L'art produit en Europe du Nord au XVème siècle était dans ses origines et dans sa fonction essentiellement religieux. Il répondait aux besoins d'une population laïque de plus en plus prospère et indépendante, et, en tant que tel, ne présentait pas toujours un message chrétien très officiel. La présence de donateurs, d'objets ou d'idées qui leur étaient chers lui donne souvent une saveur unique. Il avait néanmoins dans son propos religieux une forte homogénéité, qui fut transformé de manière radicale au XVIème siècle. Les satisfactions séculières passent au premier plan ; les portraits, les paysages, les natures mortes, les scènes de genres artistiques indépendants (...)
[...] La nature morte était un élément décoratif, comme tant d'autre, que les peintres aimaient à ajouter à leurs œuvres pour la rendre plus riche. Peut être est-ce l'abondance de ces éléments décoratif qui empêcha la nature morte de devenir une entité indépendante. Les natures mortes étaient souvent présentes à titre de motif symbolique dans les intérieurs sacrés des primitifs au XV ème siècle, par exemple le bouquet de lys blanc dans un vase symbolise la virginité, la pureté de la Vierge dans le triptyque de l'Annonciation12 de Robert Campin. [...]
[...] L'art du paysage au XV ème siècle était souvent très artificiel comme le montre par exemple Hans Memling avec Les Scènes de la vie de la Vierge et du Christ Néanmoins on trouve aussi des exemples de réalisme descriptif d'une grande qualité comme avec les frères Limbourg qui prirent la peine de de situer le combat de Michel contre le dragon au dessus de l'un des principaux édifices consacrés au saint en Europe du Nord, le Mont- Saint-Michel. Enguerrand Quarton fit lui aussi preuve d'un réalisme descriptif d'une étrange exactitude avec la montagne Sainte Victoire dans son Couronnement de la Vierge6. L'un des paysages les plus éloquents du XV ème siècle en Europe du Nord est celui de la Pêche miraculeuse7 de Konrad Witz, peinte pour la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Ici, les apôtres pêchent sur le lac Léman, avant que le Christ ne marche sur les eaux. [...]
[...] Il est cependant difficile de considérer les tableaux de Patinir comme des oeuvres profanes , car ils comportent toujours un récit avec un ou plusieurs personnages religieux, si petits soient-ils comme par exemple avec Le paysage avec saint Jérôme D'une certaine façon, ils ressemblent à la Pêche miraculeuse de Witz, ou le paysage était adapté aux éléments religieux. Le style et la conception des paysages de Patinir eurent une grande influence sur les artistes flamands du XVI ème siècle. On verra alors se développer le paysage comme un sujet se suffisant à lui même. [...]
[...] Le modèle est placé devant une arcade donnant sur un paysage. Ce procédé se rencontre dans la peinture flamande tout au long du XV ème siècle, devenant une pratique courante pour les portraits dans la dernière partie du siècle. Massys fait également allusion à la tradition eyckienne en plaçant les lunettes de l'homme au dessus d'une page de son livre, peignant ainsi, de façon virtuose, divers effets de lumière et de distorsion optique subtils et changeants. Mais nulle, part au XV ème siècle, on ne trouve de modèle pour le geste instantané du lettré et son expression étrange, légèrement agacée. [...]
[...] Le XVI ème siècle donne là encore une orientation particulière à cette question de l'exactitude géographique. Vers la fin de la première décennie de ce siècle, Gerard David peint un triptyque de la Nativité9 qui une fois ouvert, est d'apparence tout à fait traditionnelle. Toutefois l'extérieur à quelque chose d'entièrement neuf. On est tenté de qualifier ces volets extérieurs de pur paysage. Pour David le paysage est devenu le fil conducteur, l'élément qui fait entrer le spectateur communion avec le divin. [...]
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