Le portrait de Monsieur Bertin - Jean-Auguste Dominique Ingres

Résumé du document

L'oeuvre qui nous intéresse est le portrait de Monsieur Bertin. C'est une huile sur toile de 116 x 96 cm, réalisée par Jean-Auguste Dominique Ingres, et ce, sur commande, en 1832. Elle est exposée au Salon de 1833, avec un autre portrait, celui d'une femme, datant de 1807, le portrait de Madame Duvaucey.
Le portrait de Monsieur Bertin entre dans les collections du Musée du Louvre en 1897, où l'on peut toujours la voir.
Jean-Auguste Dominique Ingres est né en août 1780, à Montauban, et meurt à Paris en 1867. Il entre en 1791 à l'académie de Toulouse, et est l'élève de Jacques-Louis David, chef de file du néo-classicisme. Sa formation est marquée par les leçons de ce dernier et par ses séjours romains.
Ingres a toujours voulu être « un peintre d'histoire et non un dessinateur de bourgeois », pour reprendre son expression. Néanmoins, son succès est d'abord lié à ses portraits. Ils ont d'abord été, pour lui, un moyen de subsistance. À son retour de Florence, en 1824, il travaille comme portraitiste pour la haute société, durant sa « carrière dite parisienne ». Le portrait de Monsieur Bertin en est un des exemples.
À chaque fois qu'Ingres doit exécuter un portrait, il écrit à ses amis, dans quel désespoir il se trouve. En 1832, quand il accepte la demande du patron de presse, il se trouve dans le même désespoir. Et la petite histoire raconte que c'est le modèle lui-même qui devait consoler le peintre.

Extraits

[...] Son caractère indépendant, et ses recherches l'éloignent de certains principes néoclassiques. Nous pouvons donc nous demander dans quelle mesure, Jean-Auguste-Dominique Ingres, dépasse-t-il, avec cette œuvre, les cadres du néo-classicisme ? Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps, que ce portrait est celui d'un homme important, pour ensuite, voir que ce tableau est une œuvre néo-classique relative, pour finalement se pencher, sur le symbolisme de ce portrait. Le portrait d'un homme important. Qui est Monsieur Bertin ? [...]

[...] Pour de nombreux auteurs, il s'agit de l'oeuvre la plus réaliste d'Ingres. Quand on lit la genèse de l'oeuvre, Ingres aurait saisi son modèle, en pleine discussion, la chevelure en désordre. Il aurait peint, Monsieur Bertin comme il l'avait observé ce jour, chez lui. Le rendu des détails est minutieux, et même les imperfections du visage sont visibles. On peut voir dans ce réalisme, l'influence des peintres flamands du 15ème et 16ème siècle. Ils prônent la vérité des formes et des matières, et le respect des détails. [...]

[...] Ce dernier est traité de façon asymétrique. Dans la partie de gauche, l'oeil est fixe, et la lèvre tombante, alors que dans la partie de droite, le sourcil est relevé et la lèvre neutre. Ces détails semblent animer le portrait. Par ce réalisme et ce mouvement, Ingres rompt avec la recherche de bel idéal académique. Et ce rendu fidèle et sans concession du modèle, s'accompagne comme souvent chez Ingres, de déformations anatomiques. Les mains sont en effet démesurées, voire surdimensionnées. [...]

[...] Quand Ingres peint Monsieur Bertin, il a 66 ans. L'homme qui passe commande au peintre est un patron de presse important au sommet de sa carrière. Louis- François Bertin, dit Bertin l'Aîné, né en 1766, à Paris, où il meurt également en 1841. Partisan de la Révolution de 1789, et du changement, il ne se convertit à la monarchie constitutionnelle qu'après les massacres de la Terreur, et les dérives de Robespierre. Sa carrière de patron de presse commence en 1799, lorsqu'il achète, avec son frère, le Journal des Débats politiques et littéraires. [...]

[...] Ils sont soulignés par le blanc des revers des manches pour les mains, et par le col de la chemise pour la tête. L'attention se porte ainsi sur ses deux éléments. La première diagonale est amorcée par la main droite, et la seconde est désaxée, au-dessus de l'épaule gauche. Les lignes de force font de la tête du modèle, le point focal de l'oeuvre. La palette de couleurs est resserrée, un camaïeu de gris et de brun, pour l'essentiel. La seule touche de couleur vient du rouge du fauteuil. [...]