Le portrait du Prince : un instrument du pouvoir (France-Italie, XIVème-XVIème)

Thèmes abordés

Portrait, Prince, instrument, pouvoir, France, Italie, XIV, ème, XVI, siècle

Résumé du document

« Le secret dans le portrait est d'augmenter le beau et donner du grand, diminuer ce qui est laid ou petit ou le supprimer quand cela se peut sans intérêt de la complaisance ». Cette citation de Le Benin nous donne un indice de la représentation du prince par le portrait. En effet, selon Le Benin cette image du Prince n'est pas nécessairement réelle ce qui sous entend une intention particulière à cette représentation. On entend le terme portrait comme la description d'une personne qui peut être fictive ou réelle. Cette représentation peut être picturale, littéraire, sculpturale, monumentale, numismatique. Et les documents joints au sujet confirment la prise en compte de ces différents supports. Quant au Prince, il s'agit d'une personne qui détient une souveraineté personnelle, qui règne sur un territoire. Princeps signifie le premier, c'est celui qui détient le pouvoir souverain, c'est-à-dire l'auctoritas. Et cette primauté lui confère le droit de gouverner : la potestas. On prendra en compte le roi de France, les princes détenteurs de fiefs (qu'à partir du XVIème avec François Ier que ces territoires sont rattachés au royaume de France), mais aussi le royaume pontifical, les ducs et marquis qui sont à la tête des principautés italiennes ou encore quelques femmes influentes telles que Isabelle d'Este. Les bornes chronologiques du sujet vont du XIVème au XVIème siècle. On arrêtera notre étude à François Ier, période qui apparait comme une rupture : il y a un renversement entre l'influence italienne et française. Le portrait du Prince est toujours plus spectaculaire, et le pouvoir du prince devient plus absolutiste. Le portrait du Prince peut être réel, mais peut aussi comporter des symboles, être modifié et comme le sous entend Le Benin, le portrait du Prince sous entend des intentions particulières de la part de ce dernier.

Extraits

[...] Le portrait du Prince est toujours plus spectaculaire, et le pouvoir du prince devient plus absolutiste. Le portrait du Prince peut être réel, mais peut aussi comporter des symboles, être modifié et comme le sous entend Le Benin, le portrait du Prince sous entend des intentions particulières de la part de ce dernier. Dans ce contexte, une question essentielle se pose : Dans quelles mesures le Prince utilise l'art comme stratégie culturelle, comme un instrument politique ? Pour y répondre, on verra que le portrait du Prince est une image plus politique qu'artistique, par le portrait, le prince cherche à diffuser son image, puis que ce portrait est un message qui véhicule un contenu, qui est émis par un émetteur et destiné à un récepteur et ce dans le cadre d'une structure en évolution : le mécénat. [...]

[...] Le portrait du Prince est fait pour être diffusé. Le Prince cherche à légitimer son pouvoir aux autres Princes mais aussi à son peuple. Dans un contexte de concurrence entre les Princes, légitimer son pouvoir est essentiel. On peut prendre l'exemple des Papes. Ces derniers lorsqu'ils s'installent à Avignon en 1309, cette installation est vivement critiquée. Ainsi, ils lancent la construction d'un Palais, et par là légitiment leur présence à Avignon. La cour d'Anjou et de Bourgogne sont aux XVème siècle des cours très influentes. [...]

[...] L'empereur est censé être souverain en Italie, mais il ne s'en occupe guère. Ainsi, des seigneurs s'approprient le pouvoir. Il s'agit de la république de Florence, de Venise, le royaume pontifical, de Naples, duché de Milan et de Ferrare. Et le XIVème est marqué par des rivalités entre ces différentes seigneuries. La paix de Lodi en 1454 marque un certain équilibre mais il existe toujours une certaine concurrence entre les cours, et une volonté de légitimer le pouvoir. Car en effet, ce contexte politique, en France comme en Italie, du XIVème au XVIème siècle est un contexte de légitimation du pouvoir. [...]

[...] En outre, l'exaltation du Prince par le tombeau est un moyen également de montrer cette image de Prince chrétien et pieux. On voit également de plus en plus, la représentation du Prince à genoux, en prière. C'est le cas d'Anne de Bretagne, épouse de Charles VIII et Louis XII dans Les grandes heures d'Anne de Bretagne réalisé par Jean Bourdichon. Anne de Bretagne est représentée en prière avec le livre d'or devant elle et accompagnée de ses Saintes Patronnes. De plus, le Prince est un prince guerrier, mais surtout, un prince victorieux. [...]

[...] Et le portrait du/ Prince se fait en lien avec ces idées. Côme l'Ancien est représenté sur la voûte de son palais ducal en empereur romain. Ce qui symbolise sa puissance, son pouvoir, et ce avec une inspiration antique. De surcroît, le contexte politique des XIVème, XVème et XVIème siècle est un enjeu, et non des moindres, dans la représentation du Prince. Notons d'abord que le royaume de France jusqu'au XVIème siècle n'est pas uniforme. Il existe des Seigneurs, détenteurs de fiefs qui s'approprient une certaine autonomie sur leur territoire. [...]