématiques ou encore le cadre architecturé complexe dans lequel s'inscrit la scène. Pourtant, cette œuvre n'en est pas moins claire : la force du prêche auprès des Ephésiens est clairement ressentie par le spectateur. Eustache Le Sueur employa donc ici tout son art au service d'une lisibilité qui permet de surmonter la complexité de la composition. Plusieurs éléments furent ainsi utilisés par le peintre dans ce but. [...]
[...] Mais Raphaël n'a pas fait qu'inspirer Le Sueur sur la question de saint Paul, dans ce tableau : des figures entières de certains personnages apparaissent comme directement reprises de l'œuvre du maître italien, comme celle de l'homme qui écrit à la droite de saint Paul (qui reprend l'occupation et la posture de Pythagore dans L'école d'Athènes) ou encore celle du vieillard courbé sur la droite (posture visible dans la Prédication de saint Paul à Athènes). La touche de Raphaël se retrouve enfin également dans l'importance qu'accorde Le Sueur, dans sa composition, aux gestes des personnages ainsi qu'au décor architecturé, considéré comme une sorte de scène de théâtre servant l'unité de l'action. [...]
[...] Il convient tout d'abord de mettre en évidence la volonté du peintre de présenter au spectateur une représentation élaborée d'un thème issu du Nouveau Testament et plus particulièrement des Actes des Apôtres. Il s'agit en effet pour Le Sueur d'illustrer la prédication de saint Paul dans la cité grecque d'Ephèse, dont la Bible nous fait état au chapitre XIX, verset 19 du livre des Actes des apôtres : Beaucoup de ceux qui étaient devenus croyants venaient faire leurs aveux et dévoiler leurs pratiques. [...]
[...] Par ailleurs, l'utilisation de la couleur est entièrement au service de cet effort de lisibilité. Par la douceur de ses tons, en effet, qui est en grande partie assurée par une lumière douce et assez diffuse venant de la gauche (qui finalement n'éclaire ni n'assombrit particulièrement aucun protagoniste mis à part très peu le groupe situé directement à la droite de saint Paul), la gamme chromatique n'entrave aucunement la circulation du regard, si nécessaire à une œuvre d'une telle complexité de composition. [...]
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