Le public se rend au théâtre pour faire face aux mystères et conflits qui nous inquiètent. On peut aussi se souvenir de cette citation du Hamlet de Shakespeare « le théâtre est un miroir tendu à la nature : le spectateur, comme l'acteur, vient chercher une réponse, se construire une identité ». Le théâtre peut donc aussi avoir un effet cathartique, servant d'exutoire aux passions qui ne sont pas autorisées par la société. Il nous faut d'abord faire la part entre le théâtre versifié typique du XVII, et réservé aux tragédies et à quelques comédies sérieuses, et le théâtre en prose, qui trouve sa place au début du XIX, car les nouveaux auteurs se veulent proche de la réalité, accessible à un plus large public, de plus en plus voyeur. Ce sont ces genres qui vont définir le sujet, puisque les règles de la bienséance ont fortement évolué entre ces deux périodes. Nous allons donc nous interroger sur l'évolution de la perception du théâtre au cours des années, et sur son rôle dans notre société, pour savoir s'il faut être le plus réaliste possible, ou bien laisser libre cours à l'imagination du spectateur.
[...] Le spectateur n'est donc pas dupe, mais malgré tout, il se prend au jeu, et aime se laisser manipuler afin d'évader son esprit. Il lui faut quelque chose de nouveau, il ne souhaite plus être omnubilé par son train de vie quotidien. Ainsi, les alexandrins, tout poétiques qu'ils sont, permettent cette évasion, et apporte à l'assemblée douceur et mielosité. C'est dans cette mesure que Diderot se retournerait dans sa tombe, et que sa Mirmoza ne pourrait qu'acquiescer le dénouement ci- contre. [...]
[...] A travers les âges, l'Homme n'a pas toujours été au théâtre pour les mêmes raisons, ainsi dans la Grèce Antique, les pièces étaient surtout politiques, et rentraient dans la vie civique des athéniens. Pourquoi, si nous jouons déjà naturellement des rôles, nous sommes-nous mis à jouer du théâtre ? De façon générale, comme nous le rappelle Aristote dans La Poétique, nous réagissons différemment dans la vie, et face à une œuvre d'art. Un cadavre en décomposition nous horrifie, mais une nature morte nous ravit. [...]
[...] C'est au 17ème siècle qu'il faut trouver cet séparation : les tragédies étaient alors réservés à une élite proche du roi, très cultivé, et terriblement méprisante envers le Tiers-état : il ne fallait donc pas avoir l'impression de vivre quelque chose d' habituel ; le succès d'une pièce à l'époque découlait surtout de l'opinion du monarque. Par ailleurs, les alexandrins rajoutaient un peu de préciosité dans une pièce, mais ce courant artistique a été abandonné par la suite. Nous allons maintenant expliquer pourquoi la contre affirmation de ce qui est justifié ci-dessus pourrait apparaître aux yeux de certain comme un meilleur parti. [...]
[...] Lorsque Diderot, dans le Paradoxe sur le comédien, parle du théâtre classique comme d'un langage pompeux il nous signifie que, de son point de vue, le théâtre ne doit pas être envisagé comme un discours poétique. L'assemblé assiste à la représentation avant tout pour se divertir, reste à savoir si elle souhaite voir des scènes banales ou bien une tempête de sentiments qui s'enchaînent à un rythme effréné, pour aboutir à une apothéose magistrale ; même si finalement, il n'y a plus de rebondissement, chacun sachant malgré tout ce qu'il adviendra de chaque personnages dès le début de la pièce. [...]
[...] La forme de jeu appartient à l'auteur qui a écrit le texte et non pas aux acteurs. Une Bérénice qui parlerait en argot serait ridicule, tout comme un Topaze qui déclamerait des alexandrins durant sa leçon apparaîtrait fou ; pourtant, nous irions voir ses deux pièces avec autant de plaisir. [...]
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