Jean-Léon Gérôme, né à Vésoul en Haute-Saône en 1824 et mort à Paris en 1904, était un peintre et sculpteur français. Gérôme est un artiste emblématique du mouvement orientaliste. Il sera Président d'honneur de la Société des Peintres Orientalistes, dès sa création en 1893. Néanmoins, ce tableau ne relève pas exactement de l'orientalisme, puisqu'il renvoie à l'histoire mythique de la Grèce antique.
Ce tableau présenté au salon de 1861 a remporté un grand succès à tous les points de vue : il a été admiré et il a fait scandale. Il est donc, dans une certaine mesure (...)
[...] Il est donc, dans une certaine mesure, significatif des questionnements artistiques du XIX° siècle. Dans un premer temps, nous ferons une présentation formelle de l'oeuvre, puis nous nous interesserons à son histoire, par la suite nous reflechirons sur cette oeuvre de transition, enfin, nous aborderons le discours de l'art pour l'art. I. Présentation formelle de l'oeuvre Une jeune fille nue se voile la face. Nous pouvons faire l'hypothèse qu'elle a été dévêtue par l'homme derrière elle et qui tient encore son voile. [...]
[...] Or, si nous revenons à l'herméneutique du sujet, l'ambiguïté de l'œuvre se renforce. Le spectacle de la beauté de Phryné n'est pas que pour les Héliastes, il est aussi pour nous. Nous aussi nous la découvrons et nous aussi nous la contemplons. Nous sommes le vieillard de plus, celui qui se situe face à la scène, dans le contre champ. Nous sommes confrontés à la nudité de Phryné, comme les autres membres de l'aréopage. Le spectacle de cette nudité est bien le sujet du tableau. [...]
[...] On peut enfin constater sans trop de difficultés, grâce aux costumes et aux éléments du décor, qu'il s'agit d'une scène antique. Mais intégrant la dimension narrative nous pouvons complexifierl'interprétation de l'image. La construction en frise, caractéristique du néo-classicisme, nous induit à une lecture de gauche à droite, selon nos habitudes de lectures occidentales (Wölfflin a montré le rôle qu'elle a toujours joué dans l'organisation des tableaux). La scène se déroule en trois étapes: - Un homme dévêt la jeune fille. - Elle se cache le visage, marquant par ce geste sa pudeur outragée. [...]
[...] Accusée d'impiété, elle fut défendue par Hypéride devant le tribunal des Héliastes. À court d'arguments, il la dévêtit et s'adressa aux juges en disant : Comment une femme d'une telle beauté pourrait-elle se rendre coupable d'impiété ? Phryné fut acquittée. Maintenant que nous connaissons l'histoire, les épisodes signalés plus haut se précisent indiscutablement : nous assistons au moment décisif où Hypéride, avocat de Phryné, à courts d'argument, la dévoile et par le spectacle de sa seule beauté, la fait acquitter. [...]
[...] En tant que modèle de Praxitèle, elle a incarné Aphrodite. Par le biais de l'art, elle s'est ou a été identifiée à la Déesse. En tant qu'incarnation d'Aphrodite matérialisée dans la statue de Praxitèle, elle incarne de ce fait le divin de l'art. Elle est à la fois incarnation de la Déesse et incarnation de l'art luimême. Mais Phryné ne peut être cela que pour autant qu'elle est nue parce que sa nudité mythique, celle de la Déesse, la porte au-delà de l'humain, de ses lois et de ses règles communes. [...]
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