L'époque romane développe un programme iconographique impressionnant dans ses édifices, notamment sur les façades des églises ou cathédrales qui deviennent monumentales. L'emploi du trumeau, une des plus grandes innovations en ce qui concerne les portails, confère une monumentalité au tympan qui gagne en diamètre : celui-ci offre alors un espace considérable pour le développement de la sculpture qui peut pleinement se déployer.
Le tympan de la cathédrale Saint Lazare d'Autun, sculpté par un artiste prénommé Gislebertus - un des rares artistes ayant signé son œuvre - illustre parfaitement ce phénomène. Nous analyserons donc la place qu'occupent les sculptures du portail dans la sculpture romane et l'apport de Gislebertus.
[...] PRESENTATION DE L'ŒUVRE Le portail de Saint Lazare d'Autun se trouve sur la façade occidentale de la cathédrale. Technique, matériau, dimensions et inscriptions Le tympan est sculpté en ce qui concerne la plupart des figures en haut relief ou en ronde bosse. Le relief a une profondeur de 25 centimètres. Les personnages du linteau, de taille moins importante présentent un relief avoisinant les 12 centimètres. L'ensemble du portail est en pierre calcaire assez blanche et demi dure qui ne provient pas des carrières locales. [...]
[...] Cet axe est non seulement vertical, mais aussi symétrique. La symétrie articule alors la scène et les oppositions entre les deux mondes. Cette impression de symétrie est visible, non seulement de par la position des registres, opposés, excepté pour le registre supérieur du tympan, mais surtout par la position du Christ au centre. Ses mains, tendues d'une façon identique d'un côté et de l'autre de la scène en signe de sentence, suggèrent habilement cette symétrie, de même que l'identique position qu'adopte les anges supportant la mandorle. [...]
[...] D'ailleurs, les réprouvés, de par leur attitude crispée et ramassé apparaissent encore plus petits que les élus. Ces différences de proportion montrent que Gislebertus a voulu aborder ce thème d'un point de vue surnaturel et non pas humain : elles permettent de donner un effet spirituel à la scène ainsi qu'une perspective monumentale. Les personnages sont d'ailleurs particulièrement bien représentés. Gislebertus a fait preuve d'une réelle habilité en ce qui concerne le rendu des expressions. Celles-ci sont extrêmement vivaces, en particulier pour le désespoir et la frayeur ressentie chez les damnés mais aussi bien pour la joie, l'espoir et la contemplation, la crainte de na pas être sauvé chez les élus. [...]
[...] Son trône présente une triple rangée d'arcades. La mandorle est soutenue par quatre anges, deux en partie supérieures représentées la tête en bas et les ailes déployées en attitude de vol, visible également par la position qu'adoptent leurs jambes. Les deux autres anges en partie inférieure ont les pieds fixés au sol, leurs ailes déployées et une de leur main est élevée afin de supporter au mieux le poids de la mandorle. Ces anges sont nimbés et portent comme le Christ une longue tunique ceinte à la taille. [...]
[...] Les formes compactes de Conques s'opposent aux corps longilignes et gracieux d'Autun. Il s'agit d'un travail plus abouti. Mais le style de Gislebertus semble avoir eu un écho sur le maître de Saulieu où les chapiteaux sculptés reprennent les mêmes thèmes que ceux de Saint Lazare, dont entre autre, la fuite en Égypte, Balaam, la pendaison de Judas, la tentation du Christ, ainsi que des similitudes stylistiques. CONCLUSION Le portail sculpté de Saint Lazare d'Autun apportera un rayonnement considérable en ce qui concerne la sculpture monumentale romane, aussi bien en Bourgogne qui participe à son élaboration, qu'à une échelle plus importante, et ce, grâce au génie de Gislebertus dont le style est totalement personnel. [...]
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